Où est le bien-être de l’enfant ? par Ju

Je travaille en multi-accueil depuis quelques années en tant qu’auxiliaire de puériculture. Nous accueillons 15 enfants mais même avec ce petit nombre nous ne leur garantissons pas un accueil correct. Manque de personnel (jamais remplacé) qui nous fait travailler « à la chaîne » : changer une couche en un temps record, expédier un biberon/le repas, transmissions aux parents bâclées, etc. Des locaux inadaptés : des dortoirs avec des enfants serrés les uns contre les autres (si on veut aider une grand à se lever il faut jouer à l’équilibriste pour ne pas marcher sur un autre), des professionnelles pliées en 4 par terre pour accompagner le sommeil car pas de place pour une chaise, des chauffages jamais entretenus qui font que les enfants dorment dans des dortoirs à 25 degrés.
Un manque de personnel qui nous fait souvent devoir rester seule avec le groupe de 15 enfants marcheurs et non marcheurs confondus tout en devant donner un biberon et en faisant les transmissions aux parents. Mais non, nous ne tirons pas sur la corde, nous sommes « polyvalentes ». Dans ce cas là nous ne sommes plus des professionnelles bienveillantes mais des surveillantes debout au milieu de tous pour pouvoir avoir une vue d’ensemble, ne pouvant pas répondre aux sollicitations des enfants.
Remplir toujours plus les crèches au dessus de leurs agréments, toujours plus d’enfants mais pas plus de professionnelles.
J’adore mon métier, c’est un métier passion mais pousser les professionnelles à travailler dans ces conditions est inacceptable. Nous sommes là pour accompagner l’enfant dans son quotidien avec sérénité et plus ça va moins nous pouvons leur offrir cet accueil bienveillant.

rentabilité par Elsa

Le mot à la mode depuis quelques année !
 « Rentabilité »…. Crèche publique, encore pas trop mal lotie comparée à de nombreuses crèches privées….. Et pourtant l’accueil s’est dégradé. Des postes supprimés, des postes non remplacés et on nous demande de faire un accueil au top qualité avec toujours des moyens humains en moins. Des élus qui nous culpabilisent en nous disant que si nous n’y arrivons pas c’est que nous ne sommes pas organisés. Aucune reconnaissance de notre métier, aucun respetc pour nous et de ce fait aucun respect non plus pour les enfants que nous accueillons. De plus en plus de personnel avec des soucis de santé et qui doivent se reconvertir, de plus en plus de mal être. Et les enfants subissent notre « non disponibilté » et notre épuisement.

Nous ne sommes pas des super héros mais des professionnelles par mag

J’aimerai savoir comment on peut aider les familles et les enfants à grandir sereinement quand on nous demande de remplir , de remplir. ..Quelles répercussions cela va avoir pour ces petits êtres en devenir surtout dans les sections de bébés 3 mois/18 mois ou les professionnelles doivent apporter toute leur attention . Nous sommes formées car notre travail nous interroge au quotidien et nous devenons des robots. Il m’arrive de culpabiliser car le temps me manque , nous manque pour un mot, un sourire, un jeu, bref arrêter de réfléchir monsieur les politiques , ouvrez les yeux sur le réalité du terrain de la petite enfance, de l’enfance. Ecoutez nous , nous fatiguons .Nous faisons offices d’ éducateurs, psychologues, assistantes sociales, médecin parfois, parents  aussi. Nous sommes pas des super héros mais des professionnelles

Manque de reconnaissance de notre travail par RAM

Voila 25 ans que j’ exerce dans la petite enfance et que j’assiste à une dégradation de notre travail par l’absence de consideration de nos compétences. Nous sommes EJE et considérés comme des pas grand chose dans nos actions sur le terrain. Pas écoutés mis à l’ écart dans les décisions à prendre. Nous sommes qualifiés dans le domaine de la petite enfance et méritons une place dans la sphère hiérarchique des collectivités. Je suis en burn out car on a mis à défaut  mon identité professionnelle. On m a privé de dialogues de paroles on m’ a mise dans le silence , j’ ai crié silencieusement
Quand nous serons entendus comme des professionnels engagés nous irons mieux

