Se préoccupe a-t-on du bien-être du personnel des EAJE ? par Livana

Auxiliaire de puériculture depuis 1995, j’ai pu voir l’évolution des EAJE mais aussi la dégradation. Le monde évolue, les enfants évoluent, les familles changent, les directions changent . On nous demande toujours plus , on s’investit toujours plus mais il y a un moment où le corps, la tête ne suivent plus. Trop c’est trop.
Je trouve que nous n’avons aucune reconnaissance professionnelle au niveau du salaire. AP dans la fonction publique, on nous demande d’avoir le concours de la fonction publique territoriale. Les Cap petites enfance, eux n’ont pas besoin d’avoir ce concours. Le salaire entre ces 2 professions est quasi identique.
AP en EAJE, nous pensons au bien-être des enfants, des parents, des familles, mais qui pense à notre bien-être ? Notre métier est physique même si certains disent  » c’est cool ta journée, tu joues toutes la journée avec les enfants « . Faux, nous sommes là pour la familiarisation de l’enfant mais aussi des parents, nous essayons de répondre tant que possible aux questions des parents, nous effectuons des soins toute la journée, réglons les problèmes, et nous avons aussi la chance de partager de bons moments avec les enfants. Souvent, nous n’avons pas le matériel adapté pour pouvoir travailler sereinement. Notre corps commence à montrer de l’usure au bout de quelques années. Douleurs articulaires, douleurs lombaires, fatigue physique et psychologique sont les principaux acteurs de notre profession. Quand aurons-nous une reconnaissance professionnelle au niveau de la maladie ? Le port des enfants tout au long de notre carrière professionnelle peut entraîner des problèmes de dos. Quand est-ce que ces problèmes de dos seront reconnus comme maladie professionnelle ?
Malgré tous ces points négatifs, j’aime mon travail mais il nous manque la reconnaissance professionnelle, et le bien-être professionnel devrait être un point à développer. Par exemple : une séance d’ostéopathie tous les 3 mois, un massage du corps, une rencontre trimestrielle avec une psychologue pourraient être proposés à chaque pro sur leur lieu de travail pour pouvoir les aider à se sentir mieux.
Merci de soutenir le personnel travaillant auprès de la petite enfance.

EJE en pleine désillusion par Milou

J’ai commencé ma carrière dans une section bébé où nous étions 5 pour 20 bébés. Soucieuse du bien-être de l’enfant j’ai démissionné après deux mois.

Pourquoi ? On connait tous ce moment où c’est l’heure du repas pour les bébés mais aussi pour les pro qui ont chacune 1h de pause. Autant dire qu’à ces moments-là, le 1 pour 5…

Un midi, aux vues de la disposition deux locaux j’étais seule dans la salle de vie avec 12 bébés (1 pro donnait des repas dans la salle dédiée au bout du couloir et surveillait en même temps la sieste, 1 pro dans une autre pièce dédiée aux bébés de mois de 5 mois, elle aussi donnant un biberon et les autres en pause repas). Me voilà donc seule à 13h30 avec ces 12 enfants : certains ont faim, d’autres, sommeil, dans des stades de développement différents. Je suis donc au sol avec un bébé dans les bras à qui je tente de donner un biberon, un transat au bout de chaque pied pour bercer des enfants qui sont exténués mais que je ne peux pas accompagner dans leur lit. Un enfant à ma droite qui essaye de prendre le biberon que je donne. Un autre est à ma gauche et essaye de se mettre debout en s’appuyant sur moi. Mais mon attention n’est pas sur ces enfants autour de moi, elle est sur une petite fille qui s’apprête à morde un bébé au sol, j’essaye donc de l’arrêter par la parole en me demandant comment faire, et le téléphone sonne en bruit de fond…

C’est à ce moment que j’ai eu le déclic : c’est insoutenable pour moi, mes valeurs et je pense que c’est de la négligence envers ces enfants.

