Depuis 11 ans, jamais un jour sans sous effectif par Marie

Bonjour,

Je travaille dans la petite enfance depuis 11ans.
J’ai eu 3 employeurs différents (1 multi-accueil associatif et 2 crèches municipales).

Sur l’intégralité de me journées de travail depuis 11 ans et dans les trois structures, j’ai travaillé en sous effectif.

Aujourd’hui, par exemple, notre directrice est en arrêt maladie long pour burn-out, notre adjointe a démissionné, et il nous manque 2 collègues sur les équipes auprès des enfants et 1 à l’équipe technique. Soit 5 personnes sur 22.

-20% des effectifs!! Ceci est notre configuration « normale » quand nous sommes toutes présentes.

En période de vacances du personnel, nous montons à -40% des effectifs !! Ceci concerne par exemple, toutes le semaines de Janvier à fin Avril de cette année.

Je travaille pour une municipalité extrêmement sérieuse et motivée. Il en est de même pour l’équipe au sein de laquelle je suis.

Cependant ces conditions de travail, implique les situations suivantes au quotidien :
1 adulte pour 12 jeunes enfants (même chez les bébés !) de 9h à 10h tous les jours dans 3 groupes. (Ce qui est ingérable pour quiconque)
1 pour 12 dans les 6 groupes d’enfants (y compris les bébés) de 13h à 14h.
1 adulte pour 12 enfants de 16h30 à 18h45 dans 3 groupes.

Nous sommes dans des situations ingérables sur plusieurs heures, de manière récurrente et au quotidien !!
Ceci apporte des démissions qui alimentent notre problématique de sous effectif !

Les quotas d’adultes par enfants, ne sont pas respectés sur le terrain à cause:
*des amplitudes horaires larges des EAJE qui induisent moins de personnes aux ouvertures et fermetures.
*des temps de pause essentiels du midi qui divisent les quotas
*des postes non pourvus dûs à problèmes extrêmement important de recrutement

Conclusion: depuis 11 ans, j’ai travaillé UNIQUEMENT en sous effectif.
Ce sont les enfants qui en paient les conséquences à travers un accueil absolument plus qualitatif ni sécurisé.

Nous devrions aller vers une amélioration des conditions d’accueil, revoir les quotas adulte/enfants à la hausse plutôt qu’à la baisse.

Il est extrêmement triste que des professions si essentielles pour la Nation soient considérées comme difficiles, peu reconnues et mal payées tandis qu’elles sont plutôt indispensables, sérieuses, complexes et extrêmement enrichissantes.

Merci pour votre lecture.

Encore de l’espoir? par Celine83

Professionnelle depuis 25 ans auprès des enfants, je suis désespérée de voir que, malgré les connaissances prouvées maintenant par la science, les gestionnaires, quels qu’ils soient, et même au plus haut sommet de l’état, se soucient si peu du bien être des enfants et de leur besoin affectif! J’ai honte de faire partie de cette société qui respecte si peu les enfants .Communiquons et agissons avec les parents pour que les choses changent et que l’humanité prenne le pas sur la cupidité et les ambitions politiques …
Est ce  possible? Je l’espère encore.

Stage crèche municipale par Inès

Un stage horrible.
J’ai dû remplacer une auxiliaire pendant 2 jours alors que je venais d’arriver à mon premier stage découverte d’éducatrice de jeunes enfants , prise en compte dans un effectif de 1 adulte pour 10.
77 berceaux dans une crèche municipale, une seul éducatrice (UNE seule !) qui passait ses journées dans le bureau. Aucun suivi et accompagnement des CAP (ndlr : Accompagnant Educatif Petite Enfance) : ils sont laissés pour compte et font à leur sauce.
Les enfants ne sont pas sécures : ils pleuraient toute la journée sans être pris dans les bras une seule fois .

Fatiguée et écœurée par Pauline

Je travaille en multi accueil depuis 10ans. Je suis auxiliaire de puériculture. La structure où je me trouve cette année accueille 3 groupes d’une vingtaine d’enfants chacun, âgés de 2 à 3 ans.
J’ai été dévastée moralement sur ce que j’ai vécu dès la rentrée :

  • Passage aux toilettes à la chaîne et change debout pour tous les enfants
  • Surveillance de sieste seule avec 20 enfants sans moyen de communication directe avec des collègues en cas de problème
  • Des tables de 7 enfants pendant le repas
  • Des repas commandés en sous nombre et dans lesquels il manque des parts (logique)
  • Professionnelle non remplacée en cas d’absence (programmée ou non) et si une stagiaire est présente elle compte dans les taux d’encadrement (oui, oui! )
  • Menaces et intimidation du personnel et des équipes pour ne rien dire et ne rien dénoncer
  • Et pour couronner le tout, on a eu un enfant au comportement difficile. On a essayé de mettre en place des choses pour l’accompagner. Mais comme nous ne sommes pas assez nombreuses, un jour, en pleine surveillance de sieste, seule avec 20 enfants (dont l’enfant en question qui avait besoin de moi), j’ai craqué. Je me suis effondrée… de ne pas être entendue par ma direction, ni même par la pédiatre référence de la structure, qu’il fallait faire quelque chose et nous donner les moyens humains. Résultat: la direction a annoncé à la maman qu’on ne pouvait plus accueillir son enfant. Viré du jour au lendemain.

