Éducatrice de jeunes enfants par Ka ko

Mon métier, je l’ai choisi. J’ai la passion de ma profession. Mais le constat, ce sont que les belles années sont derrière moi.
Il y a longtemps que le bien être de l’enfant n’est plus au cœur de nos préoccupations 😒 : de multiples projets à mener de front, taux d’occupation à remplir, absentéisme, communication à l’arrache entre deux portes, manque de temps, manque de budget, manque de personnel, des problématiques familiales complexes qui demandent plus qu’un accompagnent basique… On devient polyvalent pour tout ….et malgré tout on est ET reste professionnel. Solidaires, on tient le coup parfois jusqu’à l’épuisement et le ras-le-bol qui prennent le dessus. MAIS, nous continuons à travailler malgré les conditions car nous nous préoccupons toujours des enfants des familles dont nous avons la charge et les accompagnons du mieux qu’on peut.
Alors, messieurs les décideurs, laissez-nous faire notre travail!  NOUS, nous connaissons notre boulot . Arrêter de créez des lois ou des réformes qui mettraient encore à mal le secteur de la petite enfance.
Éducatrice est fière de l’être …ENCORE

Le soin est un humanisme par EJE

Éducatrice de jeunes enfants depuis 10ans, expériences en EAJE puis par passion et volonté de transmettre, je me dirige vers la formation de futurs pro de la petite enfance.
Je publie quelques articles de réflexion pour une revue célèbre dans notre milieu.
Passionnée, investie dès le début de ma formation, je constate un écart important entre :

  • Théorie et pratique, entre formation initiale de professionnels devant coopérer mais ayant du mal à comprendre les missions de leurs collaborateurs dues notamment à une disproportion entre contenus de formation et qualification professionnelle.
  • Des conditions d’accueil ne permettant pas un accueil de qualité, usant et frustrant les pro, même les divisant.

D’expériences en expériences, je constate un malaise incroyable dans ce milieu où chacun s’oriente pourtant dans un soucis de bienvenue envers jeunes enfants et familles.
De là, des questionnements sur la finalité de les actions en tant que formatrice et praticienne :

  • Comment former de futurs EJE à motiver les pros de l’équipe à l’observation fine du jeune enfant afin d adapter ses proposition éducatives individualisées, au soucis du détail, à la bientraitance, à l accueil d enfants porteurs de handicap?
  • Comment impulser des pratiques d’empowerment et de réflexion pro lorsque l espace nécessaires à la pensée n existe pas? A l’instar de Cynthia Fleury, le soin est un humanisme.
  • Comment tenir cette conception fondamentale dans les miettes de conditions d accueil actuelles?

Cela fait 10 ans que je me suis investie dans ce milieu par passion et, partout où j ai travaillé, la rentabilité est subie par les pros. Partout, ce mal-être ambiant qui s’observe dans les corps et le psychisme même des professions de la petite enfance pourtant porteurs de bonnes volontés. Alors aujourd’hui, j’envisage de changer de métier alors que ces une véritable passion. Oui, j’envisage de faire autre chose car je n en peux plus d’aller à l’encontre de mes convictions, de voir ces professionnels usés, fatigués, désabusés. Et ces enfants, cette période de leur vie si importante et si peu considérée au pays des lumières…
Et ces familles qui ne se doutent peut-être pas de ce qui se joue lorsqu’elles partent travailler… Je passe les dysfonctionnements inimaginables que j ai vécus dans un service public d’accueil individuel où la puéricultrice de secteur, à sa décharge, n’ayant pas les moyens d’effectuer correctement son travail, est dans une non posture professionnelle de copinage avec les usagers au grand damne des usagers : familles et enfants… J’ai cru rêver ou plutôt cauchemarder… Le pire a été pour moi le silence et la capacité d’encaisser de tout ces pro résignés, tentant chacun dans leur domaine de se raccrocher à ce qu’il peut offrir de bienveillance aux enfants et leur famille. Moi, je n’ai pas réussi. Je suis actuellement en arrêt de travail pour épuisement professionnel. Trop c’est trop! Je ne peux plus faire partie de ce déni collectif, de cette résignation et ce délire collectif.
J’ai embrassé cette carrière pour d’autres idéaux non idéalistes mais bien possibles. Alors, je me raccroche à toutes les actions positives qu’on certains professionnels et structures. A cette part importante d’EJE partant en libéral ou montant des micros crèches aux projets pédagogiques ambitieux, on dirait aujourd’hui alors que c’est la base de nos corps de métiers…
Forte d expériences en Suisse où la qualité d accueil est considérée à sa juste valeur avec une majorité d’éducatrice, des professionnels de la petite enfance reconnus où chaque professionnel de l équipe à ses responsabilités et respecte la place de chacun. Oui ici et là, le soin est un humanisme. L’espoir perdure en la fin de ce système pour envisager des politiques d’accueil du jeune enfant à leur hauteur. Respectueuses de chacun, parents, enfants et professionnels.
I have a dream!

