Mayday… par Pascontente

J’ai retrouvé un peu d’espoir au sein d’une micro crèche et un multi accueil. Mais clairement, j’aime mes CDD, m’engager sur la durée me fait vraiment peur.
Après 10 ans de travail en multi accueil municipal, dans des conditions se dégradant d’année en année, j’ai cru rompre définitivement avec la petite enfance. C’était sûr, je ne voulais plus faire cela. Bosser au supermarché, n’importe où, pourvu que je n’entende plus d’enfants pleurer.
Parce que oui, quand les professionnels ne sont pas disponibles pour eux, les enfants pleurent.
Les bébés pleurent… Beaucoup…
Comment bien s’occuper d’eux lorsque l’on est 2 ou 3 pour 18 ?
Pleurer les dimanches soir.
Rentrer le ventre noué dans l’enceinte de la structure.
Ne plus supporter les murs, les portes, les odeurs.
Appréhender chaque message chaque soir pour savoir qui sera absente, présente, combien d’heures supp etc….
Avoir presque envie de se casser une jambe pour ne plus y retourner…
Et finir par arrêter alors que ce métier est une vraie passion, et pour beaucoup d’entre nous, c’est une passion.
Parce que le milieu de la petite enfance est passionnant, voir des petits humains grandir et apprendre est passionnant. Les comprendre c’est magique. Échanger avec eux est une richesse. Nous ne sommes pas là que pour « jouer » et changer des couches… Effectivement, dans ce cas, 2 pour 18, ça passe…

La fabrique de futur citoyens stressés par Arrêtons le massacre

Les parents ne connaissent pas l’envers du décor. Ils souhaitent la crèche collective pour beaucoup d’entre eux.
Mais ce qui se passe est grave. Nous n’avons plus les moyens humains de s’occuper des bébés. Dans les structures collectives, nous préparons juste les futurs citoyens à être stressés, à vivre dans l’attente, le bruit, à manger vite fait…
Les crèches collectives, en 15 ans, sont devenues des objectifs de rentabilité. On fait de l’argent sur vos enfants !

Par pitié, que les décideurs viennent passer une semaine avec nous, et ils comprendront !
Nous avons besoin de plus de personnel, c’est pourtant tellement simple !

Savez vous que certains gestionnaires privés offrent des primes au taux de remplissage aux directrices de leurs crèches collectives ? 
Voilà comment générer du conflit entre une équipe épuisée et une directrice qui veut « remplir », même si l’équipe n’en peux plus après une épidémie de gastro par exemple ..

Abandons par Vocation broyée

J’ai toujours eu la fibre. Toujours su que je voulais faire ce métier .
Le système a étouffé ma vocation au fil des années. Ces 10 dernières années ont été les plus marquées . Des dizaines de mes collègues ont abandonné. Quand on est physiquement au bout parce que, manque de personnel, jamais remplacé, (même avec du personnel en nombre ce métier est physique). J’ai d’excellents souvenirs. On pourrait faire pourtant tellement les choses bien ! On pourrait tellement faire mieux !
Au final, toutes les professionnelles qui ont la vocation tombent de haut très vite . J’en étais venue à conseiller aux stagiaires de faire double diplôme dans un autre secteur, tant qu’elles pouvaient encore faire des études. Car, en tant qu’EJE, compliqué de bifurquer du tout au tout sans aucune autre formation, le jour où on veut quitter le métier qui nous faisait tant rêver ..
Les stagiaires doivent savoir. J’ai arrêté de faire bonne figure depuis bien longtemps ..
Je travaille maintenant en crèche familiale , mais je dois aller renforcer l’équipe du multi accueil régulièrement . Et chaque fois que j’y retourne ….

Les Assistantes Maternelles manquent cruellement de reconnaissance également , en terme de salaire .

A l’heure du goûter, qui goûtera le 1er ? par Fanny

Je suis auxiliaire de puériculture depuis 9 ans et ce soir encore une fois, je rentre de ma journée de travail et je m’effondre.
Fatiguée, à bout de nerf, révoltée, d’avoir entendu pleurer, hurler toute la journée…
J’aime m’occuper et accompagner ces petits être à en devenir mais les conditions actuelles me dégoutent.
1 adultes pour 5 enfants qui ne marchent pas
1 pour 8 qui marchent, irréalisable !

Comment est ce possible ?
Comment doit on faire ?
Comment doit on procéder ?


