Ce n’est pas parce que les bébés ne parlent que les professionnels doivent se taire par Winni pote

Mais pourquoi protester ? Pourquoi résister ?

Plutôt que de maugréer dans son coin, d’être en désaccord et pour autant continuer de subir sans rien dire, en serrant les dents, il est préférable de faire entendre sa voix, de la joindre à d’autres pour mieux être écouter.

Le projet TAQUET n’est que l’évolution de la dégradation de la petite enfance qui coure depuis des années. C’est le démantèlement d’acquis, la déréglementation de statuts qui protègent et assurent un minimum de qualité d’accueil.

Car les équipes sont déjà en souffrance.

Épuisée, pressurisée, mal considérée : la petite enfance souffre en silence depuis longtemps. Leurs effectifs sont réduits au minimum, plus de temps pour penser, se détacher, faire le travail de qualité et passionné pour lequel elles se sont engagées.

Les directions sont aussi en grande difficulté.
Tiraillées, sommées d’injonctions qui lui font perdre la tête et le sens de leurs actions, quand on ne leur demande pas d’aller dans l’illégalité.

Car la réalité d’une structure d’un grand gestionnaire privé c’est aussi ça :
Le surbooking, c’est tous les jours qu’il faut l’atteindre, coute que coute. Et si ces objectifs ne sont pas atteints, c’est le budget de la crèche qui est réduit, mois après mois.

Le chômage partiel sert à mettre en stand-by des professionnels que nous aurions en « trop » selon les périodes, notamment les vacances scolaires. Ce n’est donc pas lié à la COVID mais c’est bel et bien du détournement d’argent public.

Un sermon de serrage de ceinture psalmodié depuis septembre 2020 alors que l’arrêt des structures a permis aussi aux gestionnaires de belles économies : pas de frais de fonctionnement, des places vides certes mais fiancés par la CAF, et surtout ce chômage partiel qui évitait de mettre la main au porte-monnaie…

Ces économies sur la masse salariale qui continuent : des postes non-remplacés pour coller au mieux aux effectifs enfants en oubliant les réunions, les détachements, l’amplitude horaire des contrats familles, la fatigue, le burn-out. Vision déshumanisée, nonobstant la sécurité des enfants et du bien-être des équipes.

Et un manque de considération pour les collaborateurs, pour ceux qui sont réellement impliqués, engagés, passionnés, pour leur préférer des gestionnaires modèles et des pilotes/contrôleurs économiques

Cela va-t-il durer longtemps ?
Allons-nous continuer d’accepter sans sourciller ?
Jusqu’à ce que nos équipes s’écroulent ?

La logique économique court termite qui semble sous-tendre cette réforme et agit déjà dans les structures essore les équipes et joue sur le bien être des professionnels, le respect des individus, la confiance entre collaborateurs et la sécurité des enfants.

Plutôt que de miser sur l’humain, la valorisation, la fidélisation, on sépare, désunit, réduit.
Il en va de même dans tout le médico-social : mais ce n’est pas ce qu’est mouvement générale qu’on ne peut rien faire.

On peut dire non. De manière justifiée. Et surtout concertée.

Les journées de grèves et ces témoignages doivent sous-tendre une réflexion plus profonde et action collective et impérative.