Burn out par Saaluna

J’ai quitté le multi accueil il y a 5 ans : détruite. Je suis partie car j’ai fait un burnout. Je m’en suis rendue compte le jour où j’ai pleuré en salle de change, en demandant pardon à une petite fille de 18 mois d’aller si vite, de faire un change mécanique, elle qui avait tant besoin de calme et d’un moment d’individualité. Elle qui partageait son quotidien avec 20 autres enfants.
Multi accueil de 42 places nous étions quasi tout le temps à 51 voir 52… Sous couvert du décret Morano.
J’étais EJE à 100% sur le terrain sans aucun temps administratif, les projets, les observations je les écrivais à même le sol en surveillant la sieste. Pas de journée pédagogique, des réunions en plus du temps de travail après la fin des accueils, heures supplémentaires non payées à récupérer sans qu’elles soient majorées.
Pourtant j’étais jeune et j’aimais mon travail, il y a tant à apprendre des enfants et tant de beaux projets à mettre en place. Il y aurait tant à construire avec les familles. Mais dans les conditions actuelles ce n’est pas possible.  Je le vois en tant que maman maintenant, quand je récupère ma fille à l’heure de pointe que les pros ne sont plus que 2 ou 3, que dès bébés auraient besoin d’être couchés, d’autres ont faim, et les parents qui arrivent et pendant ce temps là certains se disputent. Faites le compte il n’y a pas assez de bras pour prendre soin de tous et pourtant les professionnelles y mettent toute leur énergie et leur bienveillance.

Des bébés au Taquet ! par Fasol

DES BÉBÉS AU TAQUET !
Les 1000 premiers jours de l’enfant
Intéresse, intéresse
Les 1000 premiers jours de l’enfant
intéresse le gouvernement !!!

Il demande une commission
D’experts, d’experts
Il demande une commission
d’experts de l’Education !

Un gouvernement motivé, une réforme, une réforme
Un gouvernement motivé pour un accueil de qualité

Un gouvernement motivé
Une réforme, une réforme
Un gouvernement motivé
pour prendr’ soin de nos bébés

La réforme, si tu savais
On l’attend, on l’attend
La réforme, si tu savais
Depuis le temps qu’on l’attendait !

Taquet, tu nous promets
Ta réforme, ta réforme
Taquet, tu nous promets
Ta réforme, qu’est-ce que tu fais ?

Macron, t’es le champion
Ta réforme, ta réforme
Macron, t’es le champion
T’es le champion d’la déception !!

Une Charte de qualité une charte, une charte
Une charte de qualité
Dont personne n’entend parler

Une charte de qualité
Une charte, une charte
Une charte de qualité
Qui n’est jamais respectée

Un accueil de qualité
C’est ce qu’on veut pour nos bébés
Un espace, 7 mètres carrés
C’est ce qu’on veut pour nos bébés
Un pro. pour 5 enfants
C’est le taux d’encadrement

Aucune, aucune hésitation
Les bébés, les enfants, c’est l’avenir de la nation !
Du respect, d’la confiance
Du plaisir, de la qualité
On veut tout ça pour nos bébés !

Comment croire en eux
Si on ne croit pas en nous même
Un peu de conviction et d’investissement
Un gouvernement qui tienne ses engagements !!!

Mon texte chanson explique, de manière pédagogique, l’histoire de pourquoi on manifeste aujourd’hui.
Macron fait une commande à des spécialistes du développement de l’enfant en neurosciences dans l’objectif « d’optimiser »(terme volontairement emprunté à l’économie), au niveau national, la qualité d’accueil du jeune enfant des différents modes de garde afin que chaque enfant puisse optimiser son développement.
Puis, son secrétaire d’état à la famille propose de réformer en sens inverse cette « commande » (quand même présidée par Boris Cyrulnik)  qui n’est pas encore actée !
Comme dit  « Pas de bébés à la consigne, » on marche sur la tête !

