Chiffre par bébé

EJE et directrice depuis 20 ans, je ne peux que constater la dégradation des qualités des modes d’accueil. Chiffre à tout prix avec le plus d’enfants possible et la baisse du taux d’encadrement est une réalité pour les grands groupes, même si les projets sont beaux, les moyens financiers et humains n’y sont pas. Quelle tristesse ! Je me suis battue pour ma crèche et les familles accueillies mais un moment, nous sommes aussi usées.

Au secours par Sonia

Micro crèche 10 enfants en début d’ouverture en 2014 avec 3 professionnels à temps plein et 1 professionnel à mi temps + direction et entretien, mise en chauffe des repas,  prise en charge des enfants. Aujourd’hui en 2021, 12 enfants dont bébé de 6 mois, 3 professionnels et directrice avec toujours le ménage, la mise en chauffe des repas, la prise en charge des enfants,
Aucune écoute des gestionnaires.
Aucun soutien du groupe.
Les parents s affolent car les factures sont en augmentation et les professionnelles en arrêt de travail.

La petite enfance un milieu qui s’effondre

Depuis 14 ans que je fais ce métier, les conditions d’accueil des enfants et de travail n’ont cessé de se dégrader. La mise en place de la PSU a eu comme effet délétère de mettre en place la course au remplissage. Les professionnels sont épuisés et ne peuvent plus mettre en œuvre toutes les compétences de qualité acquises en formation, impossible du fait du taux d’encadrement et de la notion de rentabilité permanente. Ils sont complètement sous-payés pour un métier impossible sans aucune reconnaissance. La petite enfance est le seul secteur où il n’y a pas besoin de diplôme spécifique pour être directeur. Tout est fait de bric et de broc dans l’urgence sans vraiment le temps de faire les choses et de réfléchir sur sa pratique. Les réunions ne sont pas comptées comme un temps indispensable et en dehors de la tête des enfants contrairement au milieu spécialisé. Le turn-over permanent et l’absence de pool de remplacement fait que le système ne tient pas : il est toujours grippé d’une façon ou d’une autre du fait d’une crise des vocations, d’un milieu ultra féminisé qui a donc besoin de partir en congé maternité ou parental pour s’occuper de ses propres enfants, et des conditions physiques de travail très difficiles. Pour toutes ces raisons et en dépit des beaux discours, le secteur de la  petite enfance en France, dans les conditions actuelles, ne pourra jamais offrir un accueil de qualité. Les enfants et les parents méritent bien mieux que ce qu’on leur propose.

Auxiliaire de Puériculture par Laline

Auxiliaire de puériculture depuis plus de 10 ans je travaille en micro crèche depuis plusieurs années.

En 10 ans, j’ai pu voir les conditions d’accueil de ces petits enfants se dégrader encore et toujours plus.
Des collègues en burn-out, moi-même proche du précipice à plusieurs reprises.

Ce métier, c’était le rêve de ma vie, le seul envisageable pour moi. Aujourd’hui, ce métier me rend malade.
Devoir laisser pleurer des enfants parce qu’on a que 2 bras et pas assez de professionnels, devoir bâcler les repas et ne pas laisser les enfants apprendre à manger seuls car pas le temps pour ça, devoir laisser des bébés boire leurs biberons seuls en le calant avec un jouet parce que encore une fois pas assez de bras pour leur donner tranquillement à bras, ne pas pouvoir proposer d’activité et laisser les enfants plus grands livrés à eux-mêmes , ne pas pouvoir accompagner un enfant à l’endormissement toujours pour la même raison pas assez de bras….
Donner à manger à un enfant tout en ayant en écharpe un bébé et en donnant le biberon à un enfant calé en Transat, c’est tout ça notre réalité quotidienne.

