7 ans de travail en crèche et déjà épuisée par Aurélie

Je suis auxiliaire de puériculture depuis 7ans. Je me considère encore comme un « bébé » dans la profession. J’ai toujours été passionnée par l’univers de la petite enfance. Mais, depuis que j’y suis entrée, j’ai commencé à déchanter.
Comment mettre en pratique la bienveillance, l’individualité, la sécurité physique et affective, le bien-être d’un enfant quand on a 18 enfants de 2mois et demi à 1 an pour 4 professionnelles ?? Ou 23 enfants de 15 mois à 3 ans et demi pour 4 professionnelles ??

Les quotas d’accueils sont « respectées » selon la loi.. Mais ils ne respectent pas le bien-être des enfants mais également des professionnels !

Nous passons notre temps à courir, on prend le temps de se « poser » avec un enfant qui a besoin de nous pendant à peine 2 à 5 min de temps en temps car on finit pas culpabiliser de « délaisser » les autres pendant ces 5 min.

Les temps de repas individuel (chez les bébés) deviennent des moments sans partage car on essaye de faire au plus vite pour passer au suivant pour que le maximum d’enfants aient mangé avant le départ en pause de la première pro.

Oui, parce que parlons en des pauses des professionnelles !! Le quota de 1 pro pour 5 non marcheurs est respecté sur l’amplitude horaire en fonction des arrivées et départs des enfants. Mais pendant les pauses ??? Et bien, dans une section de 18 bébés, on se retrouve à 2 pour 18 enfants pendant généralement 2h à 2h30.. Mais ça ne semble pas déranger qui que ce soit ?? On estime que la plus part des enfants dorment après le repas.. Et bien non et parfois les 18 sont éveillés en même temps et ça devient 2h de calvaire..

Ces quelques lignes ne témoignent même pas d’un quart de ce qu’il se passe en structure..

  • surquota certains jours pour combler le manque d’un autre
  • manque de professionnelles ou pas de remplacement lors de congés ou d’arrêts
  • parents mécontents lors d’une morsure, blessures, griffures ou autre (et oui, on a pas les yeux partout avec autant de petit bouts à surveiller)
  • heures supplémentaires souvent non payées mais rattraper quand c’est possible.
  • stagiaire qui finalement remplace une pro au lieu d’être là pour se former et apprendre..

Et j’en passe.. Comment former et motiver correctement une stagiaire quand soit même on ne croit plus en la façon dont on travail ?? L’avenir de la profession m’inquiète fortement.

Aujourd’hui, j’en suis arrivée au bout de 7 ans à me demander si je ne devais pas changer de métier pour tenter de m’épanouir professionnellement.

C’est tout de même triste..

Ce n’est pas un rêve par Lowrained

Je suis dans le domaine de la petite enfance depuis plus de 10 ans maintenant. En 10 ans, j’ai vu ce milieu évoluer et s’intensifier. Ça fait 5 ans que je suis Éducateur de jeunes enfants. Pendant 3 ans d’études, on nous apprend à connaître et comprendre le développement des enfants, à travailler en équipe et avec les familles.
La réalité du terrain est beaucoup moins idyllique. Les discussions et les combats interminable autour du taux de remplissage et de présence, la négociation des budgets, les conflits, les Parents qui découvre que oui c’est un métier de travailler avec des enfants…
Je suis en crèche parentale depuis plusieurs années et tous les ans je fais face à des familles surprises que j’ai fait 3 ans d’études supérieures pour faire ce métier (après tout c’est bien connu tout le monde peut d’occuper de bébés).  Aujourd’hui, je fais face à des familles qui en demandent toujours plus, toujours plus d’activités ( il fait toujours la même chose), toujours plus de sorties, toujours plus de tout.
Un gouvernement qui en demande toujours plus aussi, plus d’enfants pour plus d’argents mais avec moins de moyens et le même nombre de professionnels.
Travailler dans la petite enfance ce n’est pas beau, ce n’est pas gentil et facile. Il faut d’avoir s’accrocher et le faire par passion, être mentalement fort.

7 ans, une étape à passer… par Alexia

Professionnel de la petite enfance depuis 7ans, et malheureusement, comme les couples, une étape difficile à passer.
Aujourd’hui, j’en peux plus. Je fais toutes mes tâches par automatisme.
Par exemple, les changes se passent rapidement, sans grand moment d’échange, tous ça car ma collègue est souvent seule, que 15 autres enfants doivent être changer et qu’on ne s’arrête pas une seconde.
Je ne parle même pas de l’entente entre collègues qui devient difficile car on nous demande d’être toujours parfait et au top, se qui se répercute dans nos relations professionnelles.
On doit réfléchir à nos moindres faits et gestes, car aujourd’hui la douce violence est partout, et qu’on prend trop de recul sur l’enfant..
Je pense qu’il serait temps de mettre des robots à notre place car l’humain n’est pas en capacité d’être aussi parfait et à la fois efficace que ce qu’on demande en crèche.

