J’aimais mon métier, être au service des familles, leur promettre un accompagnement dans la bienveillance et le respect du rythme de leur enfant. Mais voilà, la course au remplissage ne me permet plus d’accomplir mes missions correctement.
Je suis devenue une remplaçante pour boucher les trous, parce qu’il n’y a plus de remplaçantes, et de plus en plus d’enfants à gérer. Je n’abandonnerai ni mes collègues qui doivent gérer de plus en plus d’enfants, ni les enfants qui ont besoin d’une attention toute particulière. Les réunions d’analyse de la pratique sont supprimées, nécessaires pourtant. Mais le remplissage est devenu la priorité, plus de temps pour les réunions d’équipe, il faut remplir la crèche.
Non nous ne pouvons répondre aux besoins des enfants, qui seront pourtant les adultes de demain. Je rentre le soir épuisée, frustrée de ne pas avoir vu tous les enfants, frustrée de ne pas pouvoir réfléchir à des projets, de ne pas pouvoir répondre correctement aux besoins des enfants.
J’aimais mon métier, oui, mais voilà je ne peux plus le faire correctement. Alors voilà, la qualité de l’accueil n’est pas compatible avec cette course au remplissage! Je suis dégoûtée de ce manque de considération pour l’enfant et son développement.
J’aimais mon métier, mais s’il n’y a pas de prise de conscience que nous gérons des usines à bébé, alors ce beau métier, que j’exerce depuis 1996, je vais le quitter, je ne suis plus en accord avec ces pratiques qui ne respectent ni les enfants ,ni les professionnels.