EJE en RAM par Titanic

Après 10 ans dans une halte-garderie devenue multi accueil, et malgré une équipe motivée, mais maltraitée par les instances, la mairie, la communauté de commune, les diverses entreprises de crèches lors du passage en DSP (Délégation de Service Public), la directrice de la structure (qui n’était pas en reste…), j’ai changé de poste et me suis retrouvée en RAM.
De là, gros changement, je me suis sentie revivre professionnellement. Et puis, les logiques financières ont aussi rattrapé cette agglo. Mais malgré cela, je me sens toujours motivée et me service reste encore préservé pour le moment malgré quelques coupes budgétaires.
Je suis cependant désespérée de voir que le bateau coule, malgré toutes les bonnes volontés (en accueil collectif ET individuel). Des professionnelles épuisées, fatiguées par le contexte, les parents, les incompréhensions, les instances qui vous baladent de l’une à l’autre…
Les étudiants EJE qui ne veulent sous aucun prétexte aller travailler en EAJE après leurs expériences en stages, un comble!
En RAM, on le constate au quotidien. La CAF qui pond des bilans, illisibles et totalement hors sol,  tous les ans, puis tous les trois ans, bilan de fonctionnement, de projet, annuel, prévisionnel, réel… où CHAQUE fois, on écrit la même chose, on se répète… tout ce temps perdu que nous n’utilisons pas pour nos usagers, pour faire vivre notre relais. Tout ce temps à courir après les instances censément compétentes qui renvoient les usagers vers le RAM (qui ne doit faire que de l’information de premier niveau, la blague!), usagers totalement perdus et pour qui, le RAM est le dernier recours.
Sans compter les nouvelles missions avec les ordonnances… on continue à charger la mule! Plus de missions (alors que les relais en ont déjà tout leur comptant) avec le même nombre d’animateurs… Combien de mes collègues sont épuisés, au bout du rouleau, broyés par ce système?
Pour le moment, je suis toujours autant motivée. Je ne remercierai jamais assez mes collègues de mon ancien EAJE, qui ont vu avant moi, mon épuisement à ce poste que j’aimais tant, avec une équipe d’enfer malgré les contraintes.  C’est grâce à elle que j’ai retrouvé un équilibre. Mais pour combien de temps?
Messieurs les décideurs, les élus (de tour bord et de tout niveau, du maire au président), réveillez-vous! Ne vous étonnez pas de finir dans un EHPAD délabré où vos enfants ne viendront pas vous voir, de voir les incivilités exploser, lorsque de l’autre côté, vous traitez vos enfants comme des poules de batterie…
Pour être bientraitant, il faut être bien traités. Nelson Mandela disait : « Il ne peut y avoir plus vive révélation de l’âme d’une société que la manière dont elle traite ses enfants »