J’aimerai qu’on me donne la solution magique. Quand il est 15h30 que ces enfants ont tous faim, qu’ils ont très peu dormi car gêné par les pleurs des autres enfants ils n’ont pas réussi à s’endormir, et sont donc sur les nerfs.
Que ça hurle, à qui goutera le 1er ?
Benjamin prendra son biberon dans les hurlements des autres puis dès qu’il aura fini, sans même pouvoir profiter d’un moment calme avec l’adulte, il sera posé immédiatement au sol en pleurs bien évidement car trop rapide pour lui mais il faut enchainer avec le prochain.
Quand Camille est fatigué mais qu’il a besoin d’une présence pour s’endormir, que Syli a fait une selle, que Tiago doit prendre son biberon et que Hermès pleure car sa maman lui manque simplement ?
Je n’ai pas à ma connaissance 8 bras pour pouvoir répondre à leurs besoins, alors on fait quoi ? On laisse pleurer ?!
Je suis écœurée de mon métier, écœurée d’entendre des enfants se mettre dans des états pas possible car il n’y a pas assez d’adultes pour s’occuper d’eux, pour pouvoir les accompagner avec bienveillance dans leurs apprentissages quotidiens pourtant si important.
On sait qu’un bébé qui pleure longuement grille ses neurones… Et du coup, que fait-on ? RIEN.
Beaucoup d’avancées ont été faites, sur comment accompagner un enfant, comment s’adresser à lui, comment l’aider à grandir en toute sécurité.
Pourtant dans nos quotidiens nous sommes à des années lumières de tout cela.

Éducatrice de jeunes enfants par Ka ko

Mon métier, je l’ai choisi. J’ai la passion de ma profession. Mais le constat, ce sont que les belles années sont derrière moi.
Il y a longtemps que le bien être de l’enfant n’est plus au cœur de nos préoccupations 😒 : de multiples projets à mener de front, taux d’occupation à remplir, absentéisme, communication à l’arrache entre deux portes, manque de temps, manque de budget, manque de personnel, des problématiques familiales complexes qui demandent plus qu’un accompagnent basique… On devient polyvalent pour tout ….et malgré tout on est ET reste professionnel. Solidaires, on tient le coup parfois jusqu’à l’épuisement et le ras-le-bol qui prennent le dessus. MAIS, nous continuons à travailler malgré les conditions car nous nous préoccupons toujours des enfants des familles dont nous avons la charge et les accompagnons du mieux qu’on peut.
Alors, messieurs les décideurs, laissez-nous faire notre travail!  NOUS, nous connaissons notre boulot . Arrêter de créez des lois ou des réformes qui mettraient encore à mal le secteur de la petite enfance.
Éducatrice est fière de l’être …ENCORE

Écoutez nous! par Pauline

AP depuis treize ans et passionnée par ce métier choisi, j’ai été témoin de l’évolution du travail dans la petite enfance.
Je suis d’origine étrangère et quand j’ai voulu inviter ma mère et ma sœur, on m’a embêté à la mairie car on était dans un tenez vous bien….54m².
J’ai du insister car il fallait « une chambre par personne » et c’était trop « juste »
Alors de qui se moque-t-on?
Certes, les enfants sont « plus petits » mais en même temps, ils ont BESOIN de se mouvoir et donc de place.
Quand on nous parle de 5,5 m² par enfant dans les grandes villes, ça me rend folle de rage.
Autre exemple, imaginez un train bondé le matin. Les voyageurs deviennent agressifs car ils sont trop serrés.
Cette question s’adresse à Monsieur Taquet, comment gérer les groupes de plus de 20 enfants pour 3 pros dans les petits espaces?
Comment éviter l’agressivité entre eux? Comment l’expliquer aux parents des enfants « agressés « ?
Comment un(e) pro consciencieux(se) de son travail peut se regarder en face en rentrant chez soi?
Comment se débarrasser de cette culpabilité qui nous pousse à faire toujours de notre mieux et qui nous force à travailler tendu tous les jours ?
Comment se débarrasser de cette boule au ventre chaque matin au réveil ?

Dégradation de notre profession par Fa

En poste depuis 30 ans.
Dégradation de notre profession.
On nous demande du remplissage et des projets vitrine.
Aucune possibilité de faire de l’accompagnement parental dans un contexte de crise où les parents vont mal.
Les premières années de l’enfant sont vitales pour une évolution positive et stable.
Pourquoi le gouvernement ne met pas les moyens nécessaires pour effectuer un travail de qualité ???
J’aime mon métier, mais pas la façon dont on me demande de le faire.