Écoutez nous! par Pauline

AP depuis treize ans et passionnée par ce métier choisi, j’ai été témoin de l’évolution du travail dans la petite enfance.
Je suis d’origine étrangère et quand j’ai voulu inviter ma mère et ma sœur, on m’a embêté à la mairie car on était dans un tenez vous bien….54m².
J’ai du insister car il fallait « une chambre par personne » et c’était trop « juste »
Alors de qui se moque-t-on?
Certes, les enfants sont « plus petits » mais en même temps, ils ont BESOIN de se mouvoir et donc de place.
Quand on nous parle de 5,5 m² par enfant dans les grandes villes, ça me rend folle de rage.
Autre exemple, imaginez un train bondé le matin. Les voyageurs deviennent agressifs car ils sont trop serrés.
Cette question s’adresse à Monsieur Taquet, comment gérer les groupes de plus de 20 enfants pour 3 pros dans les petits espaces?
Comment éviter l’agressivité entre eux? Comment l’expliquer aux parents des enfants « agressés « ?
Comment un(e) pro consciencieux(se) de son travail peut se regarder en face en rentrant chez soi?
Comment se débarrasser de cette culpabilité qui nous pousse à faire toujours de notre mieux et qui nous force à travailler tendu tous les jours ?
Comment se débarrasser de cette boule au ventre chaque matin au réveil ?

Dégradation de notre profession par Fa

En poste depuis 30 ans.
Dégradation de notre profession.
On nous demande du remplissage et des projets vitrine.
Aucune possibilité de faire de l’accompagnement parental dans un contexte de crise où les parents vont mal.
Les premières années de l’enfant sont vitales pour une évolution positive et stable.
Pourquoi le gouvernement ne met pas les moyens nécessaires pour effectuer un travail de qualité ???
J’aime mon métier, mais pas la façon dont on me demande de le faire.

Il n’y a plus que les chiffres qui comptent et c’est bien malheureux par louloute42

Bonjour , je suis animatrice petite enfance en crèche depuis 10 ans maintenant. En 10ans, le plaisir de venir travailler à bien changer!
De plus en plus de pression, d’attente de la part des employeurs surtout concernant les taux de remplissage. Dès qu’un enfant est absent ou malade, il faut remplacer systématiquement! Je trouve cela ridicule d’appeler des parents qui sont tranquillement chez eux avec leurs enfants pour leur dire d’emmener leurs enfants à la crèche et pouvoir ainsi rapporter plus d’argent car du coup double facturation.
Encore plus en pleine épidémie de covid… Il n’y a plus que les chiffres qui comptent et c’est bien malheureux!