J’aimerais vous dire que je n’ai ensuite connu que des structures géniales avec un taux d’encadrement qui ne fait pas que respecter la loi. Mais ces établissements font exception. J’en ai connu un seul qui m’a donné envie de continuer ce métier.

Aujourd’hui je suis animatrice en RAM et en burn-out. J’aimerais arrêter de me faire broyer par mon travail au nom de restrictions budgétaires toujours plus importantes, est-ce possible dans la petite enfance?

Le futur… par Ju

Je travaille depuis 2004 en multi accueil.
D’abord en multi accueil parental et maintenant municipal.
J’ai pu voir l’évolution de mon travail de terrain, voir mes collègues perdre le sens de leur métier pour lequel elles étaient pourtant passionnées, des projets plein la tête !
Au départ, travaillant en province je ne comprenais pas les faits que me relataient mes collègues en région parisienne : leurs conditions de travail, leurs rapport à leurs supérieurs, leur taux d’encadrement, l’accueil en section des enfants, la lourdeur des tâches administratives…
Faisant partie depuis 5 ans d’une collectivité, je comprends mieux tout ce qu’elles subissaient (elles ont d’ailleurs, pour la plus part, quitté leur profession).

Ayant tout d’abord travaillé pour une mairie bienveillante, dans l’échange, l’écoute, j’ai adulé ce métier au service du public, au service des enfants. Aujourd’hui, au sein d’une petite collectivité me voilà compressée : pas tant par le taux d’occupation, car il est à mon sens normal que la structure puisse compléter toutes les places disponibles.
Je me sens compressée par le manque de personnel, ceux non remplacés lors de leur départ à la retraite, ceux non remplacés lors d’une maladie, ceux non remplacés lors d’un congé parental (il faut attendre car on ne trouve personne… étonnant).
Ceux qui ne sont que de passage et n’ont pas le temps de prendre leurs marques auprès des enfants.
Je me sens compressée par le travail administratif qui prend de plus en plus de temps (les directeurs ont-ils encore le temps d’aller sur le terrain s’ils veulent pouvoir tout gérer l’administratif : accueil des familles, lien avec la collectivité, réunions diverses, commandes, courir après ce temps qui passe trop vite dans une journée et où leur bureau est parfois rempli par des adultes en demande plus de la moitié de leur journée de travail ..).
Je me sens compressée par le temps sur le terrain que nous passons avec chaque enfant. Comment les calculs sont-ils faits ? Un professionnel pour 5 enfants qui ne marchent pas. Mais le professionnel ne fait que 7h par jour et la journée de crèche 11h. Je me souviens du temps où nous comptions un professionnel le matin et un l’après-midi pour cinq enfants. Nos journées de travail ne font pas 11h !!! Ce texte ne pourrait-il pas être revu comme suit : 1 pro pour 5 enfant à un temps x?
Je me souviens avoir répondu à un questionnaire après le premier confinement pour savoir quel était le taux d’encadrement idéal pour moi. Si ce taux était déjà respecté cela serait déjà fantastique !!!
Je me sens compressée par le départ de mes collègues qui ont pourtant toutes les qualités pour travailler auprès des jeunes enfants et une expérience utile mais qui ne parviennent plus à faire ce métier qui était pourtant au centre de leur vie.
Je me sens compressée par le manque de lien avec les familles. Les temps de transmissions se réduisent car les taux d’encadrement aussi. Comment faire encore de la prévention ???
Je me sens également compressée par le nombre d’enfants accueillis en occasionnel et que l’on ne peut pas accueillir assez régulièrement pour qu’ils prennent leurs marques. Parfois, l’enfant ne peut venir qu’une fois tous les 15 jours. Où est passé notre projet éducatif ??
Il y aurait encore tant de choses à dire car ce sont des métiers que nous sommes en train de détruire par le manque de projets. Le quotidien (le repas ,les siestes, les changes) nous prend tellement de temps (les effectifs de professionnels étant réduits) que les activités telles que peinture, sorties, deviennent réduites. Qu’en sera-t-il prochainement avec les nouvelles mesures ? Veut-on une petite enfance rentable à tout prix ? Ne sommes-nous pas en train de sacrifier une population ? Certes, tout ne se joue pas avant 3 ans, mais les fondements de l’adulte ne reposent-ils pas sur la petite enfance ?

