Lettre au ministre de l’éducation nationale

Monsieur le ministre,
Je me tourne vers vous pour vous faire part d une situation incompréhensible pour moi qui suis professionnelle de la petite enfance.
Je suis agent territoriale, je travaille en tant qu’éducatrice de jeunes enfants et plus particulièrement je suis responsable dans ma structure (EAJE) de l’accueil des enfants en situation de handicap.
Depuis 2008, la structure accueille des enfants en situation de handicap. Depuis 2008, elle s’efforce de les accompagner avec bienveillance et de manière adaptée aux enfants en prenant en compte leur spécificité.
Chaque fin d année nous accompagnons les familles dans leurs démarches et nous participons au rencontre d équipe éducative qui se déroule aux seins des écoles, pour préparer au mieux la rentrée de ces enfants et nous proposons même de continuer à accueillir les enfants dans notre structure ( dérogation) le temps qu ils aient une AVS ou une structure adaptée qui les accueillent. Mais aujourd’hui, Monsieur le Ministre, 3 familles sont venues nous voir désespérées pour nous dire qu’elles étaient obligées de scolariser leurs enfants. Ces enfants, Monsieur le Ministre, ne peuvent être dans une classe de 30 élèves avec seulement 2 adultes même sur un temps réduit, ils ne peuvent suivre le programme demandé, ils ne peuvent se poser en temps de regroupement et apprendre aujourd’hui les jours de la semaine ou tout simplement la socialisation que nous leur demandons en petite section.
Bien au contraire, en leur imposant cela nous allons à l’inverse de leur développement, à l’inverse de la bienveillance que vous souhaitez dans notre éducation nationale.
Monsieur le Ministre, je suis pour l’école obligatoire afin de défendre l’égalité l’équité et le droit à l’éducation pour tous. Je suis pour l’inclusion mais je ne suis pas pour le coûte que coûte. Je suis pour l’égalité des chances mais pas pour la maltraitance.
Je vous fais cet écrit en toute modestie sans jugement aucun mais avec beaucoup de tristesse et de peur pour ces enfants.
Ce n’est que le fruit de mon investissement auprès de ces enfants qui me fait vous écrire et mon incompréhension face à ce qui se passe aujourd’hui.
Je n’attend pas de réponse je me doute que vous avez des sujets plus urgent à traiter. Mais voilà, si par chance vous me lisez et si par chance cela vous interroge je suis sur que vous trouverez face à vous des professionnels qui seront ravis d échanger avec vous et de faire avancer ce sujet.

Vous remerciant du temps prit pour me lire, je vous pris d agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sincères salutations

Les pros ne sont pas des pieuvres par Magali

De retour dans le secteur de la petite enfance après 3 ans, je suis effarée de la banalisation du manque de moyens apportés aux professionnels pour faire un travail de qualité.
La maltraitance est institutionnelle mais cela a forcément des conséquences sur le développement de l’enfant.
J’observe des enfants qui ont beaucoup de mal à fixer leur attention, notamment sur les temps de rassemblement
Des enfants qui fuient le regard…
Un manque crucial de temps de réunions pour améliorer la qualité d’accueil, les projets individuels, tenir des locaux qui permettent d’assurer la sécurité physique et l’équilibre psychique des enfants et des professionnels
Les enfants ,adultes en devenir ….? Ou adultes destructurés?
« Les pros ne sont pas des pieuvres….seulement 2 bras » !!!

Demande de remboursement par Contribuable

Gaspillage d’argent public !
Rapport, commission, séminaire premiers pas, Unicef, OCDE….et bien d’autres papiers …ils répètent inlassablement le même message :

  • Le besoin de qualité dans les interactions enfant adulte !
  • Entre adultes qui les accueillent et avec les parents !
  • Du temps pour organiser, échanger pour bien accompagner l’enfant sa famille !

Doublon et double doublon, l’administratif déconnecté du terrain, on paye le silence des experts, on méprise les personnes, pour passer un décret qui dégrade de qui déjà dégradé ! Pour faire gagner de l’argent à certains ! ceux qui ne mettront jamais leurs enfants dans un mode d’accueil ! Sachez leur dire non !
Soyez créatifs ! Réformez l’appareil de l’état pourque l’on voit enfin une politique de la petite enfance rester indépendante du changement de gouvernements ayant pour seule stratégie, une vision à long terme afin d’améliorer la qualité de vie des personnes et de réduire les inégalités.
Osez le vrai développement durable !
Osez la bonne réforme !
Une réforme qui changera la vie des enfants, des parents et des professionnels !
Une réforme qui changera la société !