la réforme à décider de mon choix par vavaap

Je suis AP depuis presque 15 ans.
je suis fan de mon métier je me régale.
Mais, ses dernières années ça devient de plus en plus difficile de garder le sourire…
Après une agression physique par un papa, puis une maman, puis des insultes de parents…
Le 30 mars dernier, nous fermons la crèche, nous sommes toutes en grève… la directrice et le gestionnaire refusent que nous prévenions les parents…
Le lendemain, d’ouverture, nous prenons les foudres des parents…
Pendant ce temps-là, la directrice et la coordinatrice réaménagent notre buanderie en enlevant la marche en avant…
En tant qu’AP, avec ma collègue nous posons la question de comment on va faire.
Réponse… « on s’en fout et de toute façon les AP, vous allez disparaître, donc vous n’avez pas votre mot à dire. »
Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres… Mais ma décision est prise : je change de métier. La maltraitance du personnel, c’est fini pour moi. Comment être bienveillante avec les enfants quand on est maltraité ?
C’est le cœur lourd que j’arrête mais je ne me reconnais plus dans cette manière de fonctionner…

Au secours!!! par Christelle

Je suis auxiliaire de puériculture en crèche depuis 15 ans, mes pratiques professionnelles ont évolué, grâce aux nouvelles études qui ont pu être faites sur les enfants, mettant toujours en avant le bien être, l’écoute, les neurosciences, les émotions, la bienveillance, la communication…

À contrario, mes conditions de travail ne s’améliorent pas, même se dégradent… j’ai envie d’être la plus professionnelle, de pouvoir mettre tout ce que je lis, j’entends en conférence en pratique. Mais je n’en ai pas les moyens… avec le rapport des 1000 jours, j’ai eu une lueur d’espoir en pensant qu’enfin on serait reconnu, entendu, et qu’on pourrait s’occuper des enfants avec toute la bienveillance et le respect auxquels ils avaient droit… mais non! Donc je vais continuer à travailler dans un service de 20 bébés moyens (de 2 mois et demi à 18 mois) à me retrouver seule du temps de midi pendant que ma collègue est en pause repas, et que l’autre fait un soin dans la salle de bain… régulièrement on se retrouve à être seule avec une dizaine d’enfants, et par moment en donnant un repas…
Quand un enfant se fait mal, on interrompt le repas, 3, 4 fois… pour réconforter celui qui s’est fait mal… j’ai fini à plusieurs reprises en pleurs en donnant un biberon, seule dans la pièce pendant 2 ou 3 minutes interminables, en entendant qu’un enfant se réveillait dans le dortoir et que je pouvais pas le lever, à prendre le risque qu’il réveille le dortoir entier (ce qu’il s’est passé…) et quand ma directrice me répond que c’est la collectivité… qu’on était en nombre parce que ma collègue qui mange est compté auprès des enfants… je suis partie en pleurant, avec l’impression d’être une mauvaise professionnelle, d’être complètement lâchée par ma hiérarchie, qui est résignée, mais en ayant aussi conscience que je ne pouvais pas faire mieux…
Dans le service des plus grands, les agents n’étant que 3 pour 18, à la sieste du temps de midi, une part de la crèche est en coupé, l’autre part manger sur place et la dernière se retrouve seule avec les 18… certes ils dorment tous à ce moment là, mais si un se réveille, veut aller au toilette, est malade…  comment faire? Prendre le risque de laisser les 17 autres seuls? On nous répond de téléphoner aux autres services ou en salle de pause… mais les enfants restent du coup seuls le temps de trouver une solution… limite j’ai envie qu’il se passe un problème pour que ça mette en évidence les aberrations de tout ça… j’aime tellement mon métier mais j’ai juste envie d’abandonner tout ça… et ça va s’empirer encore avec la réforme… ça va juste décourager les bonnes professionnelles…