Alors en effet, qu’est en train de devenir notre profession? Je ne fais que du gardiennage. Les activités sont à la chaîne et effectivement on prend aussi des photos pour faire beau.

Je n’ai même plus le temps d’échanger correctement avec les familles, alors que c’est une chose primordiale que de créer un lien de confiance pour pouvoir prendre en charge correctement les enfants et les accompagner individuellement, en tant que petite personne unique en devenir. Mes collègues sont démissionnaires et résignées. Je ne peux pas accepter ça. Je ne veux pas accepter ça. J’ai dit ce que je pensais mais c’est mal vu. J’aimerais que les parents sachent ce qu’il se passe.

Un jour, en sous effectif pour surveiller dans la cour, un enfant est tombé et sa lèvre a triplé de volume. J’ai été incapable de dire comment il était tombé. C’est pas normal.

Je continue d’assurer mes missions du mieux que je peux mais je m’engage dans une reconversion, en lien avec la petite enfance, mais plus en accord avec ce en quoi je crois: le respect de l’autre avant tout, parent et enfant.

Neurosciences et réalités : décalage par Lena

J ‘exprime mon ressenti.
Éducatrice de jeunes enfants, dès l’âge de 14 ans je savais ce que je voulais faire : la cause des enfants.
Et en 26 ans d’expérience, moi aussi je vois les conditions se dégrader pour l’accueil du petit enfant.
Ma conscience professionnelle me demande d’être à l’écoute bienveillante tolérance patiente réactive dynamique super intelligente savoir transmettre mon potentiel et toujours faire plus physiquement aussi heureusement j’ai un potentiel sportif
Tout ca sans n’avoir aucune reconnaissance en retour.
Si heureusement, les enfants nous le rendent toujours.
Les connaissances que nous recevons, intégrons, que nous partageons et essayons au mieux de transmettre d’exercer pour être une  » suffisamment bonne  » professionnelle.
Toujours faire au plus vite, au plus efficace, au plus réactif, au plus juste avec l’enfant au milieu et sa sensibilité, lui qui absorbe tout comme une éponge, nous voit patauger dans ce monde d’exigence où il faut faire vite avec des moyens humains et des moyens matériels qui s’amoindrissent et surtout qui doivent être ultra performants aussi. On nous en demande toujours plus. On en demande toujours plus aux enfants. Il est vrai que je me pose de grandes questions quant aux conséquences de ses choix de rentabilité, d’efficacité, de tolérance, limités face à la différence surtout à la différence de rentabilité sous toutes ses formes.

Toujours plus ! vive la caf ! par Ejebadass

Eje depuis 10 ans, j’ai pratiqué dans 6 structures (municipale, privé, associative, micro…) quand enfin tu trouves la structure qui prend en compte les valeurs qui te sont essentielles dans l’accueil d’un enfant au quotidien. Et bien évidemment, la caf s’en mêle. Bah oui… il faut remplir et les taux ne sont pas bons.
Mais comment ?? Nous sommes remplis tous les jours… Ah c’est vrai on a fait des familiarisations selon les besoins des familles en respectant leur rythme…. Et d’autres choses qui font que tu t’arraches à monter des projets, à intégrer les familles, à accueillir toutes les individualités dans ces accueils collectifs qui peuvent bousculer. Tu rentres chez toi en réfléchissant à comment améliorer tes pratiques, à comment accompagner les équipes à être dans la réflexion.
Mais tous cela la caf ne le voit pas, il est impossible de le quantifier et doit on vraiment le quantifier? Est-ce ça notre travail ?
La décision est tombée : face à cela, pour avoir des bons taux nous devront accueillir un enfant en plus sur nos groupes, en plus déjà du surplus que nous accueillons. Et nous devons réfléchir à comment amener cette décision à notre équipe et soyons créative, à comment le mettre en pratique au quotidien….

Et bien j’ai juste envie de partir en courant….

Délaissée par Angèle

8 enfants en section ?!
On pourrait penser que tout va bien. Sauf que … 4 enfants en repas, 1 enfant qui pleure parce qu’il a faim mais que je dois respecter le service dans lequel l’enfant est noté pour lui donner son repas, 1 enfant qui s’endort assis sur le tapis et le dernier qui hurle parce qu’il a fait caca et ça le gêne énormément …

Je me sens dépassée, non écoutée et délaissée par ma hiérarchie. Ma collègue est en train d’endormir les 8 enfants dont elle est référente et la directrice est en pause. Je pleure, en m’excusant désespérément auprès des enfants de ne pas pouvoir répondre à leurs besoins alors que c’est la base de mon métier.
Suite à ça, gros burn-out, grosse remise en question mais toujours là, pour mes collègues et pour ses enfants qui n’ont rien demandé.

