rentabilité par Elsa

Le mot à la mode depuis quelques année !
 « Rentabilité »…. Crèche publique, encore pas trop mal lotie comparée à de nombreuses crèches privées….. Et pourtant l’accueil s’est dégradé. Des postes supprimés, des postes non remplacés et on nous demande de faire un accueil au top qualité avec toujours des moyens humains en moins. Des élus qui nous culpabilisent en nous disant que si nous n’y arrivons pas c’est que nous ne sommes pas organisés. Aucune reconnaissance de notre métier, aucun respetc pour nous et de ce fait aucun respect non plus pour les enfants que nous accueillons. De plus en plus de personnel avec des soucis de santé et qui doivent se reconvertir, de plus en plus de mal être. Et les enfants subissent notre « non disponibilté » et notre épuisement.

Nous ne sommes pas des super héros mais des professionnelles par mag

J’aimerai savoir comment on peut aider les familles et les enfants à grandir sereinement quand on nous demande de remplir , de remplir. ..Quelles répercussions cela va avoir pour ces petits êtres en devenir surtout dans les sections de bébés 3 mois/18 mois ou les professionnelles doivent apporter toute leur attention . Nous sommes formées car notre travail nous interroge au quotidien et nous devenons des robots. Il m’arrive de culpabiliser car le temps me manque , nous manque pour un mot, un sourire, un jeu, bref arrêter de réfléchir monsieur les politiques , ouvrez les yeux sur le réalité du terrain de la petite enfance, de l’enfance. Ecoutez nous , nous fatiguons .Nous faisons offices d’ éducateurs, psychologues, assistantes sociales, médecin parfois, parents  aussi. Nous sommes pas des super héros mais des professionnelles

Quelle considération ! par MR

Je travaille en tant qu’EjE dans un multi-accueil municipal depuis 1 an 1/2.
Et que dire, que dire….
Gros turn over d’eje. Je comprends pourquoi. Heureusement que c’est une équipe super qui permet de trouver un peu d’envie dans ce travail.
Nous sommes toujours a flux tendu dans le taux d’encadrement. J’ai officiellement 10h d’administratif par semaine à effectuer en tant qu’adjointe, mais je suis aussi comptée dans le planning. Bien sûr et quoi qu’il arrive, les enfants sont ma priorité ! Quand j’arrive à faire 3h bout à bout dans la semaine, je suis contente.
C’est une équipe super, mais avec beaucoup de choses à travailler. Le problème étant de savoir quand c’est possible. Au départ 1 réunion par section par semaine (quand c’est possible), sans faire d’heures sup s’il vous plaît. Réunion dans la salle des grands de 14h a 15h, avec les enfants sur les genoux dès 14h15. J’ai dit stop et réclamé des réunions le soir. L’équipe suit, pas de soucis (depuis le temps qu’elles attendaient). Mais le covid a bon dos…. Pas après le couvre-feu, pas à plus de tel nombre (donc stagiaires pas invités, super pour un stage long d’éduc), puis encore moins nombreux. Bref pas de réunions quoi….. On va attendre pour bosser la communication et la bienveillance !
Et cette semaine, c’est le pompon…. Reprise après confinement. Les 40 enfants reviennent. Ce n’est pas le cas des agents. 4 absents et 1 seule remplaçante. Résultats, tout le monde fait des heures en plus pour compenser et essayer d’être au moins dans les taux d’encadrement. Pour le confort, on attendra un peu…
Bref, débrouillez-vous, épuisez-vous…
Et malheureusement, c’est à peu près pareil dans toutes les structures où j’ai travaillé !

Burn out par Laure

Bonjour,  je souhaitais témoigner sur le sujet du burn-out en lien avec notre travail.
J’ai quitté mon ancien travail parce qu’il y avait beaucoup trop de choses qui n’allait plus, comme être constamment en sous-effectif ou réaliser des projets et des projets en permanence, plus des formations imposées. Le seul retour qu’on entendait était le rendement, le remplissage… Aucune reconnaissance. On s’épuisait également à trouver du temps pour faire le point sur nos formations, faire des réunions d’équipes et réunion psy… Des heures supplémentaires encore et encore…
Aujourd’hui, je suis dans une structure où la reconnaissance est présente par la direction mais nous sommes toujours tenu au remplissage et au rendement… Et les enfants dont on s’occupe dans tout ça, et l’épuisement des professionnels qui continuent à bout de souffle malgré le sous effectif, le turn-over, qui s’épuiseront jusqu’à atteindre leur limite, qui s’arrêteront à leur tour car trop c’est trop… Et celles qui, comme moi, ont atteint le burn-out… Dans les structures actuelles, il faut que le nombre d’accueil d’enfants soit au maximum et que le nombre de professionnels soit au minimum 🤔.