Je n’ai plus envie d’être EJE dans ces conditions par Albi

Diplomée EJE depuis 2004, je ne peux que constater une dégradation des conditions de travail, qui génère une grande fatigue, du stress, des tensions, : arrêts maladies non remplacés,  sureffectif,  locaux sans jardins (à Paris) l’impression de parquer les enfants dans des locaux inadaptés avec du personnel de moins en moins qualifié, je n’avais plus le temps de prendre soin de chaque enfant à son rythme, de lui dédier ce temps personnel nécessaire pour son bien-être. Les réunions se font pendant les temps de pause, aucun détachement possible pour prendre du recul et réfléchir aux pratiques, la direction ne nous soutenait pas, trop préoccupée par le taux de remplissage
Après m’être longtemps remise en question pour la mauvaise qualité de mon travail (je n’en dormais plus de la nuit)je me rends compte que le problème ne venait pas de moi, mais il est bien institutionnel et politique,  la qualité de l’accueil de la petite enfance n’est pas une priorité, bref j’ai abandonné à grand regret mon emploi, aucun éducateur n’a envie de travailler dans telles conditions

L’encadrement en souffrance par Violette

Que de changement depuis ces derniers temps: remplir les crèches, ne pas trop couter( « les crèches familiales coûtent  trop chères »), réduire le personnel, ouvrir , fermer… le manque de soutien , d’échanges… juste être un bon petit soldat…
Comment soutenir et accompagner familles, enfants et professionnelles quand on est mal traitée?

Quand il n’y a plus que le corps qui parle parce que le professionnel est déjà au fond du gouffre…

à l’impossible, nul n’est tenu! par lili

Pendant 2 ans, j’ai travaillé au sein d’un multi-accueil/ et d’une halte-garderie dans lesquels, j’ai pu observer de mauvaises conditions d’accueil des enfants. J’y ai travaillé malgré tout, choquée quasiment tout les jours par le nombre d’enfants accueillis dans des espaces qui ne me paraissaient pas adaptés. Je me suis entendu plusieurs fois dire « cage à poules » pour nommer ce que je voyais. J’ai vu des situations de maltraitances, de douces violences, de violences éducatives dites « ordinaires ». Appelons ça comme on le souhaite. Il me semble que même si une violence est douce, elle reste une violence qui n’a pas sa place en structure petite enfance. Il me semble.
J’ai vu ces violences mais j’ai continué malgré tout pour les enfants et pour mes collègues pour ne pas les laisser « galérer » plus qu’habituellement.
Au bout d’un moment, c’est moi qui me suis mise à crier sur les enfants parce que j’étais exténuée, épuisée, à bout de nerf de vivre des situations ingérables au quotidien.
J’ai compris que si certaines de mes collègues avaient des comportements qu’on pourrait qualifier de « maltraitants », c’est qu’elles étaient toutes dépassées… « A l’impossible, nul n’est tenu. ».
Je ne les juge pas. Elles font comme elles peuvent avec les moyens du bord.
J’ai essayé de demander de l’aide. On m’a répondu qu’il fallait déjà que j’oublie ma perspective de sauver le monde. Bien ! Pour une jeune éducatrice de jeunes enfants, je voulais juste au moins, au mieux, accompagner les enfants.
On m’a répondu ensuite qu’on était dans les normes. C’est-à-dire 1 adulte pour 5 enfants qui ne marchent pas et 1 adulte pour 8 enfants qui marchent.
Il faut savoir que nous étions quasiment la moitié du temps, à la halte-garderie, 2 professionnelles pour 16 enfants de 2 mois 1/2 à 3 ans. Nous devons normalement être 3 adultes. Je rappelle que la plupart des enfants accueillis ont moins de 3 ans et qu’il s’agit d’une des  premières séparations avec leurs parents. Nous accueillions des nouveaux enfants quasiment toutes les semaines.
J’ai donné, je pense, le meilleur de moi-même aux enfants, à l’équipe et aux parents. Mais je suis arrivée à saturation. J’ai fait un « burn out ». Je ne suis donc plus jamais retourné là bas. Je sais que ce problème n’a pas lieu uniquement dans ces  2 structures. C’est national. C’est malheureux et honteux de voir ça en 2021 surtout avec tout ce que l’on a découvert avec les neurosciences. ..