Seule par EJE

Je suis seule ce jour là, seule avec 10 enfants de 2 ans mais nous sommes dans les normes, la directrice est dans son bureau. Jusqu’ici tout va bien…
Je suis seule ce jour là et les enfants doivent se rendre à la sieste, je dois les aider à se déshabiller, changer leur couche et ils sont 10 mais nous sommes dans les normes la directrice n’est pas loin. Jusqu’ici tout va bien…
Je suis seule et les enfants s’énervent, courent dans tous les sens. J’ai de l’expérience, je vais pouvoir gérer, je les encourage à se déshabiller seul mais c’est tellement plus amusant de monter sur les meubles ou de se cacher derrière les rideaux. Mais nous sommes dans les normes, la directrice est dans les locaux. Jusqu’ici tout va bien…
Je suis seule avec les enfants et ils s’impatientent, allez plus que 3 couches à changer…des cheveux tirés, des cris, des bousculades…mais je vais gérer, restons calme et soyons bienveillant qu’ils disent dans les livres, soit. Un câlin pour réconforter, une parole pour expliquer, une couche à la main, un jouet dans l’autre, un regard pour tous les 10 pour leur dire que je suis là, que je suis fatiguée mais que je suis là. Et nous sommes dans les normes, nous sommes deux dans les locaux. Jusqu’ici tout va bien…
Je suis seule avec les enfants, et aller à la sieste pour la première fois pour certains, c’est angoissant. Un enfant du côté gauche, l’autre du côté droit, les doudous dans les mains et un enfant bienheureux qui m’aide à ranger les paniers de la sieste. Mon cœur dit merci, ma tête me dit que ça aurait dû être un partage de tâche que j’aurai pu avoir avec ma collègue malade qui n’est pas remplacée car nous sommes dans les normes. Jusqu’ici tout va bien…
Jusqu’ici tout va bien? Mais jusqu’à quand? Combien de Burnout? Combien d’arrêt médicaux pour des blessures physiques: maux de dos, épaules… Combien de directrices/teurs qui ne peuvent plus se rendre sur le terrain car noyées sous les dossiers et les chiffres?
Combien d’enfants maltraités par ces situations ? Combien de professionnel(le)s bienveillant(e)s découragé(e)s qui changent de métier ou qui tout simplement baissent les bras et laissent faire?
La liste est longue… Les enfants en collectivité et les professionnels de la petite enfance ne font pas beaucoup de bruits et pourtant ils souffrent…
Nous, professionnel (le)s de la petite enfance, avançons et nous démenons depuis tant d’années même si les conditions de travail sont de pire en pire car nous savons que si nous ne sommes pas à 100 pour 100, c’est l’enfant qui en payera les conséquences. Nous souffrons en silence et nous regardons avec effroi ce qui est offert à ses enfants, les conséquences que cela va engendrer pour leur futur et nous croisons les doigts en nous disant qu’il y a la résilience et que peut-être ils pourront en bénéficier…
Mais que dire d’un pays qui maltraite ses enfants? Triste monde…

Et les enfants dans tout ça ? par MaoubéEJE

Travailler en tant qu’EJE était pour moi une véritable chance. Pouvoir exercer le métier que l’on veut c’est tout de même chouette non?
Seulement rien n’est aussi simple. Nos métiers qui n’ont jamais étaient reconnus se voient se faire détériorer année après année.
Nous avons déjà à composer avec des taux de remplissage qui n’ont pas de sens , le manque de personnel diplômé, les protocoles actuelles,…. je me demande souvent et les enfants dans tout ça ? Les études récentes nous permettent de comprendre de mieux en mieux les besoins et les possibilités des plus jeunes. On sait à quel point un enfant a besoin d’être rassuré réconforté contenu… comment bien accueillir et accompagner quand le personnel de crèche ne se sent pas écouté.
Il faut nous faire confiance! Nous avons l’expérience de terrain, nous connaissons nos missions et nous avons envie des les accomplir car nous savons à quel point la petite enfance est une période importante dans la construction de la vie. Nous voulons être des jardiniers. Ceux qui sème des graines pour que plus tard les récoltes soient abondantes. Mais si on nous donne que du béton nous aurons beau semer nous ne récolterons jamais rien ! Donnez nous de la terre pour semer nos graines!!!!!