Auxiliaire de puériculture par Marie

Après 30 ans de carrière et toujours une grande passion pour mon métier, je suis toujours heureuse d’aller travailler. Malheureusement, aujourd’hui mon quotidien me pèse terriblement. Les conditions de travail se sont tellement dégradées…
Accueillir toujours plus, remplacer les absents, instaurer des règles militaires pour parvenir à s’organiser… Je ne comprends plus ma place auprès des tout-petits. Il faut être bienveillant et à l’écoute, et oh combien cela est primordial pour moi… Mais la réalité, c’est que cela demande une capacité d’adaptation excessive de tous les instants et sans limite…
Je travaille avec une équipe formidable où les mots-clés sont bienveillance et attention individuelle… Résultat, on est toutes épuisées car la réalité du quotidien a eu raison de nous
Je suis profondément attristée de voir le peu de considération que les politiques et les institutions ont envers ces tout-petits… Alors pour nous envoyer faire des formations formidables, c’est bien mais nous proposer des conditions de travail pour les appliquer est un tout autre sujet…Il faut que cette mascarade cesse !

EJE en RAM par Titanic

Après 10 ans dans une halte-garderie devenue multi accueil, et malgré une équipe motivée, mais maltraitée par les instances, la mairie, la communauté de commune, les diverses entreprises de crèches lors du passage en DSP (Délégation de Service Public), la directrice de la structure (qui n’était pas en reste…), j’ai changé de poste et me suis retrouvée en RAM.
De là, gros changement, je me suis sentie revivre professionnellement. Et puis, les logiques financières ont aussi rattrapé cette agglo. Mais malgré cela, je me sens toujours motivée et me service reste encore préservé pour le moment malgré quelques coupes budgétaires.
Je suis cependant désespérée de voir que le bateau coule, malgré toutes les bonnes volontés (en accueil collectif ET individuel). Des professionnelles épuisées, fatiguées par le contexte, les parents, les incompréhensions, les instances qui vous baladent de l’une à l’autre…
Les étudiants EJE qui ne veulent sous aucun prétexte aller travailler en EAJE après leurs expériences en stages, un comble!
En RAM, on le constate au quotidien. La CAF qui pond des bilans, illisibles et totalement hors sol,  tous les ans, puis tous les trois ans, bilan de fonctionnement, de projet, annuel, prévisionnel, réel… où CHAQUE fois, on écrit la même chose, on se répète… tout ce temps perdu que nous n’utilisons pas pour nos usagers, pour faire vivre notre relais. Tout ce temps à courir après les instances censément compétentes qui renvoient les usagers vers le RAM (qui ne doit faire que de l’information de premier niveau, la blague!), usagers totalement perdus et pour qui, le RAM est le dernier recours.
Sans compter les nouvelles missions avec les ordonnances… on continue à charger la mule! Plus de missions (alors que les relais en ont déjà tout leur comptant) avec le même nombre d’animateurs… Combien de mes collègues sont épuisés, au bout du rouleau, broyés par ce système?
Pour le moment, je suis toujours autant motivée. Je ne remercierai jamais assez mes collègues de mon ancien EAJE, qui ont vu avant moi, mon épuisement à ce poste que j’aimais tant, avec une équipe d’enfer malgré les contraintes.  C’est grâce à elle que j’ai retrouvé un équilibre. Mais pour combien de temps?
Messieurs les décideurs, les élus (de tour bord et de tout niveau, du maire au président), réveillez-vous! Ne vous étonnez pas de finir dans un EHPAD délabré où vos enfants ne viendront pas vous voir, de voir les incivilités exploser, lorsque de l’autre côté, vous traitez vos enfants comme des poules de batterie…
Pour être bientraitant, il faut être bien traités. Nelson Mandela disait : « Il ne peut y avoir plus vive révélation de l’âme d’une société que la manière dont elle traite ses enfants »

Laissez nous prendre soin des enfants par EJE en colère

J’aimais mon métier, être au service des familles, leur promettre un accompagnement dans la bienveillance et le respect du rythme de leur enfant. Mais voilà, la course au remplissage ne me permet plus d’accomplir mes missions correctement.
Je suis devenue une remplaçante pour boucher les trous, parce qu’il n’y a plus de remplaçantes, et de plus en plus d’enfants à gérer. Je n’abandonnerai ni mes collègues qui doivent gérer de plus en plus d’enfants, ni les enfants qui ont besoin d’une attention toute particulière. Les réunions d’analyse de la pratique sont supprimées, nécessaires pourtant. Mais le remplissage est devenu la priorité, plus de temps pour les réunions d’équipe, il faut remplir la crèche.
Non nous ne pouvons répondre aux besoins des enfants, qui seront pourtant les adultes de demain. Je rentre le soir épuisée, frustrée de ne pas avoir vu tous les enfants, frustrée de ne pas pouvoir réfléchir à des projets, de ne pas pouvoir répondre correctement aux besoins des enfants.
J’aimais mon métier, oui, mais voilà je ne peux plus le faire correctement. Alors voilà, la qualité de l’accueil n’est pas compatible avec cette course au remplissage! Je suis dégoûtée de ce manque de considération pour l’enfant et son développement.
J’aimais mon métier, mais s’il n’y a pas de prise de conscience que nous gérons des usines à bébé, alors ce beau métier, que j’exerce depuis 1996, je vais le quitter, je ne suis plus en accord avec ces pratiques qui ne respectent ni les enfants ,ni les professionnels.

