Un métier usant… par Christelle

Diplômée auxiliaire de puériculture, je me passionnée pour mon métier, le lien avec les enfants et leurs familles…
En 2008, je prends mon 1er poste de titulaire dans un nouveau multi accueil de 18 places. Les locaux sont spacieux, lumineux et le jardin idéal.. L équipe est bienveillante, composée de 2eje, 2ap et une cap et la directrice est expérimentée. Nous bénéficions de nombreuses formations (vae..) intervenants pour les enfants et analyses de pratique.. Bref, une 1ere expérience de 8 ans idyllique..
Je prends ensuite une mutation pour une plus petite structure de 13 places avec des locaux inadaptés mais un projet de construction à 20 places…
Et là, j ai rencontré une équipe pleine de jugements sur les enfants et leurs familles, des jeux de pouvoir, des affinités de la direction avec certaines collègues.. Une adjointe avec des pratiques et paroles violentes…
Des locaux situés en plein centre ville mais tellement petits pour les espaces de vie. 12 enfants qui se battent car ils manquent d’espace et de jeux.
Des conflits si je décidais de prendre le goûter dans le jardin ou sortir les enfants après le goûter…
Une directrice qui manquait d’expérience et bien contente d être enfermée dans son bureau, pour ne pas voir ce qui se passe sur le terrain…
Bref, j ai frôlé le burn-out.. Je ne dormais plus car je craignais pour la sécurité des enfants.. J’ai eu la chance de prendre une dispo … Et maintenant je me demande quoi faire pour ne pas y retourner.. 15 ans d’experience, une vae d’eje pour gagner 1400 €, c’est quand même beaucoup d’investissement et si peu de reconnaissance…

Ras le bol par Pris37

Le but de notre collectivité, atteindre le maximum d’accueil d’enfants avec un minimum de personnel.
Presque 15 ans que je fais le métier d’aide auxiliaire et je commence à en avoir un dégoût.
Aucune bienveillance pour le personnel avec des parents de plus en plus exigeant et des enfants de plus en plus difficile à qui il ne faut rien dire.
Nous ne faisons que de la surveillance par manque de temps, de professionnelles et de matériel.
Il n’y a que l’argent qui compte.

Triste par Laura

Encore un poste, encore un lieu de travail sans prise en compte de l’humain.
Encore une petite pièce, trop petite pour accueillir chaque enfant avec respect.
Encore des professionnels fatigués, angoissés, usés.
Des professionnels pensant que le problème vient d’eux.
Encore un lieu « de vie » pauvre en jeux, en temps, en espace, en moral, en accompagnement, en création de l’identité, en vie ….
J’ai le cœur déchiré par ce métier qui m’a animé et qui n’a plus de sens maintenant.
Ce métier qui serait d’avantage reconnu (condition de travail, financier, etc.) s’il avait été un métier d’homme avant d’être un métier majoritairement de femme.

La vie cachée des crèches par Nono

Le travail en crèche est devenu pour moi impossible car je ne pouvais plus respecter mes valeurs qui m’ont fait choisir ce métier. Je me suis donc dirigée vers le RAM.
Je trouve cela vraiment dommage de devoir fuir un métier qui me passionne car j’avais pas l’impression de pour voir être bientraitante avec les enfants. Nous sommes vraiment dans une maltraitance institutionnelle tant pour les enfants que pour les professionnels. Surtout lorsque que l’on connait l’importance de ces premières années de vie pour un enfant et sa famille. Les preuves ne manquent pas pourtant ! On voit maintenant les neurosciences de partout. Nous n’avons malheureusement pas les moyens de les appliquer… Sans parler de ce beaux projets pédagogiques et éducatifs présentés aux parents alors que notre quotidien est bien loin de ces valeurs qui m’ont fait adorer ce métier !
Quand je pense à tous ce parents qui ne pensent qu’à mettre leur enfant en crèche… Si seulement, il savait que ce sont que des belles paroles !