Politiciens, j’espère que vous penserez aux a adultes de demain lorsque vous écrirez la réforme de la petite enfance.

Entreprise familiale qu’ils disaient… par Zora

Diplômée EJE en 2013, j’ai été embauchée très rapidement dans une entreprise de crèche. Des locaux tout neufs, une charte de qualité, des produits écologiques, un journal à destination des familles mettant en valeur notre travail, des projets en veux tu en voilà. Sur le papier.
Car finalement pour moi, le seul projet à été de tenir bon. J’ai rapidement été confronté au manque de personnel. Jeune et pleine de bonne volonté, j’ai remplacé à tour de bras. Pensant qu’il s’agissait d’un dysfonctionnement passager dans ma structure. Cette bonne volonté m’a rapidement permis d’obtenir un poste de direction dans une autre crèche du « groupe ». Elle aussi confrontée a de l’absentéisme. Mais cet absentéisme tient ces racines dans une volonté de remplissage destiné à faire toujours plus de bénéfices. En tant que directrice je subissais une pression monstrueuse du « siège » pour atteindre mes « objectifs ». On me menaçait de supprimer un poste si je ne remplissait pas suffisamment la crèche. Pour y parvenir il faut prendre des contrats en « occasionnel », des enfants qui ne viennent que quelques heures par semaine. Il me fallait aussi régulièrement être hors la loi et accueillir plus d’enfants que ce que la PMI m’autorisait. Sur le terrain mes collègue souffraient, elles devaient tout mettre en œuvrer pour conjuguer accueil des familles à n’importe quelle heure de la journée, bien-être des enfants, adaptations des nouveaux , changes, activités, gestions des émotions des enfants, service du repas, nettoyage, mais aussi mettre en route les machines, changer les draps, désinfecter les jouets, ranger…
Quelle place pour l’accompagnement de l’enfant, quelle place pour veiller à son épanouissement dans cette logique de remplissage ? Comment faire lorsque l’on est 3 pour 20 enfants par section et que les arrêts maladie ne sont JAMAIS remplacés.
L’annonce parlait d’une entreprise familiale, de la poudre au yeux oui. La famille n’a d’intérêt pour eux que parce qu’elle génère des profits.
C’es une machine à broyer les professionnelles et à mettre en difficulté les enfants.
Rappelons également que ces entreprises ne tiendrait pas trois mois sans l’argent de la CAF et le crédit d’impôt aux entreprises.
J’ai tenu 4 ans avec une pression monstrueuse, des journées de 12h, une équipe de 10 personnes à gérer avec 1700 euros net à la fin du mois.
J’ai cru pouvoir faire évoluer les choses. Quelle naïveté!

Auxiliaire de puériculture par Babeth

Cher Décideur, Décideuse,
Quel avenir voulez-vous pour vos enfants et vos futurs adultes ?
Un avenir où seul l’argent compte, de la naissance à la mort.  ARGENT, ARGENT, ARGENT…
Dans les structures d’accueil pour les bébés (oui ! nous parlons de bébés 2mois et demi à 3 ans) seules les tensions sont permanentes. Toujours plus vite, manque de temps, de bras, de matériel, surcharge de travail…  Ce qui engendre pénibilité, usure psychologique, fatigue, et bien sûr, et surtout, des bébés stressés, en mal-être.
Vos décisions fabriquent des bébés en souffrance.
Respectons le bien-être, plutôt que le P.I.B.
Quels futurs adultes allez-vous créer dans un monde où seul l’argent aura compté ?
J’espère des révoltés comme nous le sommes.
Respecter la vie plutôt que les bénéfices…
« Nous voulons
DES BEBES HEUREUX,
PAS DES BEBES €UROS »
       Pas de bébés à la consigne

