Appel d’offre aux collectivités territoriales par EJEencolère

Ancienne coordinatrice pour un gestionnaire à but lucratif, j’ai dû préparer et présenter des appels d’offres bidons : on propose de supers activités, de super programmes avec des équipes formées et enthousiastes sachant que  le gestionnaire a parfaitement conscience de ses propos malhonnêtes qu’il ne pourra tenir. Le but est de remporter le marché, uniquement. Je ne parle même pas des montages financiers et présentation des comptes de résultats. Pendant ce temps là, les équipes souffrent et ne sont pas considérées. Quel monde nous voulons pour nos enfants ?

Et les RAM dans tout ça …. par Flo

Animatrice d’un RAM itinérant depuis 10 ans… et à bout de souffle…
Que dire? Des missions de plus en plus forte d’observation des conditions d’accueil du jeune enfant, recenser les besoins?? Oui mais pourquoi faire? Des municipalités qui oublient souvent que le RAM existe, une animatrice qui se débrouille seule…
Et que dire du premier, deuxième et troisième confinement? Des sollicitations non stop de la part des assistants maternels inquiets, des parents qui n’ont pas de solutions d’accueil pour leur enfant …et nous, animatrice de RAM, sans réponse fiable à leur apporter
On écoute, on oriente, on soutien mais concrètement?!? Nous n’existons pas ou alors pour nous redonner les missions dont personne ne veut
J’ai commencé il y a 10 ans, où nous mettions vraiment l’enfant et l’assistante maternelle au coeur de notre travail, mais toutes ces missions ajoutées nous épuisent

Depuis 11 ans, jamais un jour sans sous effectif par Marie

Bonjour,

Je travaille dans la petite enfance depuis 11ans.
J’ai eu 3 employeurs différents (1 multi-accueil associatif et 2 crèches municipales).

Sur l’intégralité de me journées de travail depuis 11 ans et dans les trois structures, j’ai travaillé en sous effectif.

Aujourd’hui, par exemple, notre directrice est en arrêt maladie long pour burn-out, notre adjointe a démissionné, et il nous manque 2 collègues sur les équipes auprès des enfants et 1 à l’équipe technique. Soit 5 personnes sur 22.

-20% des effectifs!! Ceci est notre configuration « normale » quand nous sommes toutes présentes.

En période de vacances du personnel, nous montons à -40% des effectifs !! Ceci concerne par exemple, toutes le semaines de Janvier à fin Avril de cette année.

Je travaille pour une municipalité extrêmement sérieuse et motivée. Il en est de même pour l’équipe au sein de laquelle je suis.

Cependant ces conditions de travail, implique les situations suivantes au quotidien :
1 adulte pour 12 jeunes enfants (même chez les bébés !) de 9h à 10h tous les jours dans 3 groupes. (Ce qui est ingérable pour quiconque)
1 pour 12 dans les 6 groupes d’enfants (y compris les bébés) de 13h à 14h.
1 adulte pour 12 enfants de 16h30 à 18h45 dans 3 groupes.

Nous sommes dans des situations ingérables sur plusieurs heures, de manière récurrente et au quotidien !!
Ceci apporte des démissions qui alimentent notre problématique de sous effectif !

Les quotas d’adultes par enfants, ne sont pas respectés sur le terrain à cause:
*des amplitudes horaires larges des EAJE qui induisent moins de personnes aux ouvertures et fermetures.
*des temps de pause essentiels du midi qui divisent les quotas
*des postes non pourvus dûs à problèmes extrêmement important de recrutement

Conclusion: depuis 11 ans, j’ai travaillé UNIQUEMENT en sous effectif.
Ce sont les enfants qui en paient les conséquences à travers un accueil absolument plus qualitatif ni sécurisé.

Nous devrions aller vers une amélioration des conditions d’accueil, revoir les quotas adulte/enfants à la hausse plutôt qu’à la baisse.

Il est extrêmement triste que des professions si essentielles pour la Nation soient considérées comme difficiles, peu reconnues et mal payées tandis qu’elles sont plutôt indispensables, sérieuses, complexes et extrêmement enrichissantes.

Merci pour votre lecture.