De la poudre aux yeux par Melanie

Auxiliaire de crèche, je travaille dans une section qui accueille 20 bébés pour 4 pros. Oui 4 pros, en tout et pour tout. Nous sommes à 4 seulement 2h dans la journée. Mais bon, on a un super projet pédagogique avec des mots magiques qui rassurent les parents donc ca va… La face cachée? Répartir les bébés dans les dortoirs pour étaler les pleurs et faire en sorte que ce soit un peu moins pénible pour les pros comme pour les enfants. Devoir dire aux parents  » oui ça a été » alors qu’on en sait rien, souvent, trop d’enfants, trop …
Nous sommes passionnées, bienveillantes, on fait de notre mieux, on se serre les coudes … Mais c’est loin d’être suffisant.

Poste aux multiples facettes par Puéricultricefatiguee

Déjà en premier lieu, j’ai eu du mal à me positionner entre multi accueil, politique petite enfance, RH… Oui, pas simple de trouver sa place dans un poste où je suis multi taches.

À 100%, je suis à la fois en direction d’une crèche de 30 berceaux, l’infirmière de cette structure et infirmière de 2 multi accueils de 12 places chacun. A côté de ça, je suis responsable/coordinatrice petite enfance d’un territoire qui comprend les 3 multi accueils (30 places, 12 places et 12 places) et un relais d’assistants maternels. J’ai comme mission de réaliser la politique petite enfance dans le poste de coordination au sein d’un service commun qui complique la cohérence politique, les décisions… mais aussi gérer le patrimoine, l’investissement, monter les projets voire les nouveaux projets… Je suis épuisée.

Mon poste correspond à un temps de travail de plus de 200% au quotidien et en continu… Et pourtant la PMI valide sans se rendre compte des problèmes.

Mon rôle infirmier est quasi inexistant, je travaille le soir chez moi, je ne dors plus… Sous 3 traitements pour essayer de tenir le choc… Et un des traitements depuis peu m’a rendu complètement confuse donc je tente un autre traitement… Voilà la maltraitance institutionnelle que je vis au quotidien.
La personne avant moi a quitté le poste pour burn-out…
Combien de temps vais je tenir ? Qu’est ce que nous offrons comme qualité pour les enfants et les familles quand nous sommes nous même maltraités….

Une infirmière puéricultrice épuisée…

Avec le temps ça change par Manncoco

Cela fait 8 ans que je travaille dans le même multi accueil, nous avons changé de prestataire (privé bien connu) il n’y a que le rendement qui compte, toujours plus d’enfant mais moins de personnel pour économiser sur le budget de la crèche on se débrouille avec le minimum du personnel en faisant des journées avec heures supplémentaires que l’on rattrape pas quand on le souhaite mais quand on peut.

Maltraitance institutionnelle par Vahiné

Plus de 20 ans d’ancienneté et j’ai bourlingué dans plusieurs départements et sur des structures de différente taille.
Je pense être une pro investie à l’écoute et qui prend soin des équipes. A chacun de mes départs, mes équipes me regrettent. Aujourd’hui, j’ai le poste que je recherchais. Petite crèche associative de village équipe au top, grande implication, motivée, heureuse de venir travailler. Je suis cadre bon salaire, grande autonomie une équipe de rêve et pourtant je me sens usée.
Usée de me battre pour que mon équipe soit bien et travaille dans de bonnes conditions, usée par la maltraitance institutionnelle, par une certaine incompétence des administrations, par les injonctions contradictoires des institutions, usée de me battre pour que la qualité d’accueil soit bonne, que le bien être au travail soit respecté, usée d’avoir une pmi inexistante ou presque, une caf où une seule personne assure, de devoir faire le boulot de pôle emploi, la mission locale et j’en passe….
Je me bats pour que les conditions de travail soient bonnes et que l’équipe soit bien car il me semble que c’est la base. Car, grâce à ça, j’ai une équipe heureuse investie très peu d’absentéisme. Avoir une équipe heureuse coûte moins chère alors pourquoi on doit galérer pour juste ça. Un accueil de qualité pour les familles et les enfants aussi c’est pareil. Je ne suis pas économiste ni commercial mais il me semble que miser sur la qualité d’accueil et le bien être au travail est bien plus rentable.
Je me bats pour avoir 3 pros pour 12 grands et 3 pros pour 10 bébés . Pour remplacer les absences. Je prends tout sur moi pour préserver mon équipe et je me rends compte que c’est à mes dépends et ma santé physique et mentale en prends un coup.
Pourquoi doit on en arriver là juste pour travailler correctement dans un domaine d’utilité publique…😢