Tout ça me rend malade, je rentre parfois (souvent) en pleurant chez moi car je me suis sentie maltraitante mais comment faire autrement ?
Comment faire mieux quand nous sommes 2 pour un groupe de 12 à 17 tout petits… Car oui, la réalité c’est aussi des directions qui ne respectent pas les taux d’encadrement déjà pourtant si bas et la Protection Maternelle et Infantile qui ne s’en préoccupe pas vraiment…
Comment faire mieux quand la rentabilité passe avant le bien être des enfants et des employés qui se retrouvent sans matériel adéquat ?
Comment faire mieux quand l’environnement proposé est plus similaire à celui d’une usine à bébé qu’à un endroit bienveillant ?
Comment rassurer les parents quand nous sommes nous même démunis et affolés par la situation ?

Travailler en micro crèche c’est être à la fois, auxiliaire de puériculture, femme d’entretien, cuisinière, tenir une lingerie, infirmière, psychologue, accompagnatrice à la parentalité…
Tout ça pour un malheureux smic, aucun avantage, aucune reconnaissance (ben oui faut dire qu’on joue toute la journée aussi on ne fait que changer des couches…) des heures supplémentaires à n’en plus finir non payées et pourtant une pression psychologique qui deviens intenable…
Alors voilà, voilà comment mon rêve est devenu un cauchemar, comment le seul métier envisageable pour moi est devenu un combat quotidien…

L’usure des professionnelles et l’absence d accueil de qualité par Karine

Je suis directrice de micro crèches et je vous remercie de nous donner un espace pour parler !

Nous avons tous un « pouvoir » de pouvoir faire bouger les choses seulement peu d’entre nous avons le courage de notre responsabilité et en engagement envers les enfants et familles .

Nous sommes actuellement « broyés » par le système financier mis en place par ce besoin constant de remplissage !

Voilà ce qui arrive la réalité du quotidien !
Je pense que les micro crèches sont un mode d accueil les plus idéales dans le sens où j’ai un recul de plus de 20 ans maintenant sur nos métiers .
Car il permet un petit accueil collectif et plus stable dans la gestion des émotions, du langage, d’un travail global auprès des enfants . Car ayant travaillé dans les gros groupes de plus de 20 enfants, les enfants sont insécurisés car bien souvent il manque énormément de personnel .

Maintenant, les plus grandes difficultés que je rencontre, ou mes équipes, ce sont que des économies de « bouts de ficelle », malgré les sommes astronomiques que les parents payent en direct soit près de 1500 euros net pour un temps plein ou encore les places d’entreprises surcotées, ne servent pas pour améliorer le quotidien des professionnelles en poste.
Actuellement nous réalisons le ménage, toutes les tâches d’intendance ( linge, chauffage des plats et nettoyage cuisine ) en ayant le groupe d’enfants en charge quotidiennement .
Que l’on ne vienne pas douter du management de proximité car nous avons tenu une équipe stable près de deux ans !
Et puis tout s’est effondré à cause du rythme, des remplacements demandés à réaliser entre nous … car on nous dit que ça coûte cher de prendre des remplaçantes …

Laissant de fait le turnover arriver et créer de l’instabilité constante … et pour les familles et pour les enfants et pour le travail de groupe qui ne se construit pas en quelques jours …

En fait, notre gouvernement est en train de tuer un des plus beaux métiers celui de construire des enfants « sécures » avec des liens d’attachement stables pourtant mis en avant par les 1000 premiers jours de Boris Cyrulnik en pressant les professionnelles comme des citrons et en les jetant dès qu’elles sont épuisées …

Le marché actuel devient d ailleurs sous tension entre celles étant complément dégoûtées de leur métier ( alors qu elles ont tjs envie de travailler auprès des enfants et ont de belles valeurs ) juste parce que le système « fric » est devenu le plus important !

Le gouvernement a ouvert nos métiers à des financiers qui ne voient que l’argent qu’ils peuvent avoir à la fin du mois au détriment des conditions d’accueil de qualité des enfants, et des risques réels ( tant psychiques que physiques ) des professionnelles .

Dégrader encore plus nos professions avec ce nouveau décret quelle honte !

Plus d’enfants pour que les financiers gagnent plus mais pas pour avoir plus de personnels ou des conditions d accueil optimales…

En fait aucun équilibre !

