EJE référente technique par Vio

Pendant presque 5 ans, j’ai tout donné que cela soit auprès des enfants, des familles et des équipes. Je ne comptais pas mes heures car je crois en l’importance de notre travail. Avec la gestionnaire, les choses se sont compliquées au fil des années.
Je trouve dommageable que la majorité des professionnels auprès des enfants soient si peu formé. Personnellement, j’ai fait mon maximum pour être dans la transmission de savoir, éveiller leur curiosité,… Mais sur les 2 équipes, seulement 2 avaient un réel désir d’apprendre et de bien faire auprès des enfants. Et je les en remercie.
Il est d’autant plus difficile de motiver les équipes avec zéro moyen. J’achetais de ma poche du matériel pour les 2 micro-crèches. Mais ce n’est pas une solution.
Le désinvestissement de la gestionnaire à aggraver la situation tant au niveau des embauches (énorme turnover car les équipes s’usent en accumulant toujours plus d’heures supplémentaires, face au manque de moyens, etc.) et son côté lunatique auprès des pros n’aidait en rien.
Les casquettes à tenir sur une journée vont de faire respecter les protocoles cuisine, réchauffer les plats, laver le linge, faire le ménage tout en tentant d’accompagner les enfants dans leur développement, en leur proposant un lieu de vie sécure tant émotionnellement, que psychiquement, ce à quoi s’ajoute l’accompagnement dans leurs explorations, expérimentations,…
Mais comment tout faire avec si peu de moyen et encore moins de reconnaissance ?
Nous ne sommes pas des garderies qui auraient pour objectif de dépanner les parents allant travailler.
La petite enfance est un champ riche de possible mais faut-il que l’on nous en donne les moyens, que les pouvoirs publics entendent que nous faisons un travail d’utilité publique! Les jeunes enfants bien pris en charge, bien accompagnés partiront du bon pied dans leur vie future. Moins d’argent à sortir des poches de l’Etat plus tard, s’il nous permettait de faire correctement notre travail. C’est toute la politique de la petite enfance qui est à revoir.
Dans des pays comme l’Allemagne, les enfants sont accompagnés au quotidien par des équipes constituées quasiment exclusivement d’éducateurs de jeunes enfants. Avec des salaires tenant comptent des diplômes, de la non simplicité du travail, et des responsabilités qui leur incombent.
Nous travaillons avec de l’humain, entre humain sans soupape. Mais avec toujours des questions de rendement, de taux de remplissage qui flottent au dessus de nos têtes. Il faut arrêter de penser en terme de CA mais se mettre au niveau des enfants, répondre à leurs besoins, les accompagner, faire qu’ils se sentent bien,… Et là alors l’aventure peut démarrer avec du matériel, des équipes qui se questionnent, réfléchissent ensemble à des solutions à proposer, à faire des bilans réguliers sur chaque enfant pour améliorer les propositions. Avoir de vrais moyens, pour penser l’espace. Trouver des solutions pour lutter contre l’usure professionnelle.
Dans ma promo, nous étions 40, 1/3 l’ai encore mais ça va continuer de s’égrainer.
Sur un plan, plus personnel, je me suis formée en plus du DEEJE en passant un Master2R en sciences de l’éducation. Mais aucun employeur ne voit l’atout que cela peut-être pour eux et quand ils le voient, ils disent « on vous embauche pour votre diplôme d’EJE car c’est celui-ci dont on a besoin pour ouvrir ». Donc je prends légalement tout les risques, payée au lance pierre, avec des équipes peu ou pas formées auxquelles je dois faire pleinement confiance…. problème…
J’ai fini en burnout.
Au fil des années :

  • j’ai vu des enfants mis au coin car « super nounou » le fait… oui mais non, c’est contre productif à cet âge et de là j’argumentais sans grand succès les fois suivantes surtout quand j’étais sur l’autre micro-crèche ;
  • j’ai observé des douces violences même après une journée pédagogique sur le sujet ;
  • j’ai vu des enfants humiliés par les adultes (chose q je reprenais encore et encore) ;
  • j’ai été victime de harcèlement de la part de pros qui ne sont là que pour la paye, se contentent du minimum et ne veulent rien entendre;
  • Des temps de sieste anarchique sans pro auprès des enfants pour qu’elles puissent manger entre elles, forcément quand je passais la porte ça dégénérait mais avant tout je m’étais un stop et demandait à l’une d’elle qui n’avait rien à faire en pause de venir avec moi pour accompagner les enfants dans leur sommeil.
    Des exemples, j’en ai des charrettes avec des situations de gravité diverses.
    Mais là, je souhaitais juste dire qu’effectivement la petite enfance est en péril. Et nous avons besoin d’une refonte de tout ça TRES RAPIDEMENT, en concertation avec les acteurs, les chercheurs, …