Encore de l’espoir? par Celine83

Professionnelle depuis 25 ans auprès des enfants, je suis désespérée de voir que, malgré les connaissances prouvées maintenant par la science, les gestionnaires, quels qu’ils soient, et même au plus haut sommet de l’état, se soucient si peu du bien être des enfants et de leur besoin affectif! J’ai honte de faire partie de cette société qui respecte si peu les enfants .Communiquons et agissons avec les parents pour que les choses changent et que l’humanité prenne le pas sur la cupidité et les ambitions politiques …
Est ce  possible? Je l’espère encore.

Dur dur par Mel

Il faut vraiment aimer ce métier et être convaincu de son intérêt pour continuer d’exercer avec des conditions qui ne font que se dégrader et une reconnaissance quasi inexistante.
Eje directrice adjointe je suis sans directrice depuis mars 2020.
Je dois gérer l’administratif, l’organisation au quotidien de la structure et ses aléas, les sollicitations des parents, des équipes et aller remplacer en section. Bien sûr nous n’avons plus de psy non plus depuis 15 mois..porter tout ça sur ses épaules..c’est vraiment épuisant..mais je garde le cap.en tout cas j’essaye.maîtres mots: bienveillance et empathie; pour ces enfants qui n’ont rien demandé, les citoyens de demain..
Courage à nous tous!

Stage crèche municipale par Inès

Un stage horrible.
J’ai dû remplacer une auxiliaire pendant 2 jours alors que je venais d’arriver à mon premier stage découverte d’éducatrice de jeunes enfants , prise en compte dans un effectif de 1 adulte pour 10.
77 berceaux dans une crèche municipale, une seul éducatrice (UNE seule !) qui passait ses journées dans le bureau. Aucun suivi et accompagnement des CAP (ndlr : Accompagnant Educatif Petite Enfance) : ils sont laissés pour compte et font à leur sauce.
Les enfants ne sont pas sécures : ils pleuraient toute la journée sans être pris dans les bras une seule fois .

Inconsidérés, un air de déjà vu par Rbzh

Mars 2020, le gros cafouillage.
Avril 2021, ils vont faire mieux, on connait la situation !
Et bien, c’est encore un gros raté !

Titulaire du double agrément (mam/domicile), je ne sais toujours pas exactement ce que j’ai le droit de faire mardi (demain). On nous avance un décret, une circulaire. La Pmi se positionne plus ou moins. J’ai la chance d’avoir de très bons rapports avec mes parents employeurs mais, M. Taquet, avez vous conscience des répercussions que vos discours engendrent ? Imaginez nous, assistants maternels, en recherche permanente d’informations sûres, parents en attente de mode de garde (vous leur demandez de confier leur enfant en cas d’absolue nécessité), cette fois ci, la plupart d’entre eux continue à travailler…
Quelles seraient les conséquences si demain un accident se produit alors que chaque partie pense être dans son droit ?
Nous sommes visiblement que le petit peuple mais au milieu de tout ça : des jeunes enfants qui entendent des adultes inquiets, incertains. Ces petits bouts sont des éponges et à cause de vous, subissent un stress injustifié. Vos beaux discours des 1000 premiers jours, des neurosciences sont bien lointains.
Ces derniers jours sont difficiles, probablement que pour vous également.
La différence : nous sommes dépendants des décisions de l’état. Vous en êtes le représentant et il faut l’avouer, vous êtes très mauvais dans la gestion de cette crise. L’excuse de la pandémie est finie, votre démission serait plus que légitime.
Malgré tout le respect que je porte à votre fonction, j’espère qu’après tout cela, vous serez capable de vous retirer du gouvernement et accepter votre incapacité dans cette gestion de crise.

Fatiguée et écœurée par Pauline

Je travaille en multi accueil depuis 10ans. Je suis auxiliaire de puériculture. La structure où je me trouve cette année accueille 3 groupes d’une vingtaine d’enfants chacun, âgés de 2 à 3 ans.
J’ai été dévastée moralement sur ce que j’ai vécu dès la rentrée :

  • Passage aux toilettes à la chaîne et change debout pour tous les enfants
  • Surveillance de sieste seule avec 20 enfants sans moyen de communication directe avec des collègues en cas de problème
  • Des tables de 7 enfants pendant le repas
  • Des repas commandés en sous nombre et dans lesquels il manque des parts (logique)
  • Professionnelle non remplacée en cas d’absence (programmée ou non) et si une stagiaire est présente elle compte dans les taux d’encadrement (oui, oui! )
  • Menaces et intimidation du personnel et des équipes pour ne rien dire et ne rien dénoncer
  • Et pour couronner le tout, on a eu un enfant au comportement difficile. On a essayé de mettre en place des choses pour l’accompagner. Mais comme nous ne sommes pas assez nombreuses, un jour, en pleine surveillance de sieste, seule avec 20 enfants (dont l’enfant en question qui avait besoin de moi), j’ai craqué. Je me suis effondrée… de ne pas être entendue par ma direction, ni même par la pédiatre référence de la structure, qu’il fallait faire quelque chose et nous donner les moyens humains. Résultat: la direction a annoncé à la maman qu’on ne pouvait plus accueillir son enfant. Viré du jour au lendemain.

