à l’impossible, nul n’est tenu! par lili

Pendant 2 ans, j’ai travaillé au sein d’un multi-accueil/ et d’une halte-garderie dans lesquels, j’ai pu observer de mauvaises conditions d’accueil des enfants. J’y ai travaillé malgré tout, choquée quasiment tout les jours par le nombre d’enfants accueillis dans des espaces qui ne me paraissaient pas adaptés. Je me suis entendu plusieurs fois dire « cage à poules » pour nommer ce que je voyais. J’ai vu des situations de maltraitances, de douces violences, de violences éducatives dites « ordinaires ». Appelons ça comme on le souhaite. Il me semble que même si une violence est douce, elle reste une violence qui n’a pas sa place en structure petite enfance. Il me semble.
J’ai vu ces violences mais j’ai continué malgré tout pour les enfants et pour mes collègues pour ne pas les laisser « galérer » plus qu’habituellement.
Au bout d’un moment, c’est moi qui me suis mise à crier sur les enfants parce que j’étais exténuée, épuisée, à bout de nerf de vivre des situations ingérables au quotidien.
J’ai compris que si certaines de mes collègues avaient des comportements qu’on pourrait qualifier de « maltraitants », c’est qu’elles étaient toutes dépassées… « A l’impossible, nul n’est tenu. ».
Je ne les juge pas. Elles font comme elles peuvent avec les moyens du bord.
J’ai essayé de demander de l’aide. On m’a répondu qu’il fallait déjà que j’oublie ma perspective de sauver le monde. Bien ! Pour une jeune éducatrice de jeunes enfants, je voulais juste au moins, au mieux, accompagner les enfants.
On m’a répondu ensuite qu’on était dans les normes. C’est-à-dire 1 adulte pour 5 enfants qui ne marchent pas et 1 adulte pour 8 enfants qui marchent.
Il faut savoir que nous étions quasiment la moitié du temps, à la halte-garderie, 2 professionnelles pour 16 enfants de 2 mois 1/2 à 3 ans. Nous devons normalement être 3 adultes. Je rappelle que la plupart des enfants accueillis ont moins de 3 ans et qu’il s’agit d’une des  premières séparations avec leurs parents. Nous accueillions des nouveaux enfants quasiment toutes les semaines.
J’ai donné, je pense, le meilleur de moi-même aux enfants, à l’équipe et aux parents. Mais je suis arrivée à saturation. J’ai fait un « burn out ». Je ne suis donc plus jamais retourné là bas. Je sais que ce problème n’a pas lieu uniquement dans ces  2 structures. C’est national. C’est malheureux et honteux de voir ça en 2021 surtout avec tout ce que l’on a découvert avec les neurosciences. ..