Petite enfance en péril, société en péril ! par aassens

Les premiers moments comptent ! La qualité de l’environnement de vie de l’enfant, la qualité des relations humaines, les conditions dans lesquelles il joue, mange, dort, ont un impact, sur son bien-être, épanouissement et bon développement. Une socialisation précoce, influe sur son avenir et est un levier pour réduire les inégalités, sociales, économiques, culturelles, femme et homme, qui sont les conditions nécessaires au faire et vivre ensemble dans la société !
Dans les établissements d’accueil de jeunes enfants, l’encadrement pédagogique(taux), la pratique de la référence, la formation, temps pour échanger entre professionnels, entre parents et professionnels, actions de sensibilisation, sont les moyens essentiels pourque les enfants, d’aujourd’hui, deviennent demain de adultes épanouis vivant dans une société apaisée !
La réforme, qui se prépare, propose des conditions d’accueil et d’accompagnement des enfants, familles et professionnelles, non-conformes aux conditions d’accueil et d’accompagnement proposées par les travaux, nationaux et internationaux, réalisés, sur le développement de l’enfant, sur les modes accueil, la formation des professionnels et les 1000 premiers jours. Or, sans changement sur ces points, les inégalités de continueront à se creuser et à se reproduire de génération en génération, suivies par une politique de réparation, en aval, avec un coût supérieur à celui d’un investissement, en amont par une politique privilégiant la prévention.  Quel gâchis humain et financier !

Qualité d’accueil déplorable par Emi

Auxiliaire de puériculture dans une structure accueillant 60 berceaux.
Malheureusement depuis plus d’un moment et depuis un an la qualité professionnelle  d’accueil des jeunes enfants se dégrade.
La bienveillance,  le respect, n’est plus.
Manque de professionnels,  manque de moyens,  manque de reconnaissance,  on nous presse de tout côté.  Il faut rentabiliser de plus en plus en oubliant les bien-fondés de notre métier.
Je ne reconnais plus mon métier d’accompagnement à  la parentalité,  aux soins  des enfants,  à  l’épanouissement des enfants,  aux valeurs laïques….
On nous oblige pour ce confinement à  pauser des CA , nous oblige a être mobilisable même si nous n’avons aucun moyen de garde pour nos propres enfants.  Nous avons le droit a une semaine de congé  ASA la  semaine du 6 au 9 avril.
Il y a de plus en plus d’arrêt maladie dans mon domaine car il est fatiguant,  pénible physiquement et psychiquement.  Problème de surdité,  de dos, de genoux, de surcharge de travail (et ils veulent nous ajouter des heures de travail sans compensations salariales) . La pénibilité du travail n’est pas prise en charge.  Les visites médicales sont rares et dure 5mn chrono.
Les agressions physiques et morales des familles,  le non-respect.
Le manque de matériels comme les masques,  outils pour travailler.
Les revenus qui stagnent, et mal rémunérés…
Pour le confinement,  ce n’est pas logique que les Ass mat puissent accueillir  6 enfants.  Elles ne sont pas protégées et sont considérés comme des sous professionnels,  ça me chagrine.
Je crois que la petite enfance est sous considérée,  on est du gardiennage,  des mal aimés et sous-payés. Et arrêter toutes ces publicités pour glorifier les cap qui ne sont plus embauchés ou sous payés et maltraités.
Pour en finir,  je souhaite bon courage aux jeunes qui commencent dans le métier car j’ai la quarantaine et souhaite vivement me reconvertir.  L’argent ne fait pas le bonheur  mais les politiciens ne pensent qu’à la rentabilité.
Je suis très active pour les manifestations mais désespère de l’avenir de notre métier.
Désolée d’être partie dans tout les sens.

Du différenciel entre notre formation et le terrain par Tut

Quand j’ai fait ma formation, en 2006, je l’ai adorée.
Néanmoins j’ai été frappée déjà en stage par le différenciel entre ce que j’apprenais sur le respect des besoins de l’enfant, le respect et l’accompagnement des parents et ce que je voyais dans certains lieux d’accueil.
Quand j’ai été embauchée, j’ai travaillé avec des personnes tout sauf bientraitantes.
Encore aujourd’hui, plus de dix ans après, je ne comprends pas comment à partir d’une formation pourtant très bien ficelée en terme de contenu, nous arrivons à certaines dérivés auprès des enfants.
J’y vois plusieurs items :
-le vécu personnel
-l’évolution dans les structures qui nous fait parfois oublier des principes fondamentaux de sécurité et de bienveillance face à des équipes et responsables parfois maltraitantes (et maltraités !)
-la politique de la petite enfance, qui tend de plus en plus vers du remplissage, de la rentabilité etc au détriment du bien être des enfants et de ses professionnels.