Une sortie de chemin salvatrice par Delphine

J’ai un parcours alambiqué, et pourtant, la petite enfance m’a accueilli à bras ouverts. Je me suis passionnée, je me suis investie… Trop m’a-t-on dit.
Alors, j’ai quitté le navire qui est en train de couler, cela fait 10 ans qu’il sombre.
Après des études en sociologie, des expériences d’animation culturelle de jeunes, un DUT d’animation, des expériences de projets socio-culturels à l’étranger, j’ai été directrice d’un centre de loisirs 3-11ans, avec le périscolaire, et ça allait de la comptabilité au recrutement, en passant par la communication, la logistique, les inscriptions, l’accueil des familles… Pour 1400€ net par mois. Un détail qui compte.
Puis trop de travail, trop de route, devenue maman, je prends un poste en ram à mi-temps, puis je le complète par un autre mi-temps, puis je trouve un temps plein en milieu associatif… Bye bye les collectivités territoriales!
Déjà, il y a plus de 10 ans, on voit apparaître le privé dans le secteur de la petite enfance : berceaux, rentabilité, business plan… Nous n’avons pas la même vocabulaire, pas les mêmes valeurs. Mais les familles sont séduites, nous sommes quelques-uns à tirer la sonnette d’alarme mais nous nous sentons des Sancho Panza…
J’ai travaillé 10 ans en Ram. J’ai ADORÉ mon métier! J’ai adoré travailler avec les assistantes maternelles que j’estime beaucoup. J’ai adoré échanger et partager avec mes collègues de multi accueil et de centre de loisirs 3-5ans… En 2018, j’obtiens mon DEEJE. J’ai besoin de reconnaissance par mes paires et envie d’aller goûter le travail en EAJE. J’ai pas tenu. Burn-out direct dans un retour aux collectivités territoriales désastreux, avec des collègues qui font ce qu’elles peuvent et des directions maltraitantes qui sont sous pression et qui ne voient que les chiffres, sans voir les enfants…
Je travaille aujourd’hui dans un centre social associatif et je revis avec des valeurs humanistes et humanisantes, où nos actions sont accès sur l’enfant et sa famille ! Je ne pensais plus que cela puisse exister…

Mayday… par Pascontente

J’ai retrouvé un peu d’espoir au sein d’une micro crèche et un multi accueil. Mais clairement, j’aime mes CDD, m’engager sur la durée me fait vraiment peur.
Après 10 ans de travail en multi accueil municipal, dans des conditions se dégradant d’année en année, j’ai cru rompre définitivement avec la petite enfance. C’était sûr, je ne voulais plus faire cela. Bosser au supermarché, n’importe où, pourvu que je n’entende plus d’enfants pleurer.
Parce que oui, quand les professionnels ne sont pas disponibles pour eux, les enfants pleurent.
Les bébés pleurent… Beaucoup…
Comment bien s’occuper d’eux lorsque l’on est 2 ou 3 pour 18 ?
Pleurer les dimanches soir.
Rentrer le ventre noué dans l’enceinte de la structure.
Ne plus supporter les murs, les portes, les odeurs.
Appréhender chaque message chaque soir pour savoir qui sera absente, présente, combien d’heures supp etc….
Avoir presque envie de se casser une jambe pour ne plus y retourner…
Et finir par arrêter alors que ce métier est une vraie passion, et pour beaucoup d’entre nous, c’est une passion.
Parce que le milieu de la petite enfance est passionnant, voir des petits humains grandir et apprendre est passionnant. Les comprendre c’est magique. Échanger avec eux est une richesse. Nous ne sommes pas là que pour « jouer » et changer des couches… Effectivement, dans ce cas, 2 pour 18, ça passe…

La fabrique de futur citoyens stressés par Arrêtons le massacre

Les parents ne connaissent pas l’envers du décor. Ils souhaitent la crèche collective pour beaucoup d’entre eux.
Mais ce qui se passe est grave. Nous n’avons plus les moyens humains de s’occuper des bébés. Dans les structures collectives, nous préparons juste les futurs citoyens à être stressés, à vivre dans l’attente, le bruit, à manger vite fait…
Les crèches collectives, en 15 ans, sont devenues des objectifs de rentabilité. On fait de l’argent sur vos enfants !

