Du différenciel entre notre formation et le terrain par Tut

Quand j’ai fait ma formation, en 2006, je l’ai adorée.
Néanmoins j’ai été frappée déjà en stage par le différenciel entre ce que j’apprenais sur le respect des besoins de l’enfant, le respect et l’accompagnement des parents et ce que je voyais dans certains lieux d’accueil.
Quand j’ai été embauchée, j’ai travaillé avec des personnes tout sauf bientraitantes.
Encore aujourd’hui, plus de dix ans après, je ne comprends pas comment à partir d’une formation pourtant très bien ficelée en terme de contenu, nous arrivons à certaines dérivés auprès des enfants.
J’y vois plusieurs items :
-le vécu personnel
-l’évolution dans les structures qui nous fait parfois oublier des principes fondamentaux de sécurité et de bienveillance face à des équipes et responsables parfois maltraitantes (et maltraités !)
-la politique de la petite enfance, qui tend de plus en plus vers du remplissage, de la rentabilité etc au détriment du bien être des enfants et de ses professionnels.

La prévention que nous sommes sensés faire auprès des familles n’a plus son cours aujourd’hui.
Quel professionnel ose encore dire aux parents qui souhaitent mettre leur enfant en crèche pour les sociabiliser que les enfants se sociabilise d’eux même lorsqu’ils se sentent secure ?
Non.
On vante les bienfaits de l’accueil du jeune enfant, de la séparation du parent et de son enfant.
Oui, dans certains cas accueillir un enfant en collectivité est nécessaire :
Recherche d’emplois, manque de ressources familiales, problèmes de handicap, parent solo ou parents travaillant tous les deux, dépression etc.
Je vois pourtant aussi des parents qui arrivent et qui finalement ne sont plus très sûrs de vouloir faire garder leur enfant en collectivité, parce que finalement, ils ont trouvé d’autres solutions etc, et des responsables qui font de la pub pour la collectivité pour remplir leurs quotas…
Dans mon évolution pro et Perso je me suis autoformée au parentage, à l’accueil des émotions, la communication non violente, j’ai lu Catherine Gueguen.
Cette personne préconise, pour un accueil optimal en collectivité, un adulte pour 2-3 enfants qui ne marchent pas et un pour 4-5 enfants qui marchent.
Nous sommes dans un système à deux vitesses :
D’un côté les neuro sciences qui par leurs découvertes préconisent plus d’adultes pour moins d’enfants, un accueil axé de plus en plus sur l’individu et ses ressentis, et de l’autre un gouvernement capitaliste qui vise la rentabilité sur du social.

De fait.
Les quotas d’enfants augmentent.
Les personnels déjà pas assez nombreux ne sont pas remplacés quand il y a des absences et le comble c’est qu’il nous faut quand même accueillir tous les enfants.
Nous sommes en plus muselés par ce droit de réserve.
Celui qui nous empêche d’expliquer nos conditions de travail aux parents, d’expliquer pourquoi nous faisons grève, dans quel intérêt.
Les parents, pour la plupart, n’ont aucune idée de ce qui se passe dans les coulisses.
Ils viendraient certainement plus facilement manifester avec nous si tel était le cas.

Bref.
Triste époque.