Découragée par Clody

Bonjour, Éducatrice de Jeunes Enfants, je suis dans le milieu de la petite enfance depuis longtemps. J’ai envie de vous dire :

  • 1 adulte pour 5 bébés et 1 adulte pour 8 enfants qui marchent C’est déjà une aberration ! 😤 Je rêve d’un jour : où les politiciens qui votent ces décrets qui nous pourrissent notre quotidien, notre métier et notre santé aient le courage de faire l’expérience pendant 35h de vivre une de nos journées de travail !!!
    Ils réaliseront alors de l’aberration de leurs règles.
  • le secteur de la petite enfance est oublié de tout le monde. Cependant, il est essentiel de porter une attention importante sur « nos enfants  » pour construire un monde meilleur pour le futur. Mais nos politiciens n’en ont pas conscience !!😥
  • il serait temps de reconnaître comme il se doit tout les métiers de la petite enfance.
    Mon témoignage ressemble plus à un coup de « gueule  » mais merci de m’avoir permis de le faire. J’espère que le gouvernement nous entendra enfin !!😰

Lettre envoyée au Pdt République restée sans réponse par Dom

le 8 février 2021

Monsieur le Président de la république,

Je m’appelle Albert, j’ai deux et demi et une petite sœur Léa qui a quatre mois. Nous allons tous les deux à la crèche.
Nos parents sont ravis d’avoir obtenu une place pour nous. Avoir une place à la crèche, c’est avoir une place dans la société. C’est un vrai plus, car nous sommes avec des professionnels diplômés, qui nous guident dans nos apprentissages et nos développements.
Ce qui caractérise tout bébé, ce sont d’une part cette notion d’être humain en devenir, d’autre part ses capacités innées, la soif de découvrir et de savoir.
Mais ces dernières ne s’expriment et ne se mettent en place de manière heureuse que si l’environnement le permet et les y pousse.
Nos parents savent que c’est une chance pour eux et pour nous. Trop peu d’enfants sont admis, l’effectif étant limité.

Ici trente places au total, entre le secteur des bébés et des grands.
Ma sœur et moi, permettons d’atteindre le taux de fréquentation exigé par les gestionnaires et la caisse d’allocations familiales. Il paraît que la crèche se doit aussi d’être rentable !
Ma sœur et moi, ne sommes pas d’accord. C’est notre avenir qui se construit à la crèche. Ce qui se passe dans la petite enfance est primordial pour le reste de la vie.
Léa est dans la section des bébés, qui accueille certains jours jusqu’à quatorze bébés, pour une surface de trente sept mètres carré. C’est vraiment pas facile à vivre !
Dans cette section, les touts petits et les moyens sont mélangés.

Le matin, nous arrivons de bonne heure, à sept heures quinze. Là, deux professionnels nous accueillent chaleureusement.
Il y a déjà, plusieurs enfants présents dans la salle d’activité des touts petits. L’accueil, le matin se fait dans ce secteur uniquement, jusqu’à huit heures où deux autres professionnels arrivent.
Les grands et les plus petits se mélangent. Pour la sécurité des bébés, un parc surélevé  est à leur disposition et les préserve du dynamisme des marcheurs qui courent et sautent déjà partout. Il faut bien palier à la petitesse de la pièce ! Malheureusement, ma petite sœur ne voit pas les autres enfants étant isolée dans ce parc.
Les deux professionnels présents doivent gérer la mise en place de la crèche, les arrivées, les lavages des mains effectués suite aux protocoles sanitaires, les pleurs causés par la séparation… et quelques fois un biberon.