Quelle considération ! par MR

Je travaille en tant qu’EjE dans un multi-accueil municipal depuis 1 an 1/2.
Et que dire, que dire….
Gros turn over d’eje. Je comprends pourquoi. Heureusement que c’est une équipe super qui permet de trouver un peu d’envie dans ce travail.
Nous sommes toujours a flux tendu dans le taux d’encadrement. J’ai officiellement 10h d’administratif par semaine à effectuer en tant qu’adjointe, mais je suis aussi comptée dans le planning. Bien sûr et quoi qu’il arrive, les enfants sont ma priorité ! Quand j’arrive à faire 3h bout à bout dans la semaine, je suis contente.
C’est une équipe super, mais avec beaucoup de choses à travailler. Le problème étant de savoir quand c’est possible. Au départ 1 réunion par section par semaine (quand c’est possible), sans faire d’heures sup s’il vous plaît. Réunion dans la salle des grands de 14h a 15h, avec les enfants sur les genoux dès 14h15. J’ai dit stop et réclamé des réunions le soir. L’équipe suit, pas de soucis (depuis le temps qu’elles attendaient). Mais le covid a bon dos…. Pas après le couvre-feu, pas à plus de tel nombre (donc stagiaires pas invités, super pour un stage long d’éduc), puis encore moins nombreux. Bref pas de réunions quoi….. On va attendre pour bosser la communication et la bienveillance !
Et cette semaine, c’est le pompon…. Reprise après confinement. Les 40 enfants reviennent. Ce n’est pas le cas des agents. 4 absents et 1 seule remplaçante. Résultats, tout le monde fait des heures en plus pour compenser et essayer d’être au moins dans les taux d’encadrement. Pour le confort, on attendra un peu…
Bref, débrouillez-vous, épuisez-vous…
Et malheureusement, c’est à peu près pareil dans toutes les structures où j’ai travaillé !

État des lieux par Elljell

Bonjour, je travaille en crèche depuis 43 ans. J’ai connu les enfants déshabillés et passés par un guichet.
Heureusement à l’époque, une amélioration des conditions d’accueil a eu lieu.
En premier grâce à Jeanne Levi qui a sorti les enfants des lits et de leur privation de mouvements.
Les parents ont commencé à rentrer, les psychologue à avoir leurs places, les auxiliaires et les EJE aussi.
L’enfant est devenu une personne, avec des droits.
On a mis en place des principes Pikleriens, la référence, la motricité libre, les jeux en libres accès…
Seulement voilà, tout cela a un coût. Tout cela demande du personnel qualifié.
Tout cela demande de l’espace.
Tout cela demande du temps, de la bienveillance, des compétences.

Et non, il ne suffit pas d’être une femme pour travailler en crèche. Aujourd’hui, il faut remplir, coûte que coûte. Partager les lits, alors que même à la Sanacotra chaque adulte à son lit. On essaye d’économiser pour tout. Seulement cet argent économisé aujourd’hui, combien va t il coûter à la collectivité de demain ?
On touche aux fondamentaux et aux fondations des jeunes enfants, ce qui ne manquera pas d’ébranler les adultes qu’ils deviendront.
Aujourd’hui, on maltraite les professionnels, on les paye au lance pierre, on les manage sans bienveillance.
Comment demander à des professionnels d’être bien traitants si eux-mêmes ne sont pas bien traités. Quoi de mieux que de l’avoir ressenti et vécu soi-même, pour comprendre ce que c’est réellement !.
J’ai connu le harcèlement de ma hiérarchie, la méconnaissance des besoins d un jeune enfant, la maltraitance institutionnel. Sylvaine Giampino dit que la prévention, ce sont les petits détails…
Aujourd’hui, on n’en est pas là, plus là?
Et pourtant, j espère avoir semé des graines, donner de la bienveillance, éveiller des professionnels à la curiosité, ouvert des fenêtres, plantée des rhizomes, soutenir des équipes, accompagner des familles, des enfants avec toujours autant de motivations, mais à quel prix ???
Une usure du corps. Beaucoup de temps et de patience. Je suis triste de voir aujourd’hui, alors que les neurosciences viennent confirmer l’importance de tout ce travail, une dégradation des modes d’accueil, des formations….que les travaux du groupe de réflexion des 1000 jours ne soient pas écouter.
Que les professionnels de la petite enfance soit aussi sages et ne se révoltent pas plus. Qu’allons nous laisser à nos enfants ? J’ai honte.

