Ex EJE par Nanie

Auxiliaire de puériculture pendant 26 ans puis Eje pendant 10 ans, j’ai vu les conditions d’accueil des enfants et nos conditions de travail se dégrader au fil des ans.
La PSU et ses chiffres, taux d’occupation, puis l’arrivée plein boom du privé aux dents longues, remplissage, absence de remplacements, difficultés à partir en formation, décret Morano, moins de diplômés, plus d’enfant accueil en surnombre pour toujours atteindre les meilleurs taux de remplissage…
Des équipes fatiguées, des directrices qui craquent, de la maltraitance même, j’ai tout essayé, public, privé d’entreprise, associatif…
J’ai été de toutes les manifs depuis le début de pas de bébé à la consigne. J’espérais que l’on nous entende, comprenne, reconnaisse, respecte…
J’ai pensé qu’en devenant EJE j’aurai plus de moyen pour agir, rester dans mes valeurs, plus de possibilité de faire entendre mes aspirations et celles de l’équipe. J’ai essayé et m’y suis abîmée parce que le travail de direction est fou, on ne peut tout faire déjà avec une équipe au complet, plannings, commandes, budget, sécurité, éléments de paie, rapports d’activité, stats, dossiers des familles, inscriptions, stagiaires, diététique, réunions, partenariats, écoute des parents, de l’équipe, être suffisamment présente pour s’assurer que tout baigne au quotidien, garder la porte ouverte pour ressentir l’ambiance, les cris des enfants, pourquoi, revoir l’organisation, la prise en charge des moments forts, ressentir la fatigue ou le craquage de l’équipe, pourquoi, leur assurer des temps de réunion, de supervision, de formation, insuffler la dynamique, soutenir les projets, les défendre financièrement…. Et j’en oublie… Et je m’oublie…
Alors, quand il y a des absences non remplacées pour faire des économies, on prend du retard parce qu’on est sur le terrain avec son équipe et que tout prend du retard et que personne ne peut vous aider, que vos gestionnaires vous disent que l’équipe peut bien faire sans vous…
Et que surtout on ne peut pas prendre moins d’enfants, PSU oblige…
Et que pour les travaux on verra plus tard, et que pour les augmentations du personnel, ce ne sera pas possible cette année…
Alors épuisée, vidée, dépitée je quitte le métier pour me retrouver, retrouver mes valeurs, ne pas sombrer…
Je fuis, peut-être, mais quand ça fait mal il faut se sauver.