Un terrain qui s’enlise… par Pouiky

Nous travaillons en terrain glissant…pas de bain de boue pour nous, juste des coups de pelle!
Tellement fatigués si vous saviez, de penser l’enfant, son développement, sa construction, sa famille…mais que personne au-dessus ne pense que l’on puisse avoir un avis avisé…
Des politiques qui pensent économie immédiate mais ne voient pas plus loin que le bout de leur nez… Ils nous demandent de nous adapter à leurs incohérences, incompétents qu’ils sont au sujet de l’humain ! Ils veulent des vitrines à la place de projets, ils veulent gagner de l’argent sur le bien-être des petits, futurs grands…
Et nous, de nous battre, de crier au secours, de nous voir sous-estimés, voire nos expertises ignorées par des politiques et des administratifs !
Pause est prise pour ma part, et je revis ma profession, toujours l’enfance dans mon 💛 de métier mais cette fois-ci, le terreau est fertile… Moi qui finissais par ne plus savoir qui j’étais, à qui les hauts-placés avaient insidieusement fait ingérer le poison de la dévalorisation …moi je retrouve des possibles!
Mon seul regret, c’est ce sentiment d’effondrement du monde des tout-petits. C’est si précieux un enfant! Pour longtemps, je vous en voudrai pour tout ça, mesdames, messieurs les technocrates…
Mais restons convaincus, sur le chemin, même si l’on tente sans merci de nous pousser dans le fossé!
Force et courage mes collègues !
Et parents, ouvrez vos yeux!

Quand la passion devient une contrainte par PetiteEnfance

Auxiliaire de puériculture depuis 10 ans, l’envers du décors gâche toute la beauté du métier. Je songe à me reconvertir et je ne suis pas la seule.
J’entends depuis toujours qu’il faut penser aux enfants mais qui pense à nous, professionnel·les ? Est-ce eux, derrière leurs bureaux à dicter leur lois sans même mettre un pied sur le terrain. Un enfant se sent bien et en sécurité quand son environnement est sein, comment s’en occuper sans avoir tous les outils nécessaires ? Tout est question de sous. Un jour, on m’a dit « nous sommes le plus grand groupe, nous avons des crèches partout en France », à croire que la quantité prime plus que sur la qualité quand on voit comment ils nous traitent.. Nous faisons un travail qui existera toujours et dont tout le monde à besoin et nous sommes payés une misère. Quand j’entends qu’être 3 profs. pour 10 enfants est un luxe, j’invite quiconque à venir bosser 2 semaines en crèche.
Pas étonnant qu’il y ait un bon nombre de turn-over !
Nous travaillons dans le stress et sous tension toute la journée tout en étant responsable de tout petit, un peu de reconnaissance et de lucidité seraient un minimum.

aidons les personnels de la petite enfance par elsa

ma fille est gardée dans une crèche depuis ses premiers mois, elle en sortira avec l’apprentissage de la parole, de ses premiers pas, ses premiers pleurs et ses fous rires ! Bref grâce au travail incroyable des professionnels ma fille grandie en confiance. Il est inimaginable comme l’annonce les futures réformes qu’elle se retrouve seule face à ses pleurs, car « on est occupé » ou « on ne l’entend pas » personne ne peut garder 8enfants seuls je vous mets au défis d’essayer 1h seulement pour vous rendre compte de la catastrophe.

Remplir, remplir, remplir… Et l’Humain dans tout ça ???!!!!!! par krys-a-lyde

Je suis Educatrice de Jeunes Enfants depuis décembre 2006. J’ai travaillé en multi-accueil pendant 10 ans.
J’ai vu la qualité d’accueil des enfants et des familles se détériorer au fil des années. Quand j’ai commencé à travailler, chaque absence était remplacée dans la journée ou dès le lendemain par des personnes récurrentes et les remplacements se faisaient en fonction du diplôme de la personne absente. Ensuite, seules les absences de plus d’une semaine étaient remplacées. Puis, le remplacement se faisait à partir de 15 jours d’absence. Les remplacements se sont progressivement fait non en fonction du diplôme de la personne absente mais en fonction des personnes disponibles. Les taux d’encadrement étaient parfois à peine respectés voire plus respectés.

Il a aussi fallu se mettre à remplir coûte que coûte pour atteindre les objectifs de la CAF qui subventionne les modes d’accueil en France. Car il faut savoir que sans les subventions de la CAF, un mode d’accueil ne peut pas fonctionner ! Faire toujours plus avec toujours moins ( professionel.les, financements, budget de fonctionnement et d’investissement) !!!
Moins de professionnel.les diplômé.es, moins de remplacements lors d’absence (qu’elles soient pour maladies ordinaires, longue maladie, formation, congés, …). Les remplaçant.es et les professionnel.les sont balloté.es de structures en structures pour ne surtout pas fermer une structure s’il manque du personnel.
Ceci induit un manque de cohérence éducative, de suivi des enfants et des parents ; un épuisement des professionnel.les ; une fuite des professionnel.les vers le libéral ou vers une reconversion ; une détérioration de l’accueil et de l’accompagnement proposé aux enfants et aux parents ; …
Il est désespérant de voir que ce gouvernement décide de ne pas entendre, écouter les professionnel.les, les parents et les citoyen.nes qui s’inquiètent du devenir des futurs adultes que sont les enfants d’aujourd’hui. Il est invraisemblable qu’il est si peu d’intérêt pour les ENFANTS !!!!!