Burn out par Laure

Bonjour,  je souhaitais témoigner sur le sujet du burn-out en lien avec notre travail.
J’ai quitté mon ancien travail parce qu’il y avait beaucoup trop de choses qui n’allait plus, comme être constamment en sous-effectif ou réaliser des projets et des projets en permanence, plus des formations imposées. Le seul retour qu’on entendait était le rendement, le remplissage… Aucune reconnaissance. On s’épuisait également à trouver du temps pour faire le point sur nos formations, faire des réunions d’équipes et réunion psy… Des heures supplémentaires encore et encore…
Aujourd’hui, je suis dans une structure où la reconnaissance est présente par la direction mais nous sommes toujours tenu au remplissage et au rendement… Et les enfants dont on s’occupe dans tout ça, et l’épuisement des professionnels qui continuent à bout de souffle malgré le sous effectif, le turn-over, qui s’épuiseront jusqu’à atteindre leur limite, qui s’arrêteront à leur tour car trop c’est trop… Et celles qui, comme moi, ont atteint le burn-out… Dans les structures actuelles, il faut que le nombre d’accueil d’enfants soit au maximum et que le nombre de professionnels soit au minimum 🤔.

Ce n’est pas comme ça que ça marchera…
Les professionnels sont usés. Les réformes ne penchent pas du bon côté de la balance…
Et cette crise sanitaire qui a rajoute, comme si ça ne suffisait pas… Une réorientation s’impose pour moi. 😑

Un beau métier, bien gâché, MERCI !!

courage par DYL

AP depuis 22 ans, récemment EJE, je m’accroche car je suis passionnée par la petite enfance. Accompagner les familles au quotidien, aider les enfants à grandir, jouer, chanter, donner les repas, faire les changes, observer, écrire, faire des réunions……….. c’est un métier qui demande beaucoup d’énergie et de passion
Mais la réalité du terrain est tout autre… l’envers du décor
Aidons nos petits à devenir des grands de demain sans nous en rajouter et aidez nous….

Absentéisme et non-remplacement par Bénédicte

Lundi matin, 7h30. Je suis d’ouverture, je regarde le planning des enfants : 22 prévus.  Sur 6 collègues auprès du groupe, 3 sont en arrêt, 1 est en cuisine à remplacer la collègue arrêtée et une autre arrive à 10h.
Cela fait déjà 3 semaines que chacune notre tour nous compensons pour faire au mieux pour les enfants et leur famille. 3 semaines qu’on a un rythme métro-boulot-dodo, au détriment de nos conjoints et enfants.
3 semaines que, chacune notre tour, tirons sur la corde, dans le but de préserver tant bien que mal un accueil de qualité, pour ne pas laisser les collègues dans la panade.
Ce lundi-là, j’installe, j’accueille parents et enfants, je console les chagrins, veille à la sécurité de chacun, je change les couches. Ma collègue lâche les tâches en cuisine et viens me prêter main forte. À 8h30, j’appelle la RH, qui me dit faire de son mieux et me souhaite bon courage. Puis je contacte la responsable de secteur, qui me dit que 2 intérimaires vont arriver à 8h et 9h. Ah, ben, non, celle de 8h n’est pas là ! Et celle de 9h est prévue chez les bébés… Je m’entends dire que la personne prévue chez les bébés doit venir sur le groupe, que je dois contacter la collègue de 10h pour qu’elle vienne plus tôt . Lorsque je suggère que l’on demande aux parents ne travaillant pas de garder leur enfant, je m’entends répondre textuellement : « vous êtes en nombre (3), vous acceptez tous les enfants. Je n’ai pas d’arguments pour expliquer aux parents que l’on refuse leur enfant. À chacune de faire des efforts et faire preuve de conscience professionnelle ».
Ma démission était déjà donnée, sinon la responsable l’aurait eue le lendemain.
Je ne supporte pas cette politique de remplissage au détriment de la qualité d’accueil. Ça en devient du gardiennage.