Auxiliaire de Puériculture par Laline

Auxiliaire de puériculture depuis plus de 10 ans je travaille en micro crèche depuis plusieurs années.

En 10 ans, j’ai pu voir les conditions d’accueil de ces petits enfants se dégrader encore et toujours plus.
Des collègues en burn-out, moi-même proche du précipice à plusieurs reprises.

Ce métier, c’était le rêve de ma vie, le seul envisageable pour moi. Aujourd’hui, ce métier me rend malade.
Devoir laisser pleurer des enfants parce qu’on a que 2 bras et pas assez de professionnels, devoir bâcler les repas et ne pas laisser les enfants apprendre à manger seuls car pas le temps pour ça, devoir laisser des bébés boire leurs biberons seuls en le calant avec un jouet parce que encore une fois pas assez de bras pour leur donner tranquillement à bras, ne pas pouvoir proposer d’activité et laisser les enfants plus grands livrés à eux-mêmes , ne pas pouvoir accompagner un enfant à l’endormissement toujours pour la même raison pas assez de bras….
Donner à manger à un enfant tout en ayant en écharpe un bébé et en donnant le biberon à un enfant calé en Transat, c’est tout ça notre réalité quotidienne.

Tout ça me rend malade, je rentre parfois (souvent) en pleurant chez moi car je me suis sentie maltraitante mais comment faire autrement ?
Comment faire mieux quand nous sommes 2 pour un groupe de 12 à 17 tout petits… Car oui, la réalité c’est aussi des directions qui ne respectent pas les taux d’encadrement déjà pourtant si bas et la Protection Maternelle et Infantile qui ne s’en préoccupe pas vraiment…
Comment faire mieux quand la rentabilité passe avant le bien être des enfants et des employés qui se retrouvent sans matériel adéquat ?
Comment faire mieux quand l’environnement proposé est plus similaire à celui d’une usine à bébé qu’à un endroit bienveillant ?
Comment rassurer les parents quand nous sommes nous même démunis et affolés par la situation ?

Travailler en micro crèche c’est être à la fois, auxiliaire de puériculture, femme d’entretien, cuisinière, tenir une lingerie, infirmière, psychologue, accompagnatrice à la parentalité…
Tout ça pour un malheureux smic, aucun avantage, aucune reconnaissance (ben oui faut dire qu’on joue toute la journée aussi on ne fait que changer des couches…) des heures supplémentaires à n’en plus finir non payées et pourtant une pression psychologique qui deviens intenable…
Alors voilà, voilà comment mon rêve est devenu un cauchemar, comment le seul métier envisageable pour moi est devenu un combat quotidien…