Fatiguée et écœurée par Pauline

Je travaille en multi accueil depuis 10ans. Je suis auxiliaire de puériculture. La structure où je me trouve cette année accueille 3 groupes d’une vingtaine d’enfants chacun, âgés de 2 à 3 ans.
J’ai été dévastée moralement sur ce que j’ai vécu dès la rentrée :

  • Passage aux toilettes à la chaîne et change debout pour tous les enfants
  • Surveillance de sieste seule avec 20 enfants sans moyen de communication directe avec des collègues en cas de problème
  • Des tables de 7 enfants pendant le repas
  • Des repas commandés en sous nombre et dans lesquels il manque des parts (logique)
  • Professionnelle non remplacée en cas d’absence (programmée ou non) et si une stagiaire est présente elle compte dans les taux d’encadrement (oui, oui! )
  • Menaces et intimidation du personnel et des équipes pour ne rien dire et ne rien dénoncer
  • Et pour couronner le tout, on a eu un enfant au comportement difficile. On a essayé de mettre en place des choses pour l’accompagner. Mais comme nous ne sommes pas assez nombreuses, un jour, en pleine surveillance de sieste, seule avec 20 enfants (dont l’enfant en question qui avait besoin de moi), j’ai craqué. Je me suis effondrée… de ne pas être entendue par ma direction, ni même par la pédiatre référence de la structure, qu’il fallait faire quelque chose et nous donner les moyens humains. Résultat: la direction a annoncé à la maman qu’on ne pouvait plus accueillir son enfant. Viré du jour au lendemain.

Alors en effet, qu’est en train de devenir notre profession? Je ne fais que du gardiennage. Les activités sont à la chaîne et effectivement on prend aussi des photos pour faire beau.

Je n’ai même plus le temps d’échanger correctement avec les familles, alors que c’est une chose primordiale que de créer un lien de confiance pour pouvoir prendre en charge correctement les enfants et les accompagner individuellement, en tant que petite personne unique en devenir. Mes collègues sont démissionnaires et résignées. Je ne peux pas accepter ça. Je ne veux pas accepter ça. J’ai dit ce que je pensais mais c’est mal vu. J’aimerais que les parents sachent ce qu’il se passe.

Un jour, en sous effectif pour surveiller dans la cour, un enfant est tombé et sa lèvre a triplé de volume. J’ai été incapable de dire comment il était tombé. C’est pas normal.

Je continue d’assurer mes missions du mieux que je peux mais je m’engage dans une reconversion, en lien avec la petite enfance, mais plus en accord avec ce en quoi je crois: le respect de l’autre avant tout, parent et enfant.