Entreprise familiale qu’ils disaient… par Zora

Diplômée EJE en 2013, j’ai été embauchée très rapidement dans une entreprise de crèche. Des locaux tout neufs, une charte de qualité, des produits écologiques, un journal à destination des familles mettant en valeur notre travail, des projets en veux tu en voilà. Sur le papier.
Car finalement pour moi, le seul projet à été de tenir bon. J’ai rapidement été confronté au manque de personnel. Jeune et pleine de bonne volonté, j’ai remplacé à tour de bras. Pensant qu’il s’agissait d’un dysfonctionnement passager dans ma structure. Cette bonne volonté m’a rapidement permis d’obtenir un poste de direction dans une autre crèche du « groupe ». Elle aussi confrontée a de l’absentéisme. Mais cet absentéisme tient ces racines dans une volonté de remplissage destiné à faire toujours plus de bénéfices. En tant que directrice je subissais une pression monstrueuse du « siège » pour atteindre mes « objectifs ». On me menaçait de supprimer un poste si je ne remplissait pas suffisamment la crèche. Pour y parvenir il faut prendre des contrats en « occasionnel », des enfants qui ne viennent que quelques heures par semaine. Il me fallait aussi régulièrement être hors la loi et accueillir plus d’enfants que ce que la PMI m’autorisait. Sur le terrain mes collègue souffraient, elles devaient tout mettre en œuvrer pour conjuguer accueil des familles à n’importe quelle heure de la journée, bien-être des enfants, adaptations des nouveaux , changes, activités, gestions des émotions des enfants, service du repas, nettoyage, mais aussi mettre en route les machines, changer les draps, désinfecter les jouets, ranger…
Quelle place pour l’accompagnement de l’enfant, quelle place pour veiller à son épanouissement dans cette logique de remplissage ? Comment faire lorsque l’on est 3 pour 20 enfants par section et que les arrêts maladie ne sont JAMAIS remplacés.
L’annonce parlait d’une entreprise familiale, de la poudre au yeux oui. La famille n’a d’intérêt pour eux que parce qu’elle génère des profits.
C’es une machine à broyer les professionnelles et à mettre en difficulté les enfants.
Rappelons également que ces entreprises ne tiendrait pas trois mois sans l’argent de la CAF et le crédit d’impôt aux entreprises.
J’ai tenu 4 ans avec une pression monstrueuse, des journées de 12h, une équipe de 10 personnes à gérer avec 1700 euros net à la fin du mois.
J’ai cru pouvoir faire évoluer les choses. Quelle naïveté!