La prévention que nous sommes sensés faire auprès des familles n’a plus son cours aujourd’hui.
Quel professionnel ose encore dire aux parents qui souhaitent mettre leur enfant en crèche pour les sociabiliser que les enfants se sociabilise d’eux même lorsqu’ils se sentent secure ?
Non.
On vante les bienfaits de l’accueil du jeune enfant, de la séparation du parent et de son enfant.
Oui, dans certains cas accueillir un enfant en collectivité est nécessaire :
Recherche d’emplois, manque de ressources familiales, problèmes de handicap, parent solo ou parents travaillant tous les deux, dépression etc.
Je vois pourtant aussi des parents qui arrivent et qui finalement ne sont plus très sûrs de vouloir faire garder leur enfant en collectivité, parce que finalement, ils ont trouvé d’autres solutions etc, et des responsables qui font de la pub pour la collectivité pour remplir leurs quotas…
Dans mon évolution pro et Perso je me suis autoformée au parentage, à l’accueil des émotions, la communication non violente, j’ai lu Catherine Gueguen.
Cette personne préconise, pour un accueil optimal en collectivité, un adulte pour 2-3 enfants qui ne marchent pas et un pour 4-5 enfants qui marchent.
Nous sommes dans un système à deux vitesses :
D’un côté les neuro sciences qui par leurs découvertes préconisent plus d’adultes pour moins d’enfants, un accueil axé de plus en plus sur l’individu et ses ressentis, et de l’autre un gouvernement capitaliste qui vise la rentabilité sur du social.

De fait.
Les quotas d’enfants augmentent.
Les personnels déjà pas assez nombreux ne sont pas remplacés quand il y a des absences et le comble c’est qu’il nous faut quand même accueillir tous les enfants.
Nous sommes en plus muselés par ce droit de réserve.
Celui qui nous empêche d’expliquer nos conditions de travail aux parents, d’expliquer pourquoi nous faisons grève, dans quel intérêt.
Les parents, pour la plupart, n’ont aucune idée de ce qui se passe dans les coulisses.
Ils viendraient certainement plus facilement manifester avec nous si tel était le cas.

Bref.
Triste époque.

Sections bondées et planning instable par Riiko

Je me suis reconvertie dans la petite enfance après 11 ans de carrière dans le commerce international. J’adore mon nouveau métier, je suis auxiliaire de puériculture en multi-accueil municipal depuis 1 an. Cependant, je déplore de voir nos sections bondées et les espaces qu’ils ont trop petits. Dans ma section nous pouvons monter jusqu’à 30 enfants. Alors oui nous sommes une grande structure mais je trouve ce nombre excessif. Les enfants le ressentent, ils n’ont pas beaucoup de place. Nous essayons de dégrouper au maximum mais lors des temps forts ce n’est pas possible. Ce qui me pèse également ce sont ces changements de planning à répétition. Durant ce mois de mars j’ai eu plus de 5 planning différents, et parfois à la dernière minute. Cela impacte ma vie privée et mon moral. Avec ce 3ème confinement, ma structure sera mobilisée mais toute les équipes vont changer ce qui fait que je travaillerai avec des collègues et des enfants que je ne connais absolument pas. C’est très dur.

Situation courante lors de la sieste par Aulzy

Dans cette crèche, nous sommes 3 pour 16 enfants de 2 à 3 ans. Large, n’est ce pas? Sauf qu’en réalité, nous sommes généralement 2 pour 16 car nous travaillons en 4 jours et demi et que l’EJE a des temps de détachement pour la continuité de direction. Être 3, c’est pendant 2 matinées par semaine seulement. Et puis à midi, pendant la sieste, il y a les pauses des professionnels. Donc on se retrouve seule avec 16 enfants (il y a une tolérance quand ils dorment apparemment), avec 8 lits dans le minuscule dortoir et 8 lits dans la pièce de vie. Parmi ces 16 enfants, à 12h30, certains s’endorment, d’autres petits dormeurs se réveillent. Je ne peux ni accompagner au sommeil ceux qui s’endorment, ni accompagner le réveil des autres dans une pièce à côté destinée aux activités (dans ce 5m2, c’est vite petit pour les enfants qui se réveillent). Donc de 12h à 13h30, les enfants doivent rester dans leur lit, qu’ils s’endorment, dorment ou se réveillent. Mais à 2 ans, après 20 min à regarder le plafond, on veut parler, on fait du bruit, on réveille les autres… Et moi, adulte, je ne sais plus quoi faire pour maintenir le calme (un petit jeu calme ou un livre, ça marche pendant 10 min, après l’enfant veut bouger). Je ne suis pas contenante, je ne peux pas tout faire seule.