Par pitié, que les décideurs viennent passer une semaine avec nous, et ils comprendront !
Nous avons besoin de plus de personnel, c’est pourtant tellement simple !

Savez vous que certains gestionnaires privés offrent des primes au taux de remplissage aux directrices de leurs crèches collectives ? 
Voilà comment générer du conflit entre une équipe épuisée et une directrice qui veut « remplir », même si l’équipe n’en peux plus après une épidémie de gastro par exemple ..

Abandons par Vocation broyée

J’ai toujours eu la fibre. Toujours su que je voulais faire ce métier .
Le système a étouffé ma vocation au fil des années. Ces 10 dernières années ont été les plus marquées . Des dizaines de mes collègues ont abandonné. Quand on est physiquement au bout parce que, manque de personnel, jamais remplacé, (même avec du personnel en nombre ce métier est physique). J’ai d’excellents souvenirs. On pourrait faire pourtant tellement les choses bien ! On pourrait tellement faire mieux !
Au final, toutes les professionnelles qui ont la vocation tombent de haut très vite . J’en étais venue à conseiller aux stagiaires de faire double diplôme dans un autre secteur, tant qu’elles pouvaient encore faire des études. Car, en tant qu’EJE, compliqué de bifurquer du tout au tout sans aucune autre formation, le jour où on veut quitter le métier qui nous faisait tant rêver ..
Les stagiaires doivent savoir. J’ai arrêté de faire bonne figure depuis bien longtemps ..
Je travaille maintenant en crèche familiale , mais je dois aller renforcer l’équipe du multi accueil régulièrement . Et chaque fois que j’y retourne ….

Les Assistantes Maternelles manquent cruellement de reconnaissance également , en terme de salaire .

A l’heure du goûter, qui goûtera le 1er ? par Fanny

Je suis auxiliaire de puériculture depuis 9 ans et ce soir encore une fois, je rentre de ma journée de travail et je m’effondre.
Fatiguée, à bout de nerf, révoltée, d’avoir entendu pleurer, hurler toute la journée…
J’aime m’occuper et accompagner ces petits être à en devenir mais les conditions actuelles me dégoutent.
1 adultes pour 5 enfants qui ne marchent pas
1 pour 8 qui marchent, irréalisable !

Comment est ce possible ?
Comment doit on faire ?
Comment doit on procéder ?


J’aimerai qu’on me donne la solution magique. Quand il est 15h30 que ces enfants ont tous faim, qu’ils ont très peu dormi car gêné par les pleurs des autres enfants ils n’ont pas réussi à s’endormir, et sont donc sur les nerfs.
Que ça hurle, à qui goutera le 1er ?
Benjamin prendra son biberon dans les hurlements des autres puis dès qu’il aura fini, sans même pouvoir profiter d’un moment calme avec l’adulte, il sera posé immédiatement au sol en pleurs bien évidement car trop rapide pour lui mais il faut enchainer avec le prochain.
Quand Camille est fatigué mais qu’il a besoin d’une présence pour s’endormir, que Syli a fait une selle, que Tiago doit prendre son biberon et que Hermès pleure car sa maman lui manque simplement ?
Je n’ai pas à ma connaissance 8 bras pour pouvoir répondre à leurs besoins, alors on fait quoi ? On laisse pleurer ?!
Je suis écœurée de mon métier, écœurée d’entendre des enfants se mettre dans des états pas possible car il n’y a pas assez d’adultes pour s’occuper d’eux, pour pouvoir les accompagner avec bienveillance dans leurs apprentissages quotidiens pourtant si important.
On sait qu’un bébé qui pleure longuement grille ses neurones… Et du coup, que fait-on ? RIEN.
Beaucoup d’avancées ont été faites, sur comment accompagner un enfant, comment s’adresser à lui, comment l’aider à grandir en toute sécurité.
Pourtant dans nos quotidiens nous sommes à des années lumières de tout cela.