Merci pour cette initiative ! par aassens

Je me suis identifiée à beaucoup de ces témoignages qui font le constat d’une politique de la petite enfance privilégiant quantité à la qualité, au détriment de l’humain !
Je pense également comme le disait EJE INVISIBLE, le secteur de la petite enfance est invisible dans les médias pendant cette crise !
Je dirais que c’est le cas depuis longtemps ! pourtant beaucoup de professionnels œuvrent pour la faire sortir de cette invisibilité ! depuis maintenant des années ! merci à eux !
Effectivement, avant l’école les bébés/enfants sont invisibles, c’est pour cela que nous avons un ministre d’éducation et pas un ministre de l’Enfance et de la Famille !
Je suis d’accord avec WINNI PPOTE quand elle dit que « …les journées de grèves et ces témoignages doivent sous-tendre une réflexion plus profonde et action collective et impérative… », à quoi pensez-vous ?!
De ma part, ces témoignages devraient atterrir sur le bureau du Président, Ministre de la Santé et des Solidarités, Secrétaires d’état, et de tout le Gouvernement !
D’autre part, plus de personnalités de la vie sociale et culturelle, scientifique, engagées sur les causes humaines et le développement durable, devaient être sollicités et sensibilisées à la cause des enfants qui sont des personnes à part entière, sensés être protégés par la convention des droits de l’enfant, et porter ce projet dans les médias.
Conférence de presse la semaine prochaine ! à suivre !
Merci !

Burn out par ASH

Après 2 ans passé en tant qu’adjointe d’une crèche de 60 berceaux le voilà confronter à la dépression, au burn out. Le contexte : une section de 4 AP, 2 en arrêt maladie soudain et long, 1 AP relais de crèche en arrêt maladie long également. Les autres section à flux tendue, et la directrice en arrêt long aussi pendant près de de 3 mois. Moi seule sans secrétaire également. Je fais des journées à rallonges, 7h-18h parfois, devant faire face à tout cela, en section, au téléphone, au bureau, auprès des familles enfants…seule pendant 2 mois. Puis je craqué, des idées noires, une envie de ne plus y remettre les pieds…une hiérarchie absente…6 semaines d’arrêt prescrit par le psychiatre. Puis un retour pour 15 mois et un départ vers de meilleurs horizon. Je n’oublie pas. Je n’y retournerai pas.

20 ans d’expérience par Pauline

Je suis EJE. J’ai travaillé dans plusieurs endroits qui me donnent une vision claire du sujet: on ne s’en sortira pas si de telles mesures passent. Ni les parents, ni les professionnels, ni et surtout eux, les enfants.
J’ai travaillé pendant 2 ans dans une crèche privée et c’était complètement dingue: des contrats à amplitude maximum étaient vendus aux parents, aucun détachement de l’EJE, un turn-over de malade (la moitié du personnel était nouveau à une rentrée), un salaire de merde, rien ne fonctionnait derrière la vitrine parfaite montrée aux parents.
Je suis partie, écœurée. J’ai retrouvé l’associatif, une crèche qui me ressemble et je sais que nous ne pourront protéger les familles si le décret est applicable.  J’invite Adrien Taquet à venir faire un stage, je serai heureuse de l’accueillir et de constater que comme lui, nous n’avons que deux bras et un cerveau. Mais contrairement à lui nous, professionnels de la petite enfance, nous connaissons notre sujet et nous avons la légitimité de nous opposer.

Petite enfance, période critique par Lilola

Travaillant dans une unité de soin pour enfant ayant des troubles et des retards de développement, il est primordial de permettre une qualité d’accueil du jeune enfant de très bonne qualité. Ce sont des lieux essentiels et primordiaux pour déceler les troubles au plus tôt.
Ces lieux d’accueil nécessitent un nombre important de personnes accueillantes et diplômées.
On ne peut pas prendre à la légère le développement du jeune enfant, c’est l’adulte de demain et cela nécessite des moyens.