Ce n’est pas comme ça que ça marchera…
Les professionnels sont usés. Les réformes ne penchent pas du bon côté de la balance…
Et cette crise sanitaire qui a rajoute, comme si ça ne suffisait pas… Une réorientation s’impose pour moi. 😑

Un beau métier, bien gâché, MERCI !!

courage par DYL

AP depuis 22 ans, récemment EJE, je m’accroche car je suis passionnée par la petite enfance. Accompagner les familles au quotidien, aider les enfants à grandir, jouer, chanter, donner les repas, faire les changes, observer, écrire, faire des réunions……….. c’est un métier qui demande beaucoup d’énergie et de passion
Mais la réalité du terrain est tout autre… l’envers du décor
Aidons nos petits à devenir des grands de demain sans nous en rajouter et aidez nous….

Absentéisme et non-remplacement par Bénédicte

Lundi matin, 7h30. Je suis d’ouverture, je regarde le planning des enfants : 22 prévus.  Sur 6 collègues auprès du groupe, 3 sont en arrêt, 1 est en cuisine à remplacer la collègue arrêtée et une autre arrive à 10h.
Cela fait déjà 3 semaines que chacune notre tour nous compensons pour faire au mieux pour les enfants et leur famille. 3 semaines qu’on a un rythme métro-boulot-dodo, au détriment de nos conjoints et enfants.
3 semaines que, chacune notre tour, tirons sur la corde, dans le but de préserver tant bien que mal un accueil de qualité, pour ne pas laisser les collègues dans la panade.
Ce lundi-là, j’installe, j’accueille parents et enfants, je console les chagrins, veille à la sécurité de chacun, je change les couches. Ma collègue lâche les tâches en cuisine et viens me prêter main forte. À 8h30, j’appelle la RH, qui me dit faire de son mieux et me souhaite bon courage. Puis je contacte la responsable de secteur, qui me dit que 2 intérimaires vont arriver à 8h et 9h. Ah, ben, non, celle de 8h n’est pas là ! Et celle de 9h est prévue chez les bébés… Je m’entends dire que la personne prévue chez les bébés doit venir sur le groupe, que je dois contacter la collègue de 10h pour qu’elle vienne plus tôt . Lorsque je suggère que l’on demande aux parents ne travaillant pas de garder leur enfant, je m’entends répondre textuellement : « vous êtes en nombre (3), vous acceptez tous les enfants. Je n’ai pas d’arguments pour expliquer aux parents que l’on refuse leur enfant. À chacune de faire des efforts et faire preuve de conscience professionnelle ».
Ma démission était déjà donnée, sinon la responsable l’aurait eue le lendemain.
Je ne supporte pas cette politique de remplissage au détriment de la qualité d’accueil. Ça en devient du gardiennage.

Marre de ne pas être considérés par Papillon

Depuis plusieurs années, les connaissances sur le développement des jeunes enfants, leurs propres besoins ne cessent de croître. Plusieurs rapports demandés par les gouvernements (Giampino, rapport des 1000 jours) ne cessent de mettre en avant ces connaissances. Et pourtant, la réponse des décideurs n’est vraiment pas en adéquation avec les préconisations de ces rapports. Et, pendant ce temps, les conditions d’accueil des jeunes enfants ne cessent de se dégrader.
A quand une véritable prise en compte  des besoins des jeunes enfants dans les prises de décision règlementaires ?
Je tiens à rappeler que les enfants d’aujourd’hui seront les adultes de demain. Et je ne cesse de penser que plus nous aurons les moyens d’accompagner au mieux les jeunes enfants au plus proche de leurs besoins, de leur offrir un véritable accueil de qualité ainsi qu’à leurs familles, moins nous dépenserons d’argent demain dans des prises en charge. Les trois premières années de vie sont fondamentales dans le développement de tout individu.
A quand une réelle reconnaissance de ces premières années de vie et de tout le travail fourni par les professionnels de la petite enfance ???