Comme la crèche respecte le rythme individuel de chaque enfant, ma petite sœur Léa est préparée pour dormir. Elle est réveillée depuis les six heures du matin. Le dortoir de treize mètres carrés des bébés a une capacité de neuf lits. Alors, il y a une rotation entre les lits et les enfants. Tout ce petit monde n’a pas de lit d’attitré ou voire même pas de lit. Cherchez l’erreur ! De plus, pas facile de circuler entre les lits !
Avant l’arrivée des deux horaires de huit heures, il peut  y avoir treize enfants ou plus jusqu’à sept heures trente.
Un manque de personnel pour diverses raisons nous pousse à être dans cette zone jusqu’à neuf heures. (un autre professionnel arrive à cette heure) .
Les textes disent que nous sommes dans les chiffres. Mais dans la réalité, moi, qui le vit, je vois bien qu’il est nécessaire d’avoir des professionnels supplémentaires.

Ensuite, tous les grands sont accompagnés dans l’autre secteur qui leur est dédié. Là, il peut y avoir jusqu’à vingt trois enfants pour une surface de quarante quatre mètres carrés. Ouille ouille ouille mes oreilles ! Le bruit est effrayant…
Un dortoir de dix huit mètres carrés, sans fenêtre, où quatorze enfants sont installés côte à côte  ( je dirais même collés), donne directement sur la salle d’activé.
Les gestes barrières qui sont de mises actuellement sont impossibles dans ma crèche…
Une autre petite pièce de neuf mètres carré et demi (avec une baie vitrée qui ne s’ouvre pas), était à l’origine une petite salle de lecture. Celle-ci est transformée en dortoir où six voire sept enfants peuvent y être « agglutinés ». L’été, la chaleur est terrible à vivre faute de volets.

De l’extérieur, l’image de la crèche s’annonce dans un cadre homogène et harmonieux. C’est une sorte de « boîte colorée »  habillée de motifs enfantins, mais ou la réalité est loin d’être parfaite.
En fait, pas assez d’espaces pour ranger le matériel pédagogique. Tout est entassé, malgré les inventions des professionnels pour cacher « la misère ». Pas de salle de motricité, pas d’espace pour les activités manuelles. Pour diviser le groupe, les activités se pratiquent soit, dans l’espace restauration de onze mètres carré, soit dans le hall d’entrée de quatre mètres carré. Une table y a été installée et sert également pour les repas. Impossible aux adultes de tourner autour.

Maintenant, parlons des repas… là aussi, cela paraît inimaginable !
Nous sommes collés, serrés. A huit enfants sur une petite table rectangulaire prévue pour six. Impossible de circuler correctement également.
Comme la cuisine de cinq mètres carré, sert pour la préparation des repas des plus petits du secteur bébés, c’est très compliqué. D’ailleurs, dans ce secteur, j’entends six bébés pleurer. Ils réclament leurs biberons en même temps pour quatre professionnels présents. Comment ces professionnels peuvent-ils s’organiser pour gérer les besoins de ces petits ?

De plus, lors des absences de la femme de ménage, celle-ci n’est pas remplacée et la charge de son travail revient à l’équipe. Cela veut dire que les professionnels sont encore moins disponibles pour nous les enfants. Faut-il arriver à procurer des soins d’une manière mécanique et en urgence, en fonction de leur surcharge de travail ?
Les bébés pleurent de fatigue ou de faim et  malheureusement personne ne peut répondre à leur demande !

Le soir, il n’y a qu’un professionnel dans chaque secteur : moi, je suis fatigué de ma longue journée, j’aimerai bien un câlin, mais il y a les départs, les derniers changes,   la désinfection des jouets, de la salle de change, de la biberonerie…etc
J’entends aussi ma petite sœur, dans le secteur des bébés. Elle aussi aurait besoin de se lover… mais personne n’est disponible pour l’instant. Pourtant, les professionnels font leur possible…alors je pleure, et j’attends au portillon.

Il faut savoir, que les bébés qui sont privés d’affection chaque jour passé avec  les professionnels des lieux d’accueil ressentent un déficit nuisible à leur développement. Ce n’est pas moi qui le dit, mais des neurophysiologistes. Si la mère reste le personnage principal dont le bébé a besoin pour construire son lien d’attachement, les autres personnes de son entourage sont également très importantes, pour qu’il puisse développer un attachement sécure. Les méfaits des pleurs sont néfastes sur le développement du cerveau. Alors, comment nous offrir tout cela, si le personnel diminue et que l’on augmente le nombre d’enfants par personne ?

