Marre de ne pas être considérés par Papillon

Depuis plusieurs années, les connaissances sur le développement des jeunes enfants, leurs propres besoins ne cessent de croître. Plusieurs rapports demandés par les gouvernements (Giampino, rapport des 1000 jours) ne cessent de mettre en avant ces connaissances. Et pourtant, la réponse des décideurs n’est vraiment pas en adéquation avec les préconisations de ces rapports. Et, pendant ce temps, les conditions d’accueil des jeunes enfants ne cessent de se dégrader.
A quand une véritable prise en compte  des besoins des jeunes enfants dans les prises de décision règlementaires ?
Je tiens à rappeler que les enfants d’aujourd’hui seront les adultes de demain. Et je ne cesse de penser que plus nous aurons les moyens d’accompagner au mieux les jeunes enfants au plus proche de leurs besoins, de leur offrir un véritable accueil de qualité ainsi qu’à leurs familles, moins nous dépenserons d’argent demain dans des prises en charge. Les trois premières années de vie sont fondamentales dans le développement de tout individu.
A quand une réelle reconnaissance de ces premières années de vie et de tout le travail fourni par les professionnels de la petite enfance ???

Pas moyen de travailler… par Pseudo/référente/technique

J’ai été engagée en tant que référente technique d’une micro-crèche par une gestionnaire n’ayant pas de diplôme dans la petite enfance mais ayant décidé d’ouvrir sa crèche…
Résultat : elle est sans arrêt présente en section auprès des enfants, se présente aux familles et à l’équipe comme étant la directrice et moi la « responsable pédagogique ». Elle considère notamment que 2 fois 2 heures de détachement sont suffisantes dans la semaine pour accomplir mes tâches… Vaste blague. Je ne me sens pas reconnue, entendue, crédible… À quand la fin de ce genre d’abus de pouvoir ridicule !
Je suis frustrée et n’ai plus de motivation ou même de confiance dans mes capacités…

Mobilisez vous !!! par Val92

EJE depuis 2003 suite à une reconversion professionnelle, j’ai assisté en quelques années à une dégradation de la qualité d’accueil de l’enfant et de sa famille qui m’interpelle.
Pourquoi étions si peu lors de la journée de manifestation à l’initiative de Pas de Bébés à la Consigne ?
Si nous bougeons toutes et tous, nous pourrions avoir gain de cause et sensibiliser un maximum de personnes à ce naufrage. Les enfants méritent notre plus grande attention et devraient faire l’objet du plus grand soin. Au lieu de cela, on voit se mettre en place une logique économique qui est une insulte à la Pédagogie, au rythme singulier de chacun, à un aménagement de l’espace digne de ce nom avec du matériel riche et adapté au développement. Il ne suffit pas de remplir des tableaux statistiques avec des taux de fréquentation qui frisent la bêtise au détriment du bien être de chacun (et les conditions de travail des pros en font partie).
Je reste sur le terrain en tant que militante et formatrice auprès de futures EJE. Nous ne devons pas déserter le terrain mais l’occuper en défendant haut et fort les valeurs qui sont les nôtres.

« amusez-vous bien » qu’ils disent! par Raslebol83

Je suis Eje depuis 2012, j’ai travaillé dans plusieurs structures, privées, municipales, 30 berceaux, 60 berceaux et pour finir micro-crèche.
Peu importe le nombre d’enfants accueillis, la détresse des professionnels est la même : aucune reconnaissance, de plus en plus de responsabilités, de ménage, d’objectifs à atteindre, avec de moins en moins de moyens, de temps et d’énergie. Et un salaire ridicule qui reflète bien la méconnaissance de notre métier, de nos responsabilités (nous nous occupons « que » d’enfants voyons…pas besoin de diplômes pour ça n’est-ce pas?) et le dédain de nos dirigeants … je suis dégoûtée de ce quotidien où notre travail est perçu comme une partie de plaisir… »amusez-vous bien » qu’ils disent!
Et alors pourquoi pas rajouter des enfants tout en réduisant l’espace et en parlant de bienveillance bien sûr… nous ne sommes invisibles mais indispensables…à quand la prise de conscience ?

