Quantité sans qualité par audreychocolat

Bonjour,
Je travaille depuis 1999 dans les EAJE. 16 ans en multi-accueil publique et 6 ans bientôt en micro-crèches privées. Je suis EJE, j’ai débuté à 100% sur le terrain et suis à présent directrice de 4 micro-crèches. Je suis tellement horrifiée de voir le domaine de la petite enfance se dégrader de plus en plus… Publique ou privé, le mot d’ordre est le rendement : faire garder le plus d’enfants possible par le moins de personnel possible… Augmenter la quantité et diminuer la qualité… Devoir se donner à 400% pour permettre aux enfants de moins souffrir. Souffrir par le manque de disponibilité pour les câlins et l’écoute envers l’enfant.
Souffrir pour le manque de temps à échanger avec l’enfant.
Souffrir à devoir laisser les enfants seuls dans les dortoirs, les entendre pleurer et ne pas pouvoir y aller.
Souffrir à devoir enchaîner les repas et les changes.
Souffrir à se sentir débordée chaque jour, du début de la prise de poste jusqu’à la fin.
Souffrir de devoir choisir entre plusieurs enfants ayant besoins de l’adulte au même moment.
Souffrir de devoir subir les nuisances sonores dues au grand nombre d’enfants accueillis.
Souffrir de ne pas se sentir reconnu pour la charge mentale et physique que nous subissons tous les jours (c’est tellement facile de s’occuper d’enfants en bas âge…de quoi pouvons-nous bien nous plaindre ?).
Mais fort heureusement, beaucoup de professionnelles passionnées trouvent encore la force de sourire, de chanter, de câliner, d’envelopper de douceur.
J’ai peur de ce que les nouvelles générations de professionnelles de la petite enfance vont devoir combattre et subir…
Je trouve tellement aberrant et hallucinant qu’aucune personne « au pouvoir » ne comprenne que les Hommes de demain sont ces petits poussins fragiles… La petite enfance est un domaine à choyer, à protéger, à valoriser, à accompagner… Il y aurait tant de choses à dire !