C’est fini par puer dégoutée

Oui, j’étais directrice. Oui, j’étais souvent dans le bureau, et non auprès des enfants.
Mais…
En responsabilité de tous les enfants et adultes présents dans les locaux, quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe.
En responsabilité de tout l’administratif, qui était en constante augmentation, d’année en année.
Et puis, au fil des années, j’ai vu les conditions se dégrader, les enfants de moins en moins compter, les adultes s’épuiser.
On nous a demandé de faire de la qualité. Ok, mais sans regarder comment placer l’enfant et son individualité dedans.
On nous a demandé d’inclure les enfants porteurs de handicap. Ok, mais sans nous donner de moyens supplémentaires pour le faire, ni même pouvoir réduire le nombre d’enfants dans le groupe. Comment gérer un jeune enfant autiste qui hurle pendant toute la sieste et qui réveille les autres ? Le séparer du groupe, d’accord, mais quand vous êtes déjà juste en personnel, comment fait on ?
On nous a demandé d’être plus transparent sur la manière d’accueillir de nouveaux enfants. Ok, mais sans nous donner les moyens d’accéder dans des temps cohérents aux demandes des familles et en ayant en plus le reproche de ne pas « remplir » la crèche.
J’ai essayé de faire du mieux que j’ai pu, mais finalement, mon corps a craqué, puis mon esprit.
J’en suis arrivée à un point où je ne pouvais plus y retourner, tellement je me sentais impuissante et en colère. Une impuissance et une colère qui m’ont bouffées de l’intérieur. Qui ont détruit ma motivation.
Alors je suis partie. Pas seulement de la crèche, pas seulement du milieu de la Petite Enfance, mais du métier. J’ai décidé de commencer une autre vie, qui me permet d’être plus en harmonie avec mes valeurs et avec moi-même.
La décision n’a pas été facile, car c’est dur de lâcher après 20 ans. Mais je ne regrette pas, car j’y laissais trop de moi-même.

EJE par blackpearl34

Que  de déceptions !!
Je suis loin des espoirs que j’avais en accédant à ce diplôme. En 8 ans ,je ne peux assister qu’à une dégradation des conditions de travail: remplissage , personnel épuisé en mal de reconnaissance , des taches qui se rajoutent et tout ceci, au détriment de  tous ces enfants qui sont l’avenir de demain!!
Nos gestionnaires parlent de chiffres ,de remplissage mais comment pouvons nous parler de nos enfants en ces termes..
A croire que les lectures sur les neuro sciences ne sont pas accessibles à  de nombreux gestionnaires et à Monsieur TAQUET.
N’est il pas urgent de prendre soin des Jeunes enfants afin de les aider à se construire sur des bases solides d’estime de soi et prendre le temps d’aider les parents dans cette démarche ?
Aujourd’hui , j’ai le cœur lourd car je réfléchis à une orientation professionnelle ; je ne suis plus en accord avec toutes ces exigences et ces nouvelles directives gouvernementales!!
Sachez également que mes gestionnaires , nous ont mis la pression , à mes collègues et moi même, pour ne pas faire grève : J’ai été personnellement reprise  sur mon positionnement professionnel lors de mon entretien Pro!

J’essaie de ma petite place de résister. L’énergie que je mets dans cette résistance m’épuise moralement. 
Je suis convaincue par l’importance de mettre nos enfants au centre de nos préoccupations!!
Alors battons nous ensemble , pour garder un peu d’espoir
Merci à Pas de bébés à la consigne !

Toujours plus mais toujours moins…. par Pupuce

Auxiliaire de puériculture depuis quelques années j’adore mon métier mais je sais déjà que je n’ai pas la possibilité de le faire  comme je le devrais. Une super équipe qui permet de tenir dans les moments difficiles mais jusqu’à quand ? Beaucoup (trop) de petits pour prendre le temps, même si au niveau chiffre on est « dans les clous ». Beaucoup de moments où on se retrouve à mobiliser la collègue de l’entretien parce que ça « coince », change, biberon, moment de blues des enfants à gérer et puis tant pis si le ménage n’est pas fait! Et combien d’absences non remplacées qui nous oblige à courir encore plus, à faire encore plus vite, à prendre encore moins le temps ! Alors NON à toujours PLUS d’enfant mais toujours MOINS de moyens.
LE BIEN-ÊTRE DE L ENFANT N EST IL DONC PAS NOTRE PRIORITÉ ?