J’ai honte par Sonézo

Diplôme obtenu en 2014, je débute dans la foulée une belle première expérience, l’ouverture d’une micro crèche.
De nombreuses valeurs m’animent : la bienveillance, la patience, le respect, l’altruisme. Cette aventure s’annonce pleine de promesses : bientraitance, respect des rythmes, accueil des émotions et communication pacifique. Petite structure et petite équipe. Un vrai cocon.
3 ans à me former, dévorer des livres et approfondir ces pratiques pour le meilleur pour nos plus petits.
Le temps passe, l’entreprise grandit, de notre cocon, nous passons à 2, 3 et aujourd’hui 5 structures. Les changements s’amorcent.
Travailler plus pour gagner plus, nous dit-on. La réelle motivation est clairement une meilleure rentabilité financière, maintenant à savoir à qui cela bénéficie réellement, mon inquiétude n’est pas là.
Qui dit meilleure rentabilité, dit découpe dans les postes, autrement dit diminution du personnel.
Sur nos 11h d’ouverture, nous sommes 2 adultes pour 11 enfants pendant 9h. À partir de là, mon quotidien m’alarme, changer des couches à la chaîne, regarder, empêcher le sommeil d’un enfant pour surveiller les autres pendant que ma collègue gère les tâches ménagères, accélérer les repas, laisser un bébé pleurer, raccompagner un enfant auprès de son parent épuisé…. En 2 mois, j’ai perdu mon sourire, mon sommeil, une collègue a démissionné, une amie est en arrêt pour burn-out, une autre en prend le chemin….
J’ai la chance de savoir parler, écrire et nommer mes émotions et aujourd’hui je suis malheureuse, mes conditions de travail me rendent malheureuse. Alors eux, nos enfants, que ressentent-ils ??
Au 21ème siècle, voilà les conditions d’accueil, au sein de ces micro structures qui prônent la bientraitance et le respect, elles n’en n’ont même pas l’ébauche. Le stress, la tension, les cris….
Je suis une femme de conviction, du « parler vrai », j’ai toujours fait de mon mieux pour donner le meilleur moi-même aux enfants. Je me suis battue contre ma direction pour faire bouger les choses…. Entretiens sur entretiens pour critiquer mon attitude, casser mon travail, semer le trouble avec mes collègues, me retirer mes projets…. Au bout de 2 ans de lutte sans n’avoir obtenu aucun changement, j’ai fait le choix de quitter mon travail parce que j’étais entrain de me perdre dans mon mal être, dans ce climat malsain que subissent nos touts petits….
Aujourd’hui, écrire cette expérience est nécessaire. Je suis maman, j’ai toujours eu de belles exigences pour mes enfants, j’en attends tout autant des personnes qui s’en sont et qui vont s’en occuper. Cela a toujours été mon garde fou « est ce que tu aurais accepté cela pour tes enfants ?? « 
Nous entendons parler des IDE, des AESH qui subissent des conditions de travail révoltantes, des EHPAD où les traitements sont innommables. Qu’en est il de nos enfants ? Qu’en est il des professionnels qui s’en occupent ?
Quelques faits divers dans la presse mais de réels articles, reportages qui traitent des conditions d’accueil en crèches, publiques ou privées, sont rares, trop rares.
Placé une caméra cachée dans les structures, ou juste un enregistreur audio et vous comprendrez pourquoi il est nécessaire de se voiler la face…
Les parents nous confieraient-ils leur enfant s’ils voyaient comment cela se passe vraiment ??
J’ai le sentiment d’avoir abandonner les enfants dont je m’occupais et en même temps la honte de mon métier est devenue trop grande.