La grève des bébés par MARITCHE

24 ans de pratique d’un métier « passion » auprès des jeunes enfants en équipes avec les parents…
Au fil des années, des conditions d’accueil et, de fait de travail qui….déclinent…
Pour les structures collectives, décrets et choix de financements ont progressivement plongé notre corps professionnel dans le cycle oppressant et déshumanisant de la marchandisation, multipliant les statuts des lieux d’accueil collectif des jeunes enfants…déroulant le tapis des inégalités
Et que dire des assistantes maternelles qui en cette période de COVID ont vu leur capacité d’accueil passer de 4 à 6 enfants accueillis !
Alors, que d’effroi en lisant ce qui se prépare : Rapport TAQUET, Ecole de la Confiance de Mr BLANQUER…
Que l’on nous explique sur quelles connaissances de l’enfant, quels fondements bienveillants s’ancrent ces projets…ça suffit…
Parole aux premiers concernés :

La Grève des Bébés

Aujourd’hui, jour de colère
Nous ! Bébés ! Nous mettons en grève !
Ensemble, nous allons crier, rouler des larmes à l’unisson
Qui coulent dès lors pour lever l’ancre
Sur vos écrits de déraison.

Nous sommes épris de besoins simples,
Avides d’espaces et d’attentions
Que vos choix choquent
Effroyables
Paradoxes de souffrances
ANORMAL
Vers votre organisation sociétale.
Revendiquons
Et sans frontière
Les droits égaux des enfants
A grandir de nous-mêmes vers les autres
Dans le respect de nos richesses fondamentalement différentes
Mettant alors le collectif
En chemin d’un trésor absolu
Alertons
Dans le temps
Des dangers d’une éducation
Didactique,
Captive,
Idéologique,
Et calée sur l’arithmétique de budgets bien trop mal ficelés.

Et sur les routes bitumées
Où vous nous emmenez rouler :
Qui sauront prendre de la vitesse et fonceront les yeux fermés,
Auront les poches pleines de monnaies.
Quant viendra l’âge de penser l’encre
Dans les EHPAD vous serez
Il est des chances assurées
Qu’ils ne vous entendent pas pleurer.

MARITCHE

Poste aux multiples facettes par Puéricultricefatiguee

Déjà en premier lieu, j’ai eu du mal à me positionner entre multi accueil, politique petite enfance, RH… Oui, pas simple de trouver sa place dans un poste où je suis multi taches.

À 100%, je suis à la fois en direction d’une crèche de 30 berceaux, l’infirmière de cette structure et infirmière de 2 multi accueils de 12 places chacun. A côté de ça, je suis responsable/coordinatrice petite enfance d’un territoire qui comprend les 3 multi accueils (30 places, 12 places et 12 places) et un relais d’assistants maternels. J’ai comme mission de réaliser la politique petite enfance dans le poste de coordination au sein d’un service commun qui complique la cohérence politique, les décisions… mais aussi gérer le patrimoine, l’investissement, monter les projets voire les nouveaux projets… Je suis épuisée.

Mon poste correspond à un temps de travail de plus de 200% au quotidien et en continu… Et pourtant la PMI valide sans se rendre compte des problèmes.

Mon rôle infirmier est quasi inexistant, je travaille le soir chez moi, je ne dors plus… Sous 3 traitements pour essayer de tenir le choc… Et un des traitements depuis peu m’a rendu complètement confuse donc je tente un autre traitement… Voilà la maltraitance institutionnelle que je vis au quotidien.
La personne avant moi a quitté le poste pour burn-out…
Combien de temps vais je tenir ? Qu’est ce que nous offrons comme qualité pour les enfants et les familles quand nous sommes nous même maltraités….

Une infirmière puéricultrice épuisée…

État des lieux par Elljell

Bonjour, je travaille en crèche depuis 43 ans. J’ai connu les enfants déshabillés et passés par un guichet.
Heureusement à l’époque, une amélioration des conditions d’accueil a eu lieu.
En premier grâce à Jeanne Levi qui a sorti les enfants des lits et de leur privation de mouvements.
Les parents ont commencé à rentrer, les psychologue à avoir leurs places, les auxiliaires et les EJE aussi.
L’enfant est devenu une personne, avec des droits.
On a mis en place des principes Pikleriens, la référence, la motricité libre, les jeux en libres accès…
Seulement voilà, tout cela a un coût. Tout cela demande du personnel qualifié.
Tout cela demande de l’espace.
Tout cela demande du temps, de la bienveillance, des compétences.