De grâce, pas de bébés à la consigne, s’il vous plaît, « mesdames et messieurs les décideurs ». Nous ne sommes pas non plus des sardines, dans une boîte. Pensez à nous, à notre avenir. Aidez-nous, à devenir des adultes confiants, équilibrés, à l’écoute des uns et des autres. Aidez-nous à nous construire, à grandir dans de bonnes conditions…
Vous avez notre futur en vos mains, comme nous, nous avons le vôtre. N’est ce pas le principe de l’intergénérationnel ?

Je parle au nom des professionnels des crèches qui sont malmenés par les contextes de travail, les pénuries et les surmenages mais qui continuent de croire qu’ils sont  d’une grande utilité sociale et qu’ils doivent à ce titre être mieux reconnus, mieux formés, mieux traités. Enfin en un mot, être considéré.

Ici, dans ma crèche, l’équipe est composée d’E.J.E ., d’A.P. ,de C.A.P.,de  B.A.C. Pro. C’est une équipe pluridisciplinaire. Chacun par sa formation apporte son savoir différemment, ce qui  est complémentaire et formateur. Comment voulez-vous que cette complémentarité puisse encore exister en diminuant le nombre de personnes diplômées en structure ? Comment voulez-vous que ces professionnels sans formation puissent fournir un accompagnement de qualité et emprunt de bienveillance, d’empathie ?

L’accueil et l’accompagnement des enfants de 0-6 ans ne sont pas innés.

Encore une fois, la responsabilité des professionnels des crèches est importante. Aucun d’entre-eux ne doit ignorer les capacités des bébés, leur manière d’apprendre le monde physique et mental et l’indispensable richesse de leur « niche sensorielles », comme base de tous leurs développements. Ce sont les avancées scientifiques qui révolutionnent notre compréhension du bébé d’aujourd’hui, qui l’affirme.

La formation est donc plus que nécessaire pour connaître le développement de l’enfant, ses besoins. L’ensemble de ses sensations qui sont perçues par l’intermédiaire de ses cinq organes sensoriels et de son corps.

Alors moi, je ne veux pas d’accompagnants qui utilisent des méthodes pédagogiques inadaptées, souvent issues de leur propre vécu scolaire ou des pratiques habituelles devenues de véritables dogmes n’ayant plus aucun fondement, ou encore moins de recettes à la mode qui soi-disant, fonctionne, mais sur quelle base, pour qui et pourquoi ?
Nous, les enfants, désirons des pratiques pédagogiques avec les théories scientifiques actuelles.

Nous voulons trouver un équilibre psychique, émotionnel et intellectuel grâce à des professionnels diplômés et de qualité.

Donnez-leur les moyens pour nous accompagner, de sortir du cadre des pratiques traditionnelles. Mais peut-être s’agit-il là d’une utopie ? Pourtant, les utopies servent aussi à faire évoluer le monde…

Recevez, monsieur le Président, tous mes sentiments d’espoir  en espérant que ma lettre attirera votre attention.

Albert

Sécurité des enfants ou intégrité ? par Dilemne

Cela va être trash mais c’est un exemple parlant du flux tendu que l’on vit en structure.
Choix entre des enfants en sécurité ou mon intégrité physique et psychique.
Temps de sieste: 3 sections : 1 pro pour chaque espace sans proximité. Pas d’agents. Salle de pause au sous sol. Pas de possibilité de communiquer.
Pas de bol, période de gastro. Je suis dans un des espaces de sieste. Seule. Je sens mon ventre se tordre,  je DOIS aller aux toilettes et ça ne va pas durer 2min….. Là que faire, qui laisse les enfants de son espace seuls sans surveillance ???  J’ai pas réussi à tenir 15min le retour de ma collègue. Ac le recul des fois, je me dis « tu aurais du courir prendre une couche, la glisser dans le pantalon et revenir auprès des enfants , ça aurait été le compromis « 
Entre des locaux pas adaptés, des pro absentes non remplacées sur une base ultra tendue. Comment assurer toutes nos missions et être dans le bien-être tant des enfants que des pro????

