La petite enfance un milieu qui s’effondre

Depuis 14 ans que je fais ce métier, les conditions d’accueil des enfants et de travail n’ont cessé de se dégrader. La mise en place de la PSU a eu comme effet délétère de mettre en place la course au remplissage. Les professionnels sont épuisés et ne peuvent plus mettre en œuvre toutes les compétences de qualité acquises en formation, impossible du fait du taux d’encadrement et de la notion de rentabilité permanente. Ils sont complètement sous-payés pour un métier impossible sans aucune reconnaissance. La petite enfance est le seul secteur où il n’y a pas besoin de diplôme spécifique pour être directeur. Tout est fait de bric et de broc dans l’urgence sans vraiment le temps de faire les choses et de réfléchir sur sa pratique. Les réunions ne sont pas comptées comme un temps indispensable et en dehors de la tête des enfants contrairement au milieu spécialisé. Le turn-over permanent et l’absence de pool de remplacement fait que le système ne tient pas : il est toujours grippé d’une façon ou d’une autre du fait d’une crise des vocations, d’un milieu ultra féminisé qui a donc besoin de partir en congé maternité ou parental pour s’occuper de ses propres enfants, et des conditions physiques de travail très difficiles. Pour toutes ces raisons et en dépit des beaux discours, le secteur de la  petite enfance en France, dans les conditions actuelles, ne pourra jamais offrir un accueil de qualité. Les enfants et les parents méritent bien mieux que ce qu’on leur propose.