Une fois, un enfant s’est même mis à crier. Il voulait que je sois avec lui mais je devais être proche d’un autre qui avait besoin pour s’endormir. Je me vois encore poser ma main sur sa bouche pour qu’il arrête et regretter immédiatement ce geste… Sans pour autant savoir quoi faire de mieux.

Bref, comme souvent, j’étais seule avec 16 enfants à la sieste et j’ai été maltraitante sans pouvoir faire autrement. J’ai préféré faire ça plutôt que réveiller les autres qui avaient besoin de dormir (un besoin primaire à cet âge). J’ai démissionné pour réaliser que mon travail allait à l’encontre de mes valeurs et des réels besoins des enfants.

Toujours plus…avec le moins possible par Eje invisible

Directrice d’un multi-accueil d’entreprise depuis plusieurs années, je constate une dégradation des conditions de travail des professionnels de crèche. Accueillir en surnombre tous les jours, même pendant les vacances scolaires alors qu’on me refuse les remplacements de mes professionnelles en congé, faire débuter 4 adaptations en même temps, sans même imaginer le travail que cela représente pour l’équipe et le manque de disponibilité pour les enfants, tout cela fait notre quotidien.
Bien sûr, en parallèle, on nous demande l’excellence de l’accueil et une qualité irréprochable dans nos pratiques, ce avec quoi je suis évidemment en accord.
Équipe fatiguée, directrice qui doit assurer performance financière, qualité d’accueil, sécurité sans faille, et remplacements des collègues absentes…et pour des salaires qui frisent le ridicule : 1340€ pour une EJE sans ancienneté dans l’entreprise, à peine 1400€ pour l’infirmière relais de direction, smic à vie pour les Auxiliaires petite enfance et à peine plus pour les Auxiliaires de puériculture. Et la directrice ne touchera que 1900€ alors qu’elle a la responsabilité d’une trentaine d’enfants tous les jours et fera entre 40 et 50h de travail par semaine.
Je suis blasée de voir que cette société et ses gouvernements successifs se fichent complètement de tout notre secteur. Demandez-vous combien de fois le secteur de la petite enfance a été mentionné par le gouvernement ou par les médias tout au long de la crise sanitaire…cela en dit long sur leur considération pour nous et notre rôle pourtant essentiel dans la société en devenir.

Professionnelle de la petite enfance écœurée par Pro désabusée

Bonjour je suis Éducatrice de jeunes enfants de formation depuis 20 ans. Depuis le début de ma carrière, j’assiste à une dégradation désastreuse de l’accueil du jeune enfant dans notre pays… pas de moyen, manque de personnel, manque de qualification, de formation et en tant qu’EJE on se sent souvent seule… lassée de me battre contre  les institutions,  j’ai fait le choix d’exercer mon métier de professionnelle de la petite enfance à mon domicile en tant qu’assistante maternelle. J’ai renoué avec mon cœur de métier et apporte un accompagnement de qualité aux jeunes enfants accueillis. Cependant,  c’est un métier très précaire et qui place les assistantes maternelles en insécurité permanente… Quant à la crise Covid elle n’a fait qu’accentuer les problématiques et plonger ces professionnelles dans un grand désarroi…
Aujourd’hui, je suis à bout de souffle en tant que professionnelle de la petite enfance passionnée mais désabusée et choquée de la politique petite enfance de notre pays.
J’entame une reconversion professionnelle…
Et après les recruteurs se demandent où sont passés les Eje… lorsque l’on fait ce métier par passion on ne peut pas supporter le traitement que l’on fait subir actuellement aux enfants, parents et professionnels.

Pas de remplacements par Auxiliaire de puériculture dans le 44

Je travaille dans une crèche merveilleuse qui a un super projet péda et des professionnelles en OR. Cependant depuis quelques temps beaucoup d’arrêts s’enchaînent entre : les conditions de travail rudes pour un personnel vieillissant ou abîmé par le travail physique, des cas contacts ou enfants cas contacts donc 7 jours d’isolement (à cause de la Covid) et autres arrêts « plus classiques »… Mais aucun professionnel disponible pour des remplacements de courte durée (en même temps ça se comprend…). Donc le personnel présent comble comme il peut et ça tire sur la corde un peu plus… Et bien sûr toutes les heures ne sont pas remplacées à 100% donc sous effectif et là ce sont les enfants qui trinquent car pas assez disponibles pour répondre aux besoins de tous…