Situation terrain concrète par Flavioute

Dans cette crèche, le groupe des plus âgés était régulièrement scindé, une partie en salle de vie, l’autre dans le dortoir. Dans ce dortoir, situé à l’autre bout de la structure, séparé par un long couloir et sans autre moyen que l’interphone pour communiquer avec le reste de l’équipe, il y avait également un plan de change, point d’eau et WC enfant. Hors temps de sieste, les lits barquettes étaient empilés dans un coin de la salle afin de dégager un espace de jeu.
Me voilà donc, avec un groupe de 8 enfants, pour un atelier le matin, puis avec un groupe de 8 pour préparer les enfants à la sieste et encore avec un groupe de 8 enfants après le gouter.
En bref, je passe la journée seule avec des enfants dans cette salle, sans échange avec mes collègues, sans relais… Isolement total. Je fais du gardiennage.
Plus en détail et pour l’exemple, je voulais vous parler de la réparation à la sieste. Il m’était donc demandé de « gérer » un groupe (toujours 8) : leur proposer un jeu libre et faire les changes. Imaginez-vous pendant que vous changez un premier enfant (je passe le manque d’ergonomie de l’accès au point d’eau), de voir un deuxième enfant escalader les lits comme une échelle et un 3eme en mordre un 4eme, sans pouvoir agir autrement qu’en verbalisant…
Insécurité pour les enfants, insécurité pour l’adulte, temps individuel lors du change inexistant, frustration de ne pas pouvoir accompagner les enfants…
J’ai rapidement quitté cette structure. A l’évocation des situations rencontrées qui m’apparaissaient impossibles, incohérentes et dangereuses, pas de remise en question de l’organisation. Je suis seulement incompétente.
Cela fait 3 ans que j’ai quitté cette structure, j’en ai encore mal au ventre quand je l’évoque.

La honte par Ecœurée

Je suis éducatrice de jeunes enfants. Après 8 ans d’exercice, je décide de me reconvertir afin de ne pas dépérir. Comment une telle disparité entre la théorie que l’on nous dispense pendant nos études et la réalité du terrain peut-elle exister à ce point? J’en ai vu des vertes et des pas mûres. Il suffit de lire les divers témoignages pour se rendre compte qu’il y a un sérieux problème dans la petite enfance. Messieurs, mesdames les politiques, n’avez vous pas honte?
Je me demande si vous êtes véritablement construit sur le même modèle humain que nous, à savoir avec des neurones qui fonctionnent, mais surtout un cœur. Comment peut on laisser les adultes de demain devenir de simples paquets, des chiffres? Oui, j’ai honte pour vous, qui ignorez les acteurs de la petite enfance qui vous expliquent pourtant par A + B que vos méthodes ne sont pas les bonnes. Que sommes-nous pour vous? Des petites gens qui sommes trop bêtes pour proposer des solutions? NOUS sommes sur le terrain! Pourquoi demandez-vous le rapport des 1000 jours? C’est de la poudre aux yeux? Pour nous calmer un temps, faire croire aux parents que vous prenez en compte leurs enfants? Vous êtes dégoûtants. J’attends un bébé aujourd’hui, et pour rien au monde je ne le mettrai en crèche. Je suis dégoûtée de mon métier qui est à la base une réelle passion. Aujourd’hui, j’ai décidé de me protéger et je quitte le navire qui coule et qui va rejoindre ses copains l’hôpital et les EHPAD. Honte à vous!

Soyez un robot, si vous voulez garder votre boulot par Super Woman

Quand j’ai commencé dans ce domaine, je voyais la vie en rose. J’ai été tellement bien avec les collègues, avec les enfants avec les parents.
Nous étions 3 adultes pour 10 bébés mais quand il y a une absente on se retrouve à 2. On fait de notre mieux, on se plaint pas quelque mois après, je commence à souffrir des troubles musculo squelettiques. Je suis passé chez le médecin de travail qui m’a demandé une restriction de charges lourdes. Le lendemain de la visite médicale, la directrice me demande le compte rendu de la visite. Je lui ai tout expliqué et 5min après me convoque au bureau pour l’après-midi en présence de la coordinatrice de la petite enfance!!!!
Non non non pas pour me parler de la visite médicale , mais me sort un rapport écrit à la main en me reprochant plein de choses… Pour tout cela, mon contrat ne sera pas renouvelé.
En sachant que mon évaluation a été bien notée il y a 2 mois de cela et ces faits m’ont jamais été reproché auparavant. Bref les collègues, l’éducatrice sont toutes sous le choc.
Comment a-t-elle pu prendre cette décision très lourde sans avoir l’opinion des collègues ou au moins de l’éducatrice qui est présente tout le le temps dans les sections alors qu’elle est tout le temps enfermée dans son bureau?
J’ai appris par la suite que qu’elle était obligée….par qui ??? Aucune idée. Je suis rentré dans une phase de dépression. J’essaye de me relever petit à petit.
Je ne cherche plus à savoir le pourquoi du comment???
Par contre, j’ai un petit résumé : dans ce domaine, il faut toujours être en forme, toujours en bonne santé, toujours souriante, patiente même avec des mauvaises conditions. Dès que tu perds ta santé, on te jette comme une chaussette.