Je suis celle qui pleure une fois qu’ils sont tous endormis par AP-en-Détresse

Auxiliaire de puériculture en crèche municipale depuis 10 ans, j’ai commencé ce métier par vocation, avec toute la bienveillance qui me caractérise, avec toutes les compétences requises, et aujourd’hui je suis celle qui pleure dans la chambre une fois qu’ils sont tous endormis. Je suis celle qui se sent seule et démunie face à un groupe d’enfants trop nombreux. Je suis celle qui devient méchante en leur hurlant dessus. Je suis angoissée, je me sens oppressée.
Aujourd’hui j’en viens à détester ce métier que j’adorais tant.
Actuellement en multi-sections, nous sommes tous réunis, des bébés jusqu’aux plus grands, dans la même pièce de jeux.
La politique du trop plein est bien mise en place, les lits ne doivent jamais être vides, on rajoute même des matelas au sol, quitte à encombrer les chambres, tant pis.
Tant pis pour l’évacuation en cas d’incendie, on marchera sur certains pour en sauver d’autres.
Tant pis si tout le monde est entassé aussi dans le coin repas.
Tant pis pour ces enfants de plus en plus énervés et tant pis pour les tout petits bébés qui doivent faire avec tout ce bruit.
Heureusement, le jardin est grand… quand il ne pleut pas.
Heureusement, les parents restent confiants, même si quelques remarques sont lâchées parfois…  » Ils sont plus nombreux que d’habitudes aujourd’hui, non ?  » ;  » Comment ça se passe pour mon petit garçon dans la journée ? Car quand je l’amène je trouve que certains autres enfants sont oppressants « .
Mais bien souvent les parents ne se rendent pas compte que lorsque mes collègues sont absentes, elles sont trop rarement remplacées et qu’on en vient même à culpabiliser quand on pose un congé.
J’avais beaucoup d’espoir que les choses s’arrangent en lisant le rapport des 1000 premiers jours. Je pensais naïvement qu’on allait prendre soin de la petite enfance…

Quelle déception.