JE CRAQUE AUSSI ! par Fasol

JE CRAQUE AUSSI ! Après avoir travaillé 17 ans en crèche collective municipale avec des unités de 20 à 23 enfants accueillis par jour (=capacité d’accueil et non total d’inscrits, de 22 à 26 enfants !),et encore… on n’est pas encore en PSU 2(paiement à l’heure)!  Cela fait 4, 5 ans que je n’y crois plus ou presque !  J’osais espérer encore…une prise de conscience collective et politique pour le bien nos enfants, notre avenir… avec cette commission des 1000 premiers jours qui devait donner une valeur juridique à la  Charte nationale pour l’accueil du jeune enfant (dix grands principes pour grandir en toute confiance) de 2017 ! Passionnée, motivée, toujours prête à me remettre en cause, je me suis adaptée, avec enthousiasme aux dives changements (passages en âges mélangés, organisations, espaces, matériels, PSU1…), aux diverses évolutions (formation à la pédagogie interactive, positionnement de l’adulte…). Tout cela, dans l’espoir d’améliorer la prise en charge des enfants et de leur famille ! Tout ce qu’on y a gagné, c’est moins d’individuel , un travail de plus en plus à la chaîne… Et par conséquence, une dégradation des conditions de travail, prise entre les besoins des enfants, les exigences des parents, les contraintes du collectif… Je n’y arrive plus !!! Je ne crois plus en ce que je raconte aux parents lors de « l’adaptation », même si je me surprends à être contente d’aller à la rencontre d’une nouvelle famille ! Quand on dit une fois dans une journée, à un enfant  » tu n’es pas tout seul à la crèche » (attention, raccourci, façon de parler, je ne veux choquer personne ! ) c’est de l’éducation ! Par contre, quand on le répète plusieurs fois par jour, c’est qu’il y a un problème, d’autant plus incompréhensible pour le tout petit dans notre société où l’ adulte, aussi, est centré sur lui-même !  Alors, la solution, il n’y en a qu’une: diminuer le nombre d’enfants par unité et par professionnel !  Je n’ai plus… enfin… je NE VEUX PLUS me sentir coupable vis-à-vis d’un enfant, d’un parent, d’un collègue, de la direction… quand j’ai le sentiment de n’avoir pas fait correctement mon travail !  Je ne veux plus devoir me remettre en cause…  J’en ai marre de devoir me sacrifier pour pallier aux problèmes de surnombre d’enfants, de locaux trop petits… etc Je donne le meilleur de moi même mais cela n’est pas encore assez ! Je suis épuisée surtout par tous ces espoirs déçus des politiques et ce sentiment d’impuissance à faire reconnaître l’importance du monde, invisible, de la petite enfance !