6 ans de petite enfance, 6 ans d’épuisement par Kidsarefutur

6 ans de crèche, 6 ans d’épuisement, de travail à la chaîne, de cris, de doutes, de remises en questions, de larmes, d’idée noires, de responsabilités irréelles. 6 ans à comparer notre cher pays et ce qu’il propose en matière de petite enfance, 6 ans à rêver de partir à l’étranger pour exercer ce métier qui finalement, me dégoute.
Crèches associatives, gérées par la CAF, privée, DSP, municipale, micro crèche. J’ai tout fait.
Et à chaque fois le même constat. L’argent. L’enfant est un porte feuille qu’il faut remplir, le plus inhumainement possible.
Pas plus de 2 couches par jour sauf si selle. Peser la couche avec urine  pour montrer qu’on ne doit la changer uniquement quand elle est au bord du craquage. Pas de gants en latex sauf si selle liquide. Économiser au maximum.
Donner du lait en poudre périmé ou pire, faisant partit des lots contaminés à la salmonelle durant le scandale Lactalia.
Des cadres semblables à des tyrans, insultes, harcèlement moral et j’en passe.
Des enfants de 18 mois dans des sections à 38 degrés, faisant malaises sur malaises et saignements de nez, interdiction de dire quoi que soit aux parents. Le sol était tellement chaud qu’ils se brûlaient les pieds.
Appels à la pmi incessants, mais rien n’a été fait.
À 3 pour 25 grands.  Me diriez vous c’est légal, mais seules les pros savent que c’est invivable.
Un enfant défiguré et obligé de subir une chirurgie reconstructrice à cause  des morsures faites par un enfant, sans adulte pour arrêter le geste, la pauvre AP était toute seule pour 25 moyens.
Des cadres qui nous disent « vous avez 10 bébés à gérer, vous êtes toute seule ? Oh mais vous êtes hyperactive, vous devriez vous en sortir »
Donner des biberons avec un coude, une cuisse et deux mains. Priver l’enfant de sommeil car on ne peux pas aller le coucher et laisser les autres enfants seuls.
Journée à rallonge, manque de personnel, quand il y a embauche de personnel, malheureusement la plupart sont incompétentes et préfèrent délaisser le terrain.
Les repas systématiquement commandés bien en dessous du nombre d’enfant, pareil pour le lait, les couches et tout les produits ménagers.
Les cadres encaissent des primes sur les moindres économies, pendant que nous payons les boîtes de lait et les couches de notre argent personnel et gagnons pour la plupart à peine plus que le SMIC.
Cacher la vérité, camoufler, subir le stress, le remplissage.
Encore et toujours la même question : Où est le bien être de l’enfant ?
Pas le temps de faire d’activité, pas le temps de se soucier de son bien être psycho affectif.
Avec le covid on atteint des sommets, mentir sur les cas positifs afin de ne pas fermer de crèches et ne pas perdre d’argent.
Plusieurs cas avec variants et menace des cadres de rompre les CDD et « dégager » tout le monde si on ne vient pas travailler.
Venir travailler même en rampant, malade ou non, pour ne pas laisser tomber les collègues. Changement de planning tous les jours, changement d’horaire le matin même ou dans la nuit, difficile d’avoir une vie privée à côté.
J’ai toujours rêvé de travailler dans ce milieu, moi le bébé prématuré née à 24 SA et qui a entendu depuis sa naissance parler de toute ces si belles professions liées à l’enfant.
Mais je n’y arrive plus, entamer des démarches de reconversion professionnelle a été difficile mais c’était finalement vital.