Au secours!!! par Christelle

Je suis auxiliaire de puériculture en crèche depuis 15 ans, mes pratiques professionnelles ont évolué, grâce aux nouvelles études qui ont pu être faites sur les enfants, mettant toujours en avant le bien être, l’écoute, les neurosciences, les émotions, la bienveillance, la communication…

À contrario, mes conditions de travail ne s’améliorent pas, même se dégradent… j’ai envie d’être la plus professionnelle, de pouvoir mettre tout ce que je lis, j’entends en conférence en pratique. Mais je n’en ai pas les moyens… avec le rapport des 1000 jours, j’ai eu une lueur d’espoir en pensant qu’enfin on serait reconnu, entendu, et qu’on pourrait s’occuper des enfants avec toute la bienveillance et le respect auxquels ils avaient droit… mais non! Donc je vais continuer à travailler dans un service de 20 bébés moyens (de 2 mois et demi à 18 mois) à me retrouver seule du temps de midi pendant que ma collègue est en pause repas, et que l’autre fait un soin dans la salle de bain… régulièrement on se retrouve à être seule avec une dizaine d’enfants, et par moment en donnant un repas…
Quand un enfant se fait mal, on interrompt le repas, 3, 4 fois… pour réconforter celui qui s’est fait mal… j’ai fini à plusieurs reprises en pleurs en donnant un biberon, seule dans la pièce pendant 2 ou 3 minutes interminables, en entendant qu’un enfant se réveillait dans le dortoir et que je pouvais pas le lever, à prendre le risque qu’il réveille le dortoir entier (ce qu’il s’est passé…) et quand ma directrice me répond que c’est la collectivité… qu’on était en nombre parce que ma collègue qui mange est compté auprès des enfants… je suis partie en pleurant, avec l’impression d’être une mauvaise professionnelle, d’être complètement lâchée par ma hiérarchie, qui est résignée, mais en ayant aussi conscience que je ne pouvais pas faire mieux…
Dans le service des plus grands, les agents n’étant que 3 pour 18, à la sieste du temps de midi, une part de la crèche est en coupé, l’autre part manger sur place et la dernière se retrouve seule avec les 18… certes ils dorment tous à ce moment là, mais si un se réveille, veut aller au toilette, est malade…  comment faire? Prendre le risque de laisser les 17 autres seuls? On nous répond de téléphoner aux autres services ou en salle de pause… mais les enfants restent du coup seuls le temps de trouver une solution… limite j’ai envie qu’il se passe un problème pour que ça mette en évidence les aberrations de tout ça… j’aime tellement mon métier mais j’ai juste envie d’abandonner tout ça… et ça va s’empirer encore avec la réforme… ça va juste décourager les bonnes professionnelles…