Il n’y a plus que les chiffres qui comptent et c’est bien malheureux par louloute42

Bonjour , je suis animatrice petite enfance en crèche depuis 10 ans maintenant. En 10ans, le plaisir de venir travailler à bien changer!
De plus en plus de pression, d’attente de la part des employeurs surtout concernant les taux de remplissage. Dès qu’un enfant est absent ou malade, il faut remplacer systématiquement! Je trouve cela ridicule d’appeler des parents qui sont tranquillement chez eux avec leurs enfants pour leur dire d’emmener leurs enfants à la crèche et pouvoir ainsi rapporter plus d’argent car du coup double facturation.
Encore plus en pleine épidémie de covid… Il n’y a plus que les chiffres qui comptent et c’est bien malheureux!

la réforme à décider de mon choix par vavaap

Je suis AP depuis presque 15 ans.
je suis fan de mon métier je me régale.
Mais, ses dernières années ça devient de plus en plus difficile de garder le sourire…
Après une agression physique par un papa, puis une maman, puis des insultes de parents…
Le 30 mars dernier, nous fermons la crèche, nous sommes toutes en grève… la directrice et le gestionnaire refusent que nous prévenions les parents…
Le lendemain, d’ouverture, nous prenons les foudres des parents…
Pendant ce temps-là, la directrice et la coordinatrice réaménagent notre buanderie en enlevant la marche en avant…
En tant qu’AP, avec ma collègue nous posons la question de comment on va faire.
Réponse… « on s’en fout et de toute façon les AP, vous allez disparaître, donc vous n’avez pas votre mot à dire. »
Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres… Mais ma décision est prise : je change de métier. La maltraitance du personnel, c’est fini pour moi. Comment être bienveillante avec les enfants quand on est maltraité ?
C’est le cœur lourd que j’arrête mais je ne me reconnais plus dans cette manière de fonctionner…

Au secours!!! par Christelle

Je suis auxiliaire de puériculture en crèche depuis 15 ans, mes pratiques professionnelles ont évolué, grâce aux nouvelles études qui ont pu être faites sur les enfants, mettant toujours en avant le bien être, l’écoute, les neurosciences, les émotions, la bienveillance, la communication…

À contrario, mes conditions de travail ne s’améliorent pas, même se dégradent… j’ai envie d’être la plus professionnelle, de pouvoir mettre tout ce que je lis, j’entends en conférence en pratique. Mais je n’en ai pas les moyens… avec le rapport des 1000 jours, j’ai eu une lueur d’espoir en pensant qu’enfin on serait reconnu, entendu, et qu’on pourrait s’occuper des enfants avec toute la bienveillance et le respect auxquels ils avaient droit… mais non! Donc je vais continuer à travailler dans un service de 20 bébés moyens (de 2 mois et demi à 18 mois) à me retrouver seule du temps de midi pendant que ma collègue est en pause repas, et que l’autre fait un soin dans la salle de bain… régulièrement on se retrouve à être seule avec une dizaine d’enfants, et par moment en donnant un repas…
Quand un enfant se fait mal, on interrompt le repas, 3, 4 fois… pour réconforter celui qui s’est fait mal… j’ai fini à plusieurs reprises en pleurs en donnant un biberon, seule dans la pièce pendant 2 ou 3 minutes interminables, en entendant qu’un enfant se réveillait dans le dortoir et que je pouvais pas le lever, à prendre le risque qu’il réveille le dortoir entier (ce qu’il s’est passé…) et quand ma directrice me répond que c’est la collectivité… qu’on était en nombre parce que ma collègue qui mange est compté auprès des enfants… je suis partie en pleurant, avec l’impression d’être une mauvaise professionnelle, d’être complètement lâchée par ma hiérarchie, qui est résignée, mais en ayant aussi conscience que je ne pouvais pas faire mieux…
Dans le service des plus grands, les agents n’étant que 3 pour 18, à la sieste du temps de midi, une part de la crèche est en coupé, l’autre part manger sur place et la dernière se retrouve seule avec les 18… certes ils dorment tous à ce moment là, mais si un se réveille, veut aller au toilette, est malade…  comment faire? Prendre le risque de laisser les 17 autres seuls? On nous répond de téléphoner aux autres services ou en salle de pause… mais les enfants restent du coup seuls le temps de trouver une solution… limite j’ai envie qu’il se passe un problème pour que ça mette en évidence les aberrations de tout ça… j’aime tellement mon métier mais j’ai juste envie d’abandonner tout ça… et ça va s’empirer encore avec la réforme… ça va juste décourager les bonnes professionnelles…