Situation terrain concrète par Flavioute

Dans cette crèche, le groupe des plus âgés était régulièrement scindé, une partie en salle de vie, l’autre dans le dortoir. Dans ce dortoir, situé à l’autre bout de la structure, séparé par un long couloir et sans autre moyen que l’interphone pour communiquer avec le reste de l’équipe, il y avait également un plan de change, point d’eau et WC enfant. Hors temps de sieste, les lits barquettes étaient empilés dans un coin de la salle afin de dégager un espace de jeu.
Me voilà donc, avec un groupe de 8 enfants, pour un atelier le matin, puis avec un groupe de 8 pour préparer les enfants à la sieste et encore avec un groupe de 8 enfants après le gouter.
En bref, je passe la journée seule avec des enfants dans cette salle, sans échange avec mes collègues, sans relais… Isolement total. Je fais du gardiennage.
Plus en détail et pour l’exemple, je voulais vous parler de la réparation à la sieste. Il m’était donc demandé de « gérer » un groupe (toujours 8) : leur proposer un jeu libre et faire les changes. Imaginez-vous pendant que vous changez un premier enfant (je passe le manque d’ergonomie de l’accès au point d’eau), de voir un deuxième enfant escalader les lits comme une échelle et un 3eme en mordre un 4eme, sans pouvoir agir autrement qu’en verbalisant…
Insécurité pour les enfants, insécurité pour l’adulte, temps individuel lors du change inexistant, frustration de ne pas pouvoir accompagner les enfants…
J’ai rapidement quitté cette structure. A l’évocation des situations rencontrées qui m’apparaissaient impossibles, incohérentes et dangereuses, pas de remise en question de l’organisation. Je suis seulement incompétente.
Cela fait 3 ans que j’ai quitté cette structure, j’en ai encore mal au ventre quand je l’évoque.

La honte par Ecœurée

Je suis éducatrice de jeunes enfants. Après 8 ans d’exercice, je décide de me reconvertir afin de ne pas dépérir. Comment une telle disparité entre la théorie que l’on nous dispense pendant nos études et la réalité du terrain peut-elle exister à ce point? J’en ai vu des vertes et des pas mûres. Il suffit de lire les divers témoignages pour se rendre compte qu’il y a un sérieux problème dans la petite enfance. Messieurs, mesdames les politiques, n’avez vous pas honte?
Je me demande si vous êtes véritablement construit sur le même modèle humain que nous, à savoir avec des neurones qui fonctionnent, mais surtout un cœur. Comment peut on laisser les adultes de demain devenir de simples paquets, des chiffres? Oui, j’ai honte pour vous, qui ignorez les acteurs de la petite enfance qui vous expliquent pourtant par A + B que vos méthodes ne sont pas les bonnes. Que sommes-nous pour vous? Des petites gens qui sommes trop bêtes pour proposer des solutions? NOUS sommes sur le terrain! Pourquoi demandez-vous le rapport des 1000 jours? C’est de la poudre aux yeux? Pour nous calmer un temps, faire croire aux parents que vous prenez en compte leurs enfants? Vous êtes dégoûtants. J’attends un bébé aujourd’hui, et pour rien au monde je ne le mettrai en crèche. Je suis dégoûtée de mon métier qui est à la base une réelle passion. Aujourd’hui, j’ai décidé de me protéger et je quitte le navire qui coule et qui va rejoindre ses copains l’hôpital et les EHPAD. Honte à vous!

Soyez un robot, si vous voulez garder votre boulot par Super Woman

Quand j’ai commencé dans ce domaine, je voyais la vie en rose. J’ai été tellement bien avec les collègues, avec les enfants avec les parents.
Nous étions 3 adultes pour 10 bébés mais quand il y a une absente on se retrouve à 2. On fait de notre mieux, on se plaint pas quelque mois après, je commence à souffrir des troubles musculo squelettiques. Je suis passé chez le médecin de travail qui m’a demandé une restriction de charges lourdes. Le lendemain de la visite médicale, la directrice me demande le compte rendu de la visite. Je lui ai tout expliqué et 5min après me convoque au bureau pour l’après-midi en présence de la coordinatrice de la petite enfance!!!!
Non non non pas pour me parler de la visite médicale , mais me sort un rapport écrit à la main en me reprochant plein de choses… Pour tout cela, mon contrat ne sera pas renouvelé.
En sachant que mon évaluation a été bien notée il y a 2 mois de cela et ces faits m’ont jamais été reproché auparavant. Bref les collègues, l’éducatrice sont toutes sous le choc.
Comment a-t-elle pu prendre cette décision très lourde sans avoir l’opinion des collègues ou au moins de l’éducatrice qui est présente tout le le temps dans les sections alors qu’elle est tout le temps enfermée dans son bureau?
J’ai appris par la suite que qu’elle était obligée….par qui ??? Aucune idée. Je suis rentré dans une phase de dépression. J’essaye de me relever petit à petit.
Je ne cherche plus à savoir le pourquoi du comment???
Par contre, j’ai un petit résumé : dans ce domaine, il faut toujours être en forme, toujours en bonne santé, toujours souriante, patiente même avec des mauvaises conditions. Dès que tu perds ta santé, on te jette comme une chaussette.