Et non, il ne suffit pas d’être une femme pour travailler en crèche. Aujourd’hui, il faut remplir, coûte que coûte. Partager les lits, alors que même à la Sanacotra chaque adulte à son lit. On essaye d’économiser pour tout. Seulement cet argent économisé aujourd’hui, combien va t il coûter à la collectivité de demain ?
On touche aux fondamentaux et aux fondations des jeunes enfants, ce qui ne manquera pas d’ébranler les adultes qu’ils deviendront.
Aujourd’hui, on maltraite les professionnels, on les paye au lance pierre, on les manage sans bienveillance.
Comment demander à des professionnels d’être bien traitants si eux-mêmes ne sont pas bien traités. Quoi de mieux que de l’avoir ressenti et vécu soi-même, pour comprendre ce que c’est réellement !.
J’ai connu le harcèlement de ma hiérarchie, la méconnaissance des besoins d un jeune enfant, la maltraitance institutionnel. Sylvaine Giampino dit que la prévention, ce sont les petits détails…
Aujourd’hui, on n’en est pas là, plus là?
Et pourtant, j espère avoir semé des graines, donner de la bienveillance, éveiller des professionnels à la curiosité, ouvert des fenêtres, plantée des rhizomes, soutenir des équipes, accompagner des familles, des enfants avec toujours autant de motivations, mais à quel prix ???
Une usure du corps. Beaucoup de temps et de patience. Je suis triste de voir aujourd’hui, alors que les neurosciences viennent confirmer l’importance de tout ce travail, une dégradation des modes d’accueil, des formations….que les travaux du groupe de réflexion des 1000 jours ne soient pas écouter.
Que les professionnels de la petite enfance soit aussi sages et ne se révoltent pas plus. Qu’allons nous laisser à nos enfants ? J’ai honte.

Mobilisez vous !!! par Val92

EJE depuis 2003 suite à une reconversion professionnelle, j’ai assisté en quelques années à une dégradation de la qualité d’accueil de l’enfant et de sa famille qui m’interpelle.
Pourquoi étions si peu lors de la journée de manifestation à l’initiative de Pas de Bébés à la Consigne ?
Si nous bougeons toutes et tous, nous pourrions avoir gain de cause et sensibiliser un maximum de personnes à ce naufrage. Les enfants méritent notre plus grande attention et devraient faire l’objet du plus grand soin. Au lieu de cela, on voit se mettre en place une logique économique qui est une insulte à la Pédagogie, au rythme singulier de chacun, à un aménagement de l’espace digne de ce nom avec du matériel riche et adapté au développement. Il ne suffit pas de remplir des tableaux statistiques avec des taux de fréquentation qui frisent la bêtise au détriment du bien être de chacun (et les conditions de travail des pros en font partie).
Je reste sur le terrain en tant que militante et formatrice auprès de futures EJE. Nous ne devons pas déserter le terrain mais l’occuper en défendant haut et fort les valeurs qui sont les nôtres.

Il faut tout un peuple pour faire entendre la voix de l’enfant par l’enfant do

Il y a comme un paradoxe aujourd’hui à dire et faire valoir politiquement l’importance de l’enfant tout en ne donnant que peu de valeur à ceux qui les éduquent. Les métiers de la petite enfance sont très mal rémunérés, les directeurs ne sont pas formés, la charge de travail est considérable et l’épuisement physique et moral est conséquent. Penser la place de l’enfant dans la société, construire l’adulte en devenir, c’est aussi penser la place de la famille et des éducateurs au sens large, c’est donner la possibilité aux familles de choisir un endroit qui leur convient pour l’accueil de leur enfant afin de leur permettre de continuer leur vie professionnelle en toute sérénité.
Cet endroit ne peut pas exister si:

  • Les professions qui y exercent sont mal rétribuées et considérées
  • Les lieux sont surchargés et impossibles à aménager selon l’éthique des professionnels de la petite enfance
  • La petite enfance devient un marché et plus un service

Il est évident que chaque profession lutte pour sa propre reconnaissance et que chaque profession a une place au sein de la société. Toutefois, il serait bon de réfléchir plus particulièrement à la place que nous donnons aux professionnels de la petite enfance car ce sont eux qui contribuent à la construction de l’adulte de demain.
Alors je pose cette question : que veut la société française pour ses jeunes enfants? Un accueil collectif de qualité où tous sans distinctions sont accueillis dans un espace réfléchi et adapté? Ou un accueil en fonction des revenus des parents avec dans tous les cas des lieux étriqués où s’entassent 6 bébés par adulte?

Ce n’est pas seulement la vision très libérale du gouvernement qui doit être interpellée mais aussi chaque adulte de cette société qui devrait, surtout dans les temps qui courent, penser avant tout la société pour que l’enfant puisse s’y épanouir et donc arrêter cette attitude du laisser faire…
Il faut tout un peuple pour éduquer un enfant dit un proverbe africain, en suivant cette belle pensée nous pourrions aussi dire: il faut tout un peuple pour faire entendre la voix de l’enfant! Il n’y a plus qu’à…

« Accueil de qualité pour tous » par Inégalités

Lutte contre la pauvreté : lancement de l’Appel à la Manifestation d’intérêt « Accueil pour tous »

Sans une qualité d’accueil, c’est-à-dire, de relations de qualité au sein des EAJE, des professionnels disponibles physiquement et psychiquement, reconnus et considérés et bien rémunérés, la lutte contre la pauvreté, par une socialisation précoce, levier d’inégalités, est une utopie !

Et puis, où allez-vous trouver les professionnels, quand aujourd’hui environ 3000 postes sont vacants, par exemple, en ile de France, pour les principaux métiers exercés en EAJE ?
Lisez bien les rapports, écoutez bien les professionnels, les experts, inspirez vous des pays nordiques et

PRENEZ BIEN SOIN DE VOS CITOYENS !