Monsieur Macron et votre gouvernement vous aviez de bonnes intentions de départ, et je suis venue à vos meeting, pendant qu’un gouvernement plus jeune permettrait du renouveau dans le bon sens …

Actuellement, avec le covid, vous voyez bien aussi quels sont les métiers essentiels et vous ne faites rien …
nos métiers sont essentiels alors agissez svp ….

Remettez de l’ordre, ayez le courage de porter un projet d’État pour le bien de tous et non pour quelques uns ….

Vous avez la responsabilité de la situation actuelle, elle ne peut changer qu’avec de bonnes têtes pensantes qui voient l intérêt commun …

C’est maintenant qu’il est important d’agir pour éviter des situations comme cet enfant à Paris en décembre dernier qui a été maltraité à la crèche …

Quand les professionnelles sont épuisées et où, non je ne cautionne pas cela, juste qu’il y a en amont des dysfonctionnements qui peuvent être évités si les conditions générales sont revues en faveur d accueil de qualité et non de quantité ….

Merci de remettre de l’Humain dans nos chers métiers et revoir la politique globale des modes d accueil en faveur des enfants !

Comment se construire au mieux quand on a des professionnelles en souffrance !

Rien de bon ….

Merci de m avoir lu !

Merci pour pour les enfants !

Pendant que les pays scandinaves mises sur leur avenir que faisons-nous ? par Zazam

Les pays scandinaves mises sur les citoyens en devenir et ont une politique soucieuse de l’enfance…
Et nous, on pense remplissage, rentabilité et on ne se soucie que peu des conditions offertes à l’accueil de nos petits citoyens.

Quels effets cela produit ?
Des retentissements à tous les niveaux d’un parcours de vie, où la famille est débordée, perdue, des enfants qui présentent des troubles parfois anodins tels que problèmes de concentration, difficultés à supporter les frustrations…Aujourd’hui, des spécialistes n’ont plus de place dans leur cabinet, psychologue, orthophoniste…

La vision de la France est peu ambitieuse et coûteuse. Le choix qui est fait est de colmater, de donner des réponses immédiates et sans vision prospective. On ne mise pas sur l’avenir et tout cela A et VA avoir un prix sur la société.

A quand, la prise de conscience !!!

J’ai mal à ma Petite Enfance par Cocc

Eje, ancienne directrice de crèches, je vois avec tristesse notre secteur souffrir de plus en plus. La situation sanitaire n’a rien arrangé. Les professionnels fatiguent encore plus avec les conditions sanitaires, s’essoufflent sous leurs masques, s’inquiètent des conséquences sur le développement de l’enfant, s’attristent du relationnel avec le tout petit entravé par ces masques.

Et en plus, ils s’inquiètent des conséquences de cette réforme.

La Petite Enfance est sous l’eau et a la sensation qu’on lui appuie la tête sous l’eau pour qu’elle se noie. Il faut garder en tête les avancées des neurosciences qui prouvent l’impact délétère du stress sur le développement du cerveau de l’humain. Car si les tout-petits n’intéressent pas assez notre société, ils vont grandir, devenir des écoliers, des ados, des futurs adultes, bref NOTRE avenir. Il en relève de NOTRE responsabilité commune : celle au quotidien dans les EAJE et celle de notre gouvernement.

Merci par avance d’entendre qu’il ne s’agit pas de récriminations salariales mais d’ALERTES citoyennes

Cherchez l’erreur ! par aassens

Loi ASAP
une réforme des modes d’accueil pour les enfants, les parents et les professionnels (Communiqué du 26/11/20)
« …loi d’Accélération et de Simplification de l’Action Publique, dite « ASAP ». Cette réforme constitue le volet « modes d’accueil » de la démarche des « 1 000 premiers jours », qui entend concentrer l’attention et les moyens sur cette période fondatrice pour l’enfant. »

Rapport des 1000 premiers jours – Volet modes d’accueil (page 105) (Publication 21/09/20 )

