Tout à fait d’accord avec vos ressentis et votre coup de gueule.
Une équipe qui se soutient ça aide à continuer d’accompagner au mieux les enfants et leurs familles qui sont accueillis, mais pas facile tout de même, entre les classes qui ferment, les collègues qui attrapent le covid, les arrêts maladie, les protocoles qui changent sans arrêt, les enfants sans cesse malades mais toujours présents etc. Ce sont des choses qui peuvent tout à fait arriver et qu’on ne doit pas juger, et pourtant…
On en vient à juger des familles.
On en vient à des collègues qui tiennent le coup à travailler dans ces conditions depuis avril 2020, déjà 2ans! mais qui se fatiguent à la longue, sans réelle reconnaissance du gouvernement.
On en vient à vouloir comprendre l’autre, mais à lui en vouloir en même temps.
On en vient à appréhender les absences de collègues.
On en vient à flipper dès qu’on reçoit un mail de l’école de ses enfants.
On en vient à devoir se justifier et à culpabiliser si personne d’autre que soi ne peut garder son propre enfant et nous empêche donc d’aller bosser ou à devoir trouver des solutions à la dernière minute pour trouver une connaissance qui serait dispo.
On en vient à « subir » d’éventuels reproches parce que « ce sont tjs les mêmes qui bossent » pendant que d’autres peuvent « se la couler douce chez elles à garder leurs enfants ».
On en vient à devoir auto tester nos enfants 3 fois en 5 jours avec un coton tige dans le nez pour être sûr de pouvoir les mettre à l’école pour aller bosser au plus vite.
On en vient à être tirailler entre nos enfants et le travail, à culpabiliser de ne pas pouvoir aller bosser et de laisser les collègues dans la mouise, mais ça, personne ne le voit.
On en vient à voir des directrices/adjointes qui passent leur weekend à recevoir sms, appels, à devoir refaire le planning un dimanche ou tard un soir.
On en vient à voir des directrices qui font des heures supp à gogo sans récup, des journées calées sur l’amplitude horaire de la structure, qui ne savent plus où donner de la tête tellement elles courent partout, entre bureau, aide/remplacement en section, mairie, téléphone…et qui s’épuisent au travail.
On en vient à ne plus savoir à quel protocole se fier, quitte à être incohérentes vis à vis des parents.
On en vient à parler Covid très souvent en section au dessus de la tête des enfants.
On en vient à laisser ouvertes des crèches alors que les 3/4 du personnel sont absents, même si on réduit le nombre d’enfants…
On en vient à avoir sur des structures ouvertes du renfort par des collègues de crèches fermées pour cause covid, et dont on apprend la positivité peu de jours après leur passage…
On en vient à ne plus être totalement psychiquement présents pour les enfants que l’on accueille et qui subissent tout ça…
Je viens de relire tout ça et ça me fait mal au coeur de me dire que c’est notre réalité de terrain, le quotidien des enfants.
Bref, on est le 3 février, ça fait déjà 6 fois que la classe de ma fille ferme depuis la rentrée de janvier, demain c’est le papa qui prend le relais. Il est 21h30 et je finis de faire des crêpes pour donner un peu de réconfort à mes collègues demain
En attendant de jours meilleurs…Courage à vous tous !