Ecoutez nous !! par Moi

Je travaille en multi accueil de 20 places, dans des locaux inadaptés pour tant d’enfants. Une réflexion constante de l’organisation est à mettre en place pour le bien-être et la sécurité des enfants, parce que travailler auprès d’eux, c’est un métier, des responsabilités, ce n’est pas un jeu, et ce ne sont pas des chiffres mais des êtres humains en devenir !!
Pas de salle de pause, en même temps à quoi servirait elle puisqu’on travaille 8h par jour sans pause !!!
Repas pris sur le pouce, au milieu des enfants qui ne dorment pas ,  sur le matériel à hauteur d’enfant… Idéal pour nos genoux, nos jambes, notre dos, nos bras….
Pas de vestiaire, obligées de se changer dans un couloir, intimitée respectée à 100 % !!!!!
Personnel juste ce qu’il faut… pas besoin de plus, tout pile dans le taux légal d’encadrement qu’on nous dit…. Mais on a que 2 bras et  2 jambes !!!! L’un pleure, l’autre a faim, le suivant est tombé, faut le soigner, les deux autres se chamaillent , et zut, manquait plus qu’un change à réaliser….reste plus qu’à se greffer encore des bras et des jambes pour pouvoir répondre à tous les besoins en même temps….
Absences de collègues non remplacées…. pour quoi faire ? Faites donc des heures supp…..pas payées et compliquées à rattraper….
Espérer se former ?? Trop cher et encore des heures supp pour combler le manque de personnel…..
Parlons salaire ?  Sujet fâcheux ! Un smic ridicule qui nous permet même pas de finir nos fins de mois , qui ne correspond pas à la charge de travail et les responsabilités que nous avons !
Oh que la liste est encore longue….
Mais quelle est l’essence même de notre métier ?  N’est ce pas les enfants ? Leur sécurité, leur bien-être ?
Comment une équipe peut gérer ces petits  êtres en devenir quand elle est à bout de souffle parce qu’elle est méprisée, parce qu’elle n’est pas entendue, mais pour cela, il faudrait déjà qu’elle soit écoutée……
Comment trouver du plaisir à exercer son métier quand on a la boule au ventre au réveil ?  Quand on est au bord du burn out ?
Pourquoi ne penser que rentabilité et non pas humanité ?
Prendre soin du personnel encadrant, c’est prendre soin des enfants, prendre soin des enfants, c’est les respecter, et le respect c’est la base de la vie ……………

Les EAJE, une situation financière fragile par Anne Onyme

Être un EAJE sous le régime de la PSU, c’est être sans cesse tiraillé entre les intérêts financiers et les intérêts de l’enfant.
Les exigences fixées par la PMI sont croissantes : limiter l’usage des gants, serviettes, les remplacer par du « tout jetable », sans compter les frais liés au contexte sanitaire actuel.
Voilà comment on en arrive à avoir des distributeurs de papier hygiénique (présents en cas de contrôle) sans avoir le droit de s’en servir (trop cher! Et puis tant pis pour la gastro qu’on se choppe les uns après les autres après avoir utilisé le même torchon essuie mains), à devoir faire « au mieux », à défaut de pouvoir bien faire.
Voilà comment autour du café, on en est à échanger autour de nos pratiques et se rendre compte que tous, avons peur de glisser vers une forme de maltraitance institutionnelle dictée par un manque de moyens humains et matériels.
Voilà comment on en est là, à la moitié d’une équipe évoquant la possibilité de démissionner, en dépit de toutes les belles choses que nous partageons ensemble (car derrière ce sombre tableau, il y a la solidarité d’une équipe, la confiance des familles, l’attachement aux enfants, une vie au travail comme dans une deuxième famille en somme).