LA QUALITÉ DES MODES D’ACCUEIL : UN ENJEU MAJEUR POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIO-ÉMOTIONNEL, PSYCHOMOTEUR ET COGNITIF DE L’ENFANT AINSI QUE LA LUTTE CONTRE LES INÉGALITÉS SOCIALES
LES ÉLÉMENTS À FAVORISER POUR RENFORCER LA QUALITÉ : L’ENCADREMENT PÉDAGOGIQUE, LA PRATIQUE DE LA RÉFÉRENCE, LA FORMATION DES PROFESSIONNELS

PROPOSITIONS
—L’application de la pratique de la référence qui permet une continuité des soins dispensés à l’enfant et contribue significativement à la qualité de l’accueil et à une relation de confiance enfant-parents-professionnels.
—Le respect d’un ratio de 5 enfants /adulte tous âges confondus, avec au moins 70% de professionnels diplômés (IDE, Puer, EJE, AP auprès des enfants).
— L’amélioration de la formation, la valorisation des personnels et l’encadrement travaillant dans les EAJE, mais aussi les assistants maternels :
• Valoriser la rémunération et investir fortement dans la formation initiale et continue de qualité des professionnels de la petite enfance exerçant dans les modes d’accueil collectifs et individuels,
• Assurer que la direction des structures EAJE soit assurée par des diplômés dans le champ de la petite enfance, à minima de niveau BAC + 3, avec minimum 3 ans d’expérience et ayant une formation en « direction de structure »,
•Garantir une surface intérieure de 7 m2 minimum par enfant dans les modes d’accueil partout en France et un accès quotidien à un espace extérieur …..

Que s’est-il passé ?
On est loin du compte!

Sauvons le secteur petite enfance par Patounette

A quoi servent les quotas d’encadrement , PMI, quand tout est lissé sur la journée la semaine voire l’année . Pas assez d’enfants chez les bb pas de problème, on remplit chez les grands sauf que du coup on est plus dans les quota d’encadrement …mais si, y’a la directrice dans le bureau et les agents dans la cuisine ( qui sont aussi très souvent sollicités en section) mais dans la section en attendant le nombre de pro n’y est pas.

 je suis en section bb on fait 4 nouvelles adaptations . Exemple un jour de la semaine je monte à 8 enfants ( 5/pro normalement ) avec une petite fille en situation de handicap qui va commencer à la reprise, normal la veille j’en ai que 4 !

Des exemples comme ça, mes collègues et moi on en a des tonnes . Voilà la réalité du terrain, des normes qui au final ne servent à rien, le but des gestionnaires c’est de remplir les crèches. Et sur le papier on nous parle du bien-être des enfants.

Une AP désabusée

Témoignage de parents par Jpashier64

Bonjour,
Je suis maman d’une petite fille de 22 mois et je m’apprête à accueillir mon second enfant. Ma grande est en crèche municipale en campagne. Nous adorons cette crèche et nous espérons que notre deuxième enfant aura aussi si sa place dans cette structure. Nous adorons cette crèche car le personnel y est formidable!
Les enfants sont encadrés par des personnes très qualifiées et compétentes qui se démènent jour après jour contre un système qui montre ses limites. Je trouve malgré tout quelles sont en sous effectif (pourtant, le nombre de professionnelles par enfant est bien respecté et nous avons la chance que ces professionnelles ne soient quasiment jamais malades).
Alors si actuellement, le personnel est en sous effectif, ce sera encore pire avec la réforme de Adrien Taquet.
Par ailleurs, je tiens à mettre en avant les conditions salariales déplorables des professionnelles de la petite enfance en structure publique! Ce sont des personnes qualifiées et formées avec des diplômes qui ont la responsabilité d’être humains, alors la rémunération doit être à la hauteur. Par ailleurs, imposer les congés aux professionnelles est nécessaire une partie de l’année mais respectons ces personnes en ne leur imposant pas tous les congés… Merci Pas de bébé à la consigne de prendre La Défense de nos enfants.