Communication, soutien managérial et optimisation sont les maitres mots de notre feuille de route en 2021 ! par Vert Dodu

Le système éclate.
Nous avons raté le coche en 2010 quand déjà nous descendions dans la rue pour contester prédire de ce qui allait se passer.
Nos valeurs sont bafouées, les enfants égratignés, les parents consommés, les professionnels compressés.
Voici notre feuille de route pour 2021 :
– Communication !
– Soutien managérial !
– Optimisation !
Vous devez penser que je bosse chez Leroy Merlin…
Trop de souffrance, je ne me reconnais plus alors je pars pour retrouver santé mentale et liberté de travail.
Ah, au fait hier, la petite R. jeune trisomique de 8 mois m’a fait un sourire….

Temps de travail prévu uniquement auprès des enfants! par Lili

Comment, quand le temps de travail des équipes est prévu uniquement en présence des enfants, pouvons-nous réfléchir à nos pratiques professionnelles? A nos comportements, à nos mots, à nos agissements?
Comment pouvons nous assurer notre mission de veille professionnelle?
Comment pouvons garantir un accueil de qualité, respectueux et bienveillants? Comment?

Nous recevons sans cesse des injonctions mais pas de moyens! Alors, soit, comme on me le conseille souvent, on se contente d’accueillir sans réfléchir, en faisant strictement nos horaires et en pensant à autre chose en rentrant à la maison… mais moi je ne peux pas! Ce travail, je l’ai chevillé au corps, c’est aussi une passion, c’est surtout un partage de chemin de vie avec de jeunes humains, je ne peux pas faire comme si de rien! Soit on rogne sur notre temps personnel pour mettre en place des réunions, lire des livres, penser et élaborer de nouveaux projets, créer des jeux, des animations… Soit on profite du confinement!!! Mais quelle invention formidable le confinement! J’ai adoré être confiné! Et oui, confinement rime avec structure fermée au public et donc avec du temps! Du temps pour penser et réfléchir, seule d’abord puis en réunions visio avec les collègues pour partager, confronter, argumenter, revisiter ses pensées, ses connaissances, ses pratiques professionnelles! Comme ça, avec mes collègues, on a créé une charte d’accueil du jeune enfant, repensé l’organisation des temps de repas, de change, de départ le soir, harmonisé nos pratique (certaines utilisant le change physio d’autres non)… Et oui, parce qu’au quotidien, on observe ce qui fonctionne et dysfonctionne mais après des journées de 10h sans pause, ce ne sont les dernières 15 minutes, dites de transmissions, qui nous permettent de changer quoi que ce soit! C’est triste et révoltant!
Comment nos gestionnaires, notre ministère peuvent penser qu’accueillir un enfant se résume à être présent en même temps que lui à la crèche! NON ! Il nous faut du temps en amont et en aval pour penser, réfléchir, organiser, cheminer en pensée, évoluer, se remettre en question, faire de nouvelles propositions, les évaluer… Ce temps doit être compris dans notre temps de travail et rémunérer! Il doit être valorisé, encouragé, reconnu! #jesuisprofessionnelledelapetiteenfancepasbénévole!

Les pauses (bis) par MaryPoppins

  • 2 pros pour 15/16 grands
  • 2 pros pour 12 moyens

Aux dortoirs les premières professionnelles mangent à 12h15 jusqu’à 12h45.
Et les deux d’après sont en coupés. Celle des grands de 12h45 à 14h, celle des moyens de 12h45 à 13h45.
Les filles sont donc seules dans les dortoirs avec leur groupe d enfants.
Et comment ça se passe quand les enfants se réveillent ?
Et bien pas le choix : on les oblige à rester allongé, calme sur leur couchette, et quand ils sont trop nombreux la professionnelle sort du dortoir et laisse les enfants qui dorment sans surveillance.
La porte reste entre ouverte.
Et, bien sûr, comme elle est seule, les enfants ne sont pas changés tant que l’autre pro ne revient pas de pause.
Et c est l’horreur parce que pendant que l’on en habille un, les autres sans surveillance, crient ou courent, se tapent, jettent les jouets, se font pipi dessus…
Comment c’est possible d accepter ça ?
Je suis tellement dégoûtée de travailler comme ça…