Alors en effet, qu’est en train de devenir notre profession? Je ne fais que du gardiennage. Les activités sont à la chaîne et effectivement on prend aussi des photos pour faire beau.

Je n’ai même plus le temps d’échanger correctement avec les familles, alors que c’est une chose primordiale que de créer un lien de confiance pour pouvoir prendre en charge correctement les enfants et les accompagner individuellement, en tant que petite personne unique en devenir. Mes collègues sont démissionnaires et résignées. Je ne peux pas accepter ça. Je ne veux pas accepter ça. J’ai dit ce que je pensais mais c’est mal vu. J’aimerais que les parents sachent ce qu’il se passe.

Un jour, en sous effectif pour surveiller dans la cour, un enfant est tombé et sa lèvre a triplé de volume. J’ai été incapable de dire comment il était tombé. C’est pas normal.

Je continue d’assurer mes missions du mieux que je peux mais je m’engage dans une reconversion, en lien avec la petite enfance, mais plus en accord avec ce en quoi je crois: le respect de l’autre avant tout, parent et enfant.

Neurosciences et réalités : décalage par Lena

J ‘exprime mon ressenti.
Éducatrice de jeunes enfants, dès l’âge de 14 ans je savais ce que je voulais faire : la cause des enfants.
Et en 26 ans d’expérience, moi aussi je vois les conditions se dégrader pour l’accueil du petit enfant.
Ma conscience professionnelle me demande d’être à l’écoute bienveillante tolérance patiente réactive dynamique super intelligente savoir transmettre mon potentiel et toujours faire plus physiquement aussi heureusement j’ai un potentiel sportif
Tout ca sans n’avoir aucune reconnaissance en retour.
Si heureusement, les enfants nous le rendent toujours.
Les connaissances que nous recevons, intégrons, que nous partageons et essayons au mieux de transmettre d’exercer pour être une  » suffisamment bonne  » professionnelle.
Toujours faire au plus vite, au plus efficace, au plus réactif, au plus juste avec l’enfant au milieu et sa sensibilité, lui qui absorbe tout comme une éponge, nous voit patauger dans ce monde d’exigence où il faut faire vite avec des moyens humains et des moyens matériels qui s’amoindrissent et surtout qui doivent être ultra performants aussi. On nous en demande toujours plus. On en demande toujours plus aux enfants. Il est vrai que je me pose de grandes questions quant aux conséquences de ses choix de rentabilité, d’efficacité, de tolérance, limités face à la différence surtout à la différence de rentabilité sous toutes ses formes.

Toujours plus ! vive la caf ! par Ejebadass

Eje depuis 10 ans, j’ai pratiqué dans 6 structures (municipale, privé, associative, micro…) quand enfin tu trouves la structure qui prend en compte les valeurs qui te sont essentielles dans l’accueil d’un enfant au quotidien. Et bien évidemment, la caf s’en mêle. Bah oui… il faut remplir et les taux ne sont pas bons.
Mais comment ?? Nous sommes remplis tous les jours… Ah c’est vrai on a fait des familiarisations selon les besoins des familles en respectant leur rythme…. Et d’autres choses qui font que tu t’arraches à monter des projets, à intégrer les familles, à accueillir toutes les individualités dans ces accueils collectifs qui peuvent bousculer. Tu rentres chez toi en réfléchissant à comment améliorer tes pratiques, à comment accompagner les équipes à être dans la réflexion.
Mais tous cela la caf ne le voit pas, il est impossible de le quantifier et doit on vraiment le quantifier? Est-ce ça notre travail ?
La décision est tombée : face à cela, pour avoir des bons taux nous devront accueillir un enfant en plus sur nos groupes, en plus déjà du surplus que nous accueillons. Et nous devons réfléchir à comment amener cette décision à notre équipe et soyons créative, à comment le mettre en pratique au quotidien….

Et bien j’ai juste envie de partir en courant….