Éducatrice de jeunes enfants depuis 10 ans dans la même crèche, j’ai voué ma vie professionnelle à construire un projet pédagogique, offrir un cadre sécurisant à mon équipe et gagner la confiance des familles!
Depuis quelques années, ça se détériorait car notre gestionnaire manquait cruellement d’humanité et dans le milieu dans lequel nous travaillons l’empathie, l’écoute et la reconnaissance sont indispensables pour avancer et réussir à s’occuper comme il se doit des enfants, des parents mais aussi pour s’épanouir en tant que professionnelle. Nous n’avions pas cela.
Après bataille, on n’a rien lâché et nous avons défendu nos droits et nos valeurs = changement de gestionnaire.
Mais la suite n’a pas été mieux : il y a 6 mois, une entreprise de crèche nous a repris… car nous pensions connaître l’enfer déjà, mais ce n’était rien encore. Ce nouveau gestionnaire : nous faisait vivre un enfer. Des uniformes, un projet pédagogique de 50 pages tel le mémoire que nous avons mis tant de temps et de passion à réaliser pendant notre formation. Un projet évidement qu’il faut suivre à la lettre alors que notre essence, notre identité est ancrée depuis 10 ans, du matériel bureautique, j’en passe et des meilleurs… mais rien en ce qui concerne la valeur même d’un bon travail = considérer que les professionnelles de cette crèche sont des humaines !! Pas de remplacements, pas d’écoute, des formations de notre directrice des fois 4 fois par semaine, nous n’avons plus le temps de faire des réunions d’équipe depuis longtemps etc…
Avec l’historique de notre crèche et notre vécu nous avions déjà perdu le goût de notre métier, J’AVAIS perdu goût à mon métier. Moi qui ai fait ce métier par vocation, à qui j’ai donné toute mon énergie pendant 10 ans, grâce à l’équipe une belle réputation s’était créée, grâce à l’équipe les familles étaient comblées. Mais nous, nous continuons à être perdues … oubliées.
Tenir bon pour son équipe, pour les enfants qui font la joie de nos quotidiens, pour les familles qui nous complimentent souvent.
Mais, aujourd’hui, je n’en peux plus. L’oubli de la petite enfance de nos jours me pèse, appartenir à un groupe qui prône le brassage de l’argent et que les familles soient des « clients », je ne peux plus. Accepter encore et encore des enfants mais ne pas engager plus de personnel ce n’est pas possible. Arrêtons avec ça!! Il faut dire stop.
Je suis tenace et toujours à positiver, je considère avoir une éthique professionnelle en béton mais aujourd’hui c’est fini je m’arrête. Quand les enfants ont commencé à eux le ressentir, quand on commence à en vouloir à un enfant de pleurer toute la journée ou qu’il ne dort pas… Ce n’est pas possible, ce n’est pas leur faute. Nous nous devons d’exercer ce métier dans les bonnes conditions. Être en nombre et pas 3 pour 15 bébés à nourrir : ah oui, ce sont les chiffres mais au moment des repas ça ne peut pas se passer comme ça, remplacer les collègues en arrêt, mais ne pas attendre que son équipe enchaîne les arrêts. L’absentéisme est signe d’une motivation en berne !
Souhaitons que l’on soit entendu mais ne continuons pas à « maltraiter » les enfants de la sorte! En tant qu’éducatrice de